Les refuges de la SPA proches de la saturation en ce début d'année

25 janvier 2022 à 7h16 par Alexandrine Douet

L'association titre la sonnette d'alarme : plus de 7000 animaux se trouvent actuellement dans les 62 sites de l'association.

Plus de 7000 animaux sont actuellement accueillis dans les 62 sites de la SPA en France
La SPA compte 62 sites répartis dans toute la France
Crédit : la-spa.fr

La SPA a enregistré un triste record avec 2021 avec plus de 45.000 animaux recueillis dans ses différentes structures. Un niveau identique à l'avant crise sanitaire en 2019. Et même si plus de 40.000 animaux ont trouvé un nouveau foyer l'an passé, depuis début janvier, les refuges ont du mal à accueillir de nouveaux pensionnaires. Les candidats à l'adoption étant rares.  Point de situation avec Valérie Pornet, responsable du refuge de La Roche-sur-Yon.

En quoi consiste votre travail ?

Notre travail, c’est d’encadrer des équipes au niveau salariés et bénévoles, accueillir les animaux dans un refuge et faire en sorte qu’on leur retrouve de nouvelles familles.

Combien êtes-vous au sein de l’antenne de La Roche-sur-Yon ?

Au niveau des salariés, moi compris, nous sommes sept. Et au niveau des bénévoles, nous en avons une quarantaine.

Est-ce qu’il y a des spécificités selon les refuges partout en France ?

Nous, ce sont plus les chiens et les chats que nous recueillons. Nous avons les locaux pour pouvoir accueillir, en fait.

La SPA vient de dresser un bilan pour 2021. Le côté positif, plus de 40.000 animaux ont trouvé une famille sur l’ensemble du pays. Mais il y a un "mais", la plupart des refuges sont proches de la saturation. Comment ça se passe chez vous ?

Nous, on est saturé au niveau des chiens. Au niveau des chats, nous avons encore des possibilités de places mais nous savons très bien que nous allons avoir le rush qui va bientôt arriver, car c’est la période où les chattes vont être pleines et bientôt mettront bas. En général en mars, ce sont déjà les premières naissances, et donc après, on doit pousser les murs, on entasse et on essaye de trouver, en fait, des familles relais en complément sur le site pour nous aider à accueillir chez eux directement des petits pensionnaires, ces familles relais permettent ensuite d’en accueillir encore plus. On prend tout en charge au niveau de la SPA, mais nous, ça nous aide et ces chatons sont dans de meilleures conditions que dans une vie de refuge. Forcément, ils ont plus d’attention et c’est encore mieux pour eux et pour leur équilibre.

Comment se fait-il, qu’aujourd’hui en 2022, les gens ne stérilisent pas leurs animaux ?

C’est notre incompréhension à tous ! On se bat continuellement pour essayer de rendre cette compréhension et cette sensibilisation aux gens, que dès qu’on a un chat, s’il est stérilisé, ce sera une grande solution pour tous les autres chats, en fait. Une grande aide pour éviter qu’il y ait autant de prolifération.

Le président de la SPA a déclaré : « Le premier réflexe pour l’acquisition d’un animal de compagnie devrait être l’adoption en refuge. ». Vous souscrivez à 100% à ça ?

Oui, tout à fait. Notre rôle premier, ce sont justement les adoptions responsables. Prendre le temps de discuter avec les familles et pouvoir estimer quels sont les animaux qui vont correspondre à leur mode de vie.

On constate aussi une hausse des abandons de NAC (NDLR : une progression de 56% en 2021), ce sont les nouveaux animaux de compagnie. Les NAC, ça comprend quels animaux précisément ? 

Souvent les petits rongeurs, les lapins, les gerbilles, les hamsters… Il y en a tout plein, en fait. Et, c’est vrai que ces nouveaux animaux de compagnie, il y a quand même une inflation qui est faite au niveau national sur leur arrivée. Nous ici, nous n’avons pas un grand site et pas beaucoup de locaux pour se permettre d’en accueillir, mais déjà, nous avons quadruplé notre entrée d’animaux sur l’année 2021. Donc, ça veut bien dire qu’il y a un impact plus important encore par rapport aussi à ces petits animaux.

Pourquoi une progression des abandons de ces animaux en particulier ?

Peut-être que les personnes ne se rendent pas compte de l'engagement que représente ce petit animal. Le NAC, malheureusement, il est souvent oublié un petit peu dans une cage, les enfants l’ignorent et les parents n’ont pas envie d’avoir cette charge pour eux. Ça se transforme souvent en abandon car il n’y a pas de réelle conscience de ce qu’est l’engagement pour les NAC. Heureusement que certains sont sensibles et qu’on arrive derrière à les replacer aussi.

La SPA milite pour que ces nouveaux animaux de compagnie ne soient plus vendus en animalerie d’ici deux ans. Vous confirmez ?

Oui, pour éviter justement cette « impulsion » un petit peu de l’envie d’avoir un animal mais sans forcément réfléchir à toute la vie derrière, en fait.

Le rôle de la SPA, c’est bien-sûr aussi le sauvetage d’animaux maltraités avec encore beaucoup trop de cas de maltraitances, notamment l’an dernier. Comment ça se passe, en fait ? Ce sont des voisins de propriétaires qui font les signalements ?

Souvent, ce sont des signalements anonymes que nous recevons directement sur une plateforme de signalements d’enquêtes. Et après, c’est notre service des enquêtes qui redispatche selon les lieux des signalements aux différents sites pour qu’on puisse envoyer nos bénévoles délégués enquêteurs pour voir si la situation est avérée ou pas et si on peut faire évoluer les conditions.

