80 km/h : vers une gestion par département

16 mai 2019 à 9h55 par Rédaction Alouette

<p>Le premier ministre, Edouard Philippe, a ouvert la voie à un assouplissement de la réglementation, laissant aux conseils départementaux la possibilité de relever la vitesse maximale autorisée.</p>

ALOUETTE

Edouard Philippe a ouvert la voie jeudi � un assouplissement par l'Assembl�e nationale de la limitation � 80 km/h sur les routes secondaires, une mesure impopulaire dont il a �t� l'initiateur et consid�r�e comme l'un des d�tonateurs de la crise des "gilets jaunes".

Les conseils d�partementaux pourront relever la vitesse maximale

La r�gle de principe demeurerait au niveau national, mais les pr�sidents de conseils d�partementaux auraient le pouvoir de relever la vitesse maximale sur certains tron�ons, quitte � en assumer les cons�quences en mati�re de s�curit� routi�re.

C'est le compromis que dessine un amendement port� par le groupe LREM, en vue de l'examen du projet de loi d'orientation sur les mobilit�s dans les prochains jours � l'Assembl�e. Et que le gouvernement est pr�t � soutenir, a dit Edouard Philippe.

"Si les pr�sidents de conseils d�partementaux souhaitent prendre leurs responsabilit�s, je n'y vois aucun inconv�nient", a d�clar� le Premier ministre jeudi sur franceinfo. En fixant toutefois une condition: que ce pouvoir des pr�sidents de d�partements soit "syst�matiquement assorti de mesures" garantissant "le plus haut niveau de s�curit� routi�re possible".

De quoi clore un d�bat �pidermique? Les 80 km/h, consid�r�s comme efficaces par la plupart des experts de la s�curit� routi�re, sont d�nonc�s comme le symbole des villes d�connect�es de la vie quotidienne des campagnes. Selon les sondages r�alis�s ces derniers mois, pr�s de huit Fran�ais sur dix sont favorables � l'abandon ou du moins � l'assouplissement de la mesure.

D�s le d�but du grand d�bat national, mi-janvier, Emmanuel Macron avait ouvert la porte � des am�nagements, disant devant des maires normands vouloir "quelque chose qui soit mieux accept� et plus intelligent".

Une incidence sur la mortalit� routi�re ?

Fort des bons r�sultats de la S�curit� routi�re en 2018 (189 morts de moins qu'en 2017), Edouard Philippe d�fend lui toujours une mesure dont il se dit "fier" et qu'il ne regrette pas. "En g�n�ral, quand je prends une d�cision je l'assume", a-t-il r�affirm� jeudi.

Lors de l'examen du projet de loi mobilit�s, le S�nat avait d�j� vot� fin mars la libert� pour les pr�sidents de conseils d�partementaux, mais aussi aux pr�fets, la libert� de d�roger aux 80 km/h, par exemple en remontant � l'ancienne limitation � 90.

En laissant la seule responsabilit� aux pr�sidents de conseil d�partemental, la majorit� mise aussi sur le fait que peu d'entre eux oseront franchir le pas, trop soucieux de ne pas assumer les accidents mortels.

"Je prends le pari qu'au premier mort on descendra tous � 80 km/h", juge le chef de file des d�put�s MoDem, Patrick Mignola.

L'association 40 millions d'automobilistes, grande adversaire des 80 km/h, a salu� jeudi un "recul" d'Edouard Philippe, "et une victoire pour nous et la s�curit� des routes".

"On revient � la m�me situation qu'avant, quand les pr�sidents de conseils d�partementaux fixaient la vitesse au cas par cas, � 70 ou 90 km/h. Sauf qu'on a ajout� ce 80 km/h stupide. �a va �tre un �norme micmac et un imbroglio pour tout le monde", a affirm� � l'AFP son d�l�gu� g�n�ral Pierre Chasseray.

"Enfin la majorit� pr�sidentielle nous �coute : Edouard Philippe contraint au d�saveu", s'est r�joui le s�nateur Les Ind�pendants de la Vienne Alain Fouch�, qui estime que les responsables locaux "connaissent mieux que quiconque le r�seau routier".

Les partisans de la limitation, eux, ont affich� leur inqui�tude. Pour Chantal Perrichon, pr�sidente de la Ligue contre la violence routi�re, "nous allons payer le prix du sang de la pseudo responsabilit� des �lus qui pr�f�rent leur mandat � la s�curit� des citoyens".

Selon la responsable associative, Emmanuel Macron a "l�ch' son Premier ministre "depuis des mois" sur la question. Le chef de l'Etat "se laisse le temps de voir les effets de sa r�forme de l'ISF mais ne va pas au bout des deux ans d'exp�rimentation des 80km/h. On aimerait qu'il attache autant d'importance � la vie des gens qu'� l'argent", a-t-elle fustig�.

D�s l'annonce de la mesure d�but 2018, Edouard Philippe s'�tait engag� � en tirer un bilan mi-2020 et � l'annuler si elle s'av�rait inefficace.

 

(avec AFP)