Coronavirus : du Cambodge à la Touraine, difficile retour pour 3 humanitaires de Richelieu

9 avril 2020 à 4h00 par Bastien Bougeard

Trois humanitaires de Richelieu (Indre-et-Loire) étaient au Cambodge au moment où Emmanuel Macron a ordonné le rapatriement des Français se trouvant à l’étranger. Un rapatriement qui a été difficile.

ALOUETTE
Martial, Wilfried et Éric étaient en mission humanitaire quand le confinement a été mis en place en
Crédit : Association "Au moins un repas-AMUR"

Ils étaient partis pour une mission humanitaire de trois mois, le coronavirus l’a écourté. Éric Idier et ses deux amis sont rentrés il y a quelques jours en France après avoir été rapatriés, non sans difficultés. Il raconte.

Une mission