Est-ce que vous avez des cas précis pour vous du côté du refuge de La Roche-sur-Yon ?

Nous avons traité plus de 150 signalements sur l’année 2021. Souvent, nous nous déplaçons pour des animaux qui sont oubliés dans des jardins, qui ne vivent qu’à l'attache ou dans un enclos qui est sale, qui ne sortent jamais, qui vivent que dans leurs crottes, qui ont tout juste à manger et à boire… Voilà, ces conditions-là sont répétitives, malheureusement.

Il y a différentes campagnes médiatiques de la SPA pour sensibiliser le grand public, et puis, il y a aussi des actions sur le terrain. C’est votre cas aussi ?

Alors, les actions sur le terrain, nous avons justement un club jeune sur le refuge de La Roche-sur-Yon qui nous permet de pouvoir passer déjà le message en tant que protecteurs auprès des plus jeunes pour qu’eux aussi soient sensibles et puissent continuer dans le bon sens avec la vision protectrice de la SPA.

C’est important de le rappeler ?

Oui, et puis en même temps, par rapport à la stérilisation, ils voient bien chaque été qu’on ne sait plus où mettre de chats, qu’on est en surpopulation, et donc, ils se rendent tout à fait compte qu’avoir un chat, déjà la première base, c’est la stérilisation. Donc, si déjà nos jeunes sont touchés par ça, ils peuvent en parler autour d’eux et ce sont des gens en plus qui seront touchés par ça.

En décembre dernier, la SPA a lancé un nouveau site internet. En quoi est-ce que ce site est nouveau ?

Le site est nouveau sur sa façon de présenter les choses. La première chose, c’est quand on veut adopter, d’abord, il y a plusieurs explications sur le fait de l’adoption responsable, de pouvoir se rendre compte de ce que c’est qu’avoir un engagement pour acquérir un nouvel animal, se projeter dans l’avenir et pas que sur l’action de vouloir adopter. Ensuite, les gens peuvent accéder aux animaux de chaque refuge pour pouvoir éventuellement sélectionner un animal ou plusieurs animaux pour pouvoir faire une comparaison, c’est quelque chose qui n’était pas possible avec l’ancien site. Donc, le site s’est modernisé pour essayer d’apporter un plus aussi de vision par rapport à nos pensionnaires sur le refuge.

Voir un petit peu les profils… Par exemple, si on a un tout petit jardin, ce n’est peut-être pas une bonne idée d’adopter un grand chien ?

Non, c’est vraiment le tempérament de l’animal qui compte. En fait, ce n’est pas la taille, vous pouvez avoir un grand chien qui sera plutôt casanier, qui préférera son petit confort de couchage et qui pourrait très bien être en appartement. Et, vous pouvez avoir un grand chien qui est très sportif, très jeune, et qui lui, s’il n’a pas d’exercices sportifs à côté, la vie en appartement sera forcément plus dure à supporter. Donc, tout est vraiment relatif, pas par rapport à la race du chien, mais surtout par rapport à son âge et son tempérament, c’est ce qui fait qu’après on juge si l’animal peut aller en appartement ou pas, vivre avec des enfants ou pas, avec d’autres animaux ou pas… Toutes ces choses-là, on essaye de le savoir en amont pour faire une meilleure adoption derrière.

A l’inverse, c’est la même chose pour ceux qui souhaitent abandonner leur animal, malheureusement. C’est-à-dire que ça les invite à se poser les bonnes questions ?

Oui, quand les personnes veulent abandonner un animal, on essaye de savoir si vraiment la personne ne veut plus du tout de son animal ou si elle a besoin juste d’informations et qu’on l’aide, en fait, à juste reprendre un petit peu conscience de ce dont l’animal peut avoir besoin. Parfois, les personnes gardent l’animal et arrivent à résoudre le problème et sont ravis.

Avez-vous remarqué des personnes qui ont adopté des animaux durant les confinements, et qui depuis, ayant moins de temps sont venus abandonner leurs animaux ?

Non, ça ne s’est quand même pas trop révélé. Comme, justement, on sensibilise beaucoup, sur la proportion, nous n’avons eu qu’un seul cas d’abandon après adoption pendant un confinement. On a su que les gens s’étaient procuré un jeune chien, et puis qu’après, ils ont repris leurs activités et n’ont pas pu le garder. Ce n’était pas un chien qui venait d’un refuge, c’était malheureusement une pulsion sur l’instant, d’une envie de pouvoir avoir son animal pour sortir de chez eux, en fait.

Il y a peut-être eu aussi un effet positif du confinement? Des gens qui ont adopté pendant cette période et qui, heureusement, ont gardé l'animal depuis...

Oui, tout à fait. Je pense qu’il y a eu aussi cette chose qui a pu nous aider. Après, la seule chose, c’est que l’humain en cette période est un petit peu plus tendu, donc forcément, les gens sont plus nerveux, cette pandémie est beaucoup dans la tête des gens, et si on est nerveux, si on n’est pas bien, notre animal le ressent, et donc malheureusement, il y a des problèmes de comportements des animaux qui peuvent être dû à ça aussi.

Est-ce qu’il faut une formation particulière pour devenir salarié au sein d’une SPA ?

C’est une formation dans le milieu animalier et déjà effectuée, c’est préférable en fait, ça donne tout de suite une compétence supplémentaire. Mais après, la passion et le dévouement seront la priorité en tous les cas.

(Entretien retranscrit par Mikaël Le Gac)

Le site internet de la SPA : www.la-spa.fr