Au large de la Bretagne, une épave romaine livre ses exceptionnels secrets

5 septembre 2015 à 9h23 par Rédaction Alouette

ALOUETTE

L'�pave d'un navire romain, naufrag� au d�but de notre �re au large de Roscoff (Finist�re), a livr� ses exceptionnels secrets, quelque 800 lingots d'�tain, � l'occasion d'une campagne de fouilles men�e depuis la mi-ao�t par des arch�ologues.

Datant d'une p�riode comprise entre le IIe et le IVe si�cle apr�s JC, selon Olivia Hulot, la responsable des fouilles, c'est seulement la seconde �pave antique jamais retrouv�e et fouill�e en Bretagne et dans tout l'arc Atlantique.

"D�couvrir une telle �pave est suffisamment rare pour que cela soit exceptionnel", d�clare � l'AFP Olivia Hulot, qui dirige en Bretagne le D�partement de recherches arch�ologiques subaquatiques et sous-marines (Drassm).

"Ca l'est d'autant plus que la cargaison du navire est �galement extr�mement rare, par sa nature, sa vari�t� et sa richesse", ajoute l'arch�ologue sous-marine.

L'�quipe scientifique pluridisciplinaire de 24 personnes qui, depuis le 18 ao�t, participait � ces fouilles � bord du navire de recherches Andr�-Malraux, a remont� quelque 800 lingots d'�tain d'un poids total de plus de 5,5 tonnes.

Plus exceptionnel encore, une partie des lingots �taient constitu�e d'un alliage d'�tain et de plomb, comme l'a r�v�l� l'analyse effectu�e sur les lieux des fouilles par une chercheuse du CNRS, selon Olivia Hulot.

D'une grande h�t�rog�n�it� de formes et de poids - entre 500 grammes et 34 kilos pour le plus lourd - ces lingots, tr�s alt�r�s par leur s�jour dans les eaux de la Manche, sont grav�s d'estampilles � base de lettres ou de symboles.

- Retrouver l'origine des lingots -

C'est l'�tude de ces signes, qui va d�sormais commencer, qui permettra d'en savoir plus sur l'origine de la cargaison.

"Nous allons chercher � d�terminer la ou les mines d'o� a �t� extrait le minerai, mais aussi les proc�d�s d'extraction et le r�seau d'approvisionnement et de diffusion dont t�moigne ce chargement", souligne Olivia Hulot.

Des petits vestiges de c�ramique, de vaisselle en �tain ou des poids de balance ont �galement �t� retrouv�s par les plongeurs.

L'�pave avait �t� d�couverte il y a 20 ans par des p�cheurs d'ormeaux, � proximit� de l'�le de Batz, mais ce n'est que cet �t� qu'une campagne de fouilles y a �t� entam�e, apr�s une expertise en mai.

La pr�c�dente �pave romaine recens�e le long des c�tes bretonnes avait �t� trouv�e en 1983 dans l'archipel des Sept-Iles, � cinq milles au large de Ploumanac'h (C�tes d'Armor).

Datant �galement d'une p�riode comprise entre le IIe et le IVe si�cle, l'�pave, dont ne subsistait ni la coque ni le mobilier, gisait par 10 m�tres de fond dans une zone de forte houle et de courants violents.

Les trois campagnes de fouilles effectu�es par le Drassm entre 1984 et 1986 avaient d�j� permis de retrouver un chargement de 270 lingots, mais de plomb cette fois, d�passant les 20 tonnes au total.

De formes grossi�res et pesant chacun entre 28 et 140 kilos, ces lingots �taient tous estampill�s. Les noms, chiffres et symboles grav�s sur ces pi�ces avaient permis de les relier � des tribus celtiques romanis�es de Grande-Bretagne, les Icenes et les Brigantes.

Premier t�moignage mat�riel de l'existence d'un commerce maritime des mati�res premi�res en Manche dans l'Antiquit�, la d�couverte de l'�pave de Ploumanac'h avait marqu� un tournant, selon l'Association pour le d�veloppement de la recherche en arch�ologie maritime (Adramar), bas�e � Saint-Malo.

"C'est � partir de cette d�couverte que l'arch�ologie sous-marine fran�aise a commenc� � se d�velopper dans l'arc Atlantique", souligne Laetitia Le Ru, arch�ologue � l'Adramar.

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(AFP)