Mort d'un streamer en direct : les premières révélations de l'enquête

Publié : 20 août 2025 à 12h01 par
Joséphine Point - Journaliste - Coordinatrice des contenus web

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L'homme de 46 ans était suivi par des centaines de milliers d'internautes pour ses vidéos en direct le montrant subir des actes d'humiliation et de violences.

Streaming smartphone
Crédit : Illustration Envato - DR

Vedette depuis des mois dans des vidéos diffusées en direct le montrant se faire frapper ou humilier, Raphaël Graven, connu en ligne sous les pseudos Jean Pormanove ou JP, est mort dans la nuit de dimanche 17 à lundi 18 août, après plus de 12 jours de diffusion vidéo en direct, le montrant violenté et humilié par deux partenaires connus sous les pseudos de NarutoVie et Safine.

Une vidéo diffusée en live ce lundi 18 août sur la plateforme Kick, grande concurrente du leader mondial du streaming Twitch, et aux règles de modération plus souples, montre, selon des internautes, "JP" dans les moments juste avant son décès ou la découverte de celui-ci. Il est allongé inanimé sous une couette dans un lit, avec deux autres hommes, dont l'un, qui pourrait être Narutovie, jette une petite bouteille d'eau en plastique dans sa direction.

Clara Chappaz, ministre déléguée chargée du Numérique, a dénoncé sur le réseau X "une horreur absolue" et indiqué avoir "saisi l'Arcom et effectué un signalement sur Pharos", le service de lutte contre la violence en ligne.

Dans le cadre de l'enquête ouverte pour connaître les cirsconstances exactes de la mort de Raphaël Graven, "plusieurs auditions de personnes présentes au moment du décès ont été faites", indique le procureur dans un communiqué. Et d'ajouter qu'à ce stade, ces auditions ne permettent pas "de donner une orientation quant aux causes de celui-ci". "De nombreuses saisies de matériels et vidéos" ont été réalisées "afin notamment de préciser les faits intervenus en amont du décès et susceptibles d’avoir pu contribuer à celui-ci", a ajouté le procureur.

L’avocat du streamer Narutovie, suspecté de maltraitances, a défendu son client sur BFM TV en affirmant que "toutes ces scènes ne sont que des mises en scène issues d’un script entre Naruto et le défunt, tout simplement".

 

Une autre enquête déjà ouverte depuis plusieurs mois

L'enquête de la police judiciaire de Nice s’inscrit en parallèle de celle ouverte le 16 décembre 2024 après la diffusion d'un article de Mediapart sur de précédentes vidéos dans lesquelles "des personnes susceptibles d’être vulnérables faisaient l’objet de violences et d’humiliations parfois encouragées par des versements d'argent des spectateurs", ajoute le magistrat.

Dans le cadre de cette enquête, NarutoVie et Safine avaient été placés en garde à vue le 8 janvier 2025, et "les personnes apparaissant comme victimes des violences et humiliations entendues", poursuit-il.

 

"Faire le buzz pour gagner de l'argent"

Lors de leurs auditions en début d'année, Jean Pormanove et Coudoux "contestaient fermement être victimes de violences, indiquant que les faits s'inscrivaient dans des mises en scène visant à 'faire le buzz' pour gagner de l'argent".

Selon le magistrat, Coudoux avait déclaré gagner jusqu'à 2 000 euros par mois, Jean Pormanove évoquant "des sommes à hauteur de 6 000 euros" via "une société qu'il avait créée (et) sur la base des contrats établis avec les plateformes". "L'un et l'autre indiquaient n'avoir jamais été blessés, être totalement libres de leurs mouvements et de leurs décisions et refusaient d'être examinés par un médecin et un psychiatre", ajoute le procureur.

Ce mercredi 20 août, la plateforme Kick indique sur X que "tous les co-streamers ayant participé à cette diffusion en direct ont été bannis dans l'attente de l'enquête en cours". La plateforme, qui s'engage à "collaborer pleinement avec les autorités", affirme également entreprendre une "révision complète" de son contenu en français.

 

 

 

Avec AFP