Limousin : les éleveurs ne veulent pas du loup

12 décembre 2021 à 19h41 par Thierry Matonnat

Le loup est bien présent dans les 3 départements du Limousin. Déjà présent en Creuse et en Haute-Vienne, un loup gris a été identifié en Corrèze samedi 4 décembre à Saint-Ybard. Comme en Haute-Vienne quelques jours plus tôt, le président de la chambre d’agriculture de Corrèze demande le classement de son département en « Zone difficilement protégeable » afin d’anticiper toute prolifération.

Un  loup gris
Un loup gris
Crédit : Wikimedia Commons - Arnet Jean-Luc

Présence avérée

C’est une certitude, le loup est désormais présent sur les terres Limousines. En septembre, un spécimen avait été filmé en Creuse à Saint-Martial-le-Mont à proximité des habitations. Le 1er décembre un spécimen a été photographié en Haute-Vienne à Champagnac-La-Rivière puis un autre le lendemain à Lagignac-Le-Long. Le 3 décembre, un constat de prédation sur des ovins a été fait sur le commune de Vayres : une prédation pour laquelle « la responsabilité du loup n’est pas écartée » selon l’Office Français de la Biodiversité (OFB). Le 7 décembre au soir, l’OFB a également été appelé pour un autre constat de prédation à Saint-Germain-les-Belles qui pourrait remonter à la nuit du 2 au 3 décembre. La préfecture de la Haute-Vienne précise dans une communiqué qu’après expertise, l’OFB confirme que la prédation est imputable au loup, et qu’il pourrait s’agir du même loup que celui qui a opéré à Vayres. Le 4 décembre, selon la préfecture de la Corrèze, un grand canidé a été observé sur le nord-ouest du département sur la commune de Saint-Ybard. Le loup avait déjà été vu sur ce département en janvier 2017 à Neuvic.

Cellule de veille

Conformément au Plan National d’Action sur le Loup, des cellules de veilles ont été activées en février 2018 en Corrèze, en septembre 2018 en Haute-Vienne et en septembre 2020 en Creuse.

Ces cellules de veille sont composées de représentants des services de l’État et de ses établissements publics, d'élus, d'agriculteurs-éleveurs, de chasseurs, de naturalistes et de professionnels de la santé animale. Ces cellules ont pour missions principales : le suivi de la présence du loup (relevés et expertises des indices, création d’un réseau d’observateurs),  l'échange d'informations portant sur les expériences acquises dans les territoires déjà colonisés qui pourraient être transposables aux systèmes d'exploitation des élevages et la diffusion d’une information transparente et objective auprès du public.

Les éleveurs veulent des tirs de défense

La Chambre d’Agriculture de la Corrèze comme celle de la Haute-Vienne ont demandé le classement en « Zone difficilement protégeable à titre dérogatoire » afin d’anticiper toute prolifération. Emilie Pons, la vice-présidente de la Chambre d’Agriculture de la Haute-Vienne est claire. « On demande des tirs de défense. Il y a eu une étude de vulnérabilité faite l’année dernière par l’Institut de l’élevage qui montre le surcoût énorme si on doit mettre les moyens de protection en place sur les exploitations. C’est 200.000 € par exploitations, c’est 20.000 € de frais de fonctionnement par an. C’est délirant, donc on ne peut pas rentrer dans ce schéma là, on ne peut pas rentrer dans le système du Plan Loup. Donc on demande à ce que le département soit reconnu en zone de non-protégeabilité et on demande à ce que les loups qui attaquent les troupeaux soient détruits pour protéger le troupeau ».

 

Emilie Pons, vice-présidente de la Chambre d'Agriculture de la Haute-Vienne
Emilie Pons, vice-présidente de la Chambre d'Agriculture de la Haute-Vienne
Crédit : Alouette | Thierry Matonnat