Loi Duplomb : 1,9 million de voix contre un pesticide bientôt tranchées

Publié : 25 juillet 2025 à 14h08 par
Laura Vergne - Journaliste reporter

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Et si une pétition record pouvait faire vaciller une loi votée ?

ALOUETTE
Le Conseil Constitutionnel à Paris
Crédit : Capture d'écran Google Maps / Street View

Le Conseil constitutionnel rendra sa décision le 7 août sur la loi Duplomb, adoptée malgré une pétition signée par plus de 1,9 million de citoyens. Le texte autorise, sous conditions, le retour d’un pesticide interdit. L’enjeu : santé publique et droit à l’environnement.

« La Loi Duplomb représente une attaque frontale contre la santé publique, » c’est par ces mots que Louna, étudiante en Gironde, a lancé sa pétition contre le retour de l’acétamipride. Elle ne s’attendait pas à un tel raz-de-marée. Le 10 juillet, la barre symbolique du million de signatures est doublée. Mais la loi, elle, est déjà votée.

Le 7 août prochain, les Sages du Conseil constitutionnel trancheront sur la loi Duplomb, adoptée le 8 juillet, a annoncé l'institution ce vendredi 25 juillet à l'AFP. Elle prévoit notamment la réintroduction encadrée de l’acétamipride, un pesticide controversé.

 

 

Un pesticide interdit qui revient par la petite porte

L’acétamipride fait partie de la famille des néonicotinoïdes, interdits en France depuis 2018 pour leur toxicité sur les abeilles et les écosystèmes. Mais quelques producteurs de betteraves ou de noisettes réclament son retour, dénonçant une concurrence déloyale avec les pays qui l’utilisent encore.

La loi portée par le sénateur LR Laurent Duplomb répond à cette pression agricole. Mais elle bouscule un interdit environnemental majeur, selon ses opposants.

 

 

1,9 million de voix ignorées ?

C’est un record absolu pour une pétition sur le site de l’Assemblée nationale. Lancée par Louna, 24 ans, la mobilisation dépasse 1,9 million de signatures en quelques jours. Elle réclame l’abrogation totale de la loi. « Cette loi est un acte dangereux », écrit-elle dans l’intitulé de la pétition.

Les requérants dénoncent aussi les conditions d’adoption du texte : aucun amendement n’a été débattu à l’Assemblée, écarté d’entrée par ses promoteurs, qui accusaient la gauche d’obstruction.

 

La loi Duplomb ne se limite pas aux pesticides. Elle prévoit aussi :

  • Un relèvement des seuils environnementaux pour les élevages intensifs,
  • Une facilitation du stockage de l’eau via des projets de méga-bassines.

Si le Conseil constitutionnel valide la loi, la gauche appelle Macron à une nouvelle délibération, comme le permet la Constitution. En dernier recours, une proposition d’abrogation est déjà en préparation pour la rentrée parlementaire.

Avec l'AFP