Angers : la mère de la petite Vanille mise en examen et écrouée

11 février 2020 à 15h36 par Arnaud Laurenti

Nathalie Stéphan a été mise en examen et placée en détention mardi pour le meurtre de sa fille Vanille dont le corps a été retrouvé dimanche dans un conteneur à vêtements à Angers.

ALOUETTE
Crédit : Archives

"Mme Stephan a été mise en examen ce jour pour meurtre sur mineur de 15 ans. Cette qualification pénale fait encourir la réclusion criminelle à perpétuité. A la suite de cette mise en examen, elle a été placée en détention provisoire", a annoncé le parquet d'Angers mardi.

Un acte prémédité

Selon le procureur de la République d'Angers Eric Bouillard, cette femme de 39 ans, qui souffre "de troubles psychologiques", a assuré en garde à vue avoir prémédité son passage à l'acte pour le jour du premier anniversaire de la fillette, le 7 février.

Nathalie Stephan était hébergée depuis un an dans le centre maternel d'Angers, un foyer pour femmes enceintes et mères isolées. Le bébé avait été confié à une famille d'accueil, mais sa mère pouvait continuer à le voir régulièrement pendant un temps donné durant la semaine.

Samedi soir, une alerte enlèvement, la première depuis mai 2019, est déclenchée pour tenter de retrouver la petite fille. Car la veille, Nathalie Stéphan n'a pas ramené Vanille à 17H30 comme convenu avec sa référente de l'Aide sociale à l'enfance (ASE).

Grâce au dispositif, largement relayé dans les médias, la mère est retrouvée dimanche matin dans un hôtel à Nantes, à une centaine de kilomètres d'Angers, sans sa fille, et placée en garde à vue. L'absence de l'enfant suscite l'inquiétude des enquêteurs.

Un mobile lié à son départ du centre maternel

Finalement, dimanche vers 18H00, l'annonce redoutée tombe : la fillette est retrouvée sans vie dans une benne à vêtements à Angers, à l'endroit indiqué par sa mère.

Selon le procureur, devant les enquêteurs, Nathalie Stephan a expliqué avoir donné à la mort à sa fille dès le vendredi avant même l'heure prévue pour le retour à l'ASE et donc avant le déclenchement de l'alerte enlèvement.

C'était la 24e fois que le dispositif était employé et la première fois qu'il n'a pas permis de retrouver l'enfant en vie.

Lundi, la mère de Vanille a révélé, selon le procureur, avoir prémédité son passage à l'acte. L'autopsie a déterminé que la petite fille est morte par "étouffement".

Le mobile du passage à l'acte "semble être lié à son départ du centre maternel, départ qui lui avait été annoncé, nous dit-elle, le 3 décembre 2019, jour où elle a décidé, par divers moyens (...) de donner à la mort à son enfant", avait déclaré lundi le procureur, qui a décrit Mme Stéphan comme une femme "en grande difficulté, sans réseau amical".

Issue d'une famille de trois enfants et de parents sourds et muets, elle avait elle-même été placée à l'ASE entre 16 et 18 ans à la suite de "problèmes familiaux", avait indiqué lundi le président du conseil départemental du Maine-et-Loire Christian Gillet.

Selon le procureur, entre cette date du 3 décembre et le 7 février, "aucun signe ne nous permettait de penser que ce passage à l'acte était envisagé par la maman, au contraire", a expliqué M. Bouillard, soulignant que les éducateurs avaient noté "une évolution positive d'une maman qui s'investissait de plus en plus dans le lien" avec son enfant.

(avec AFP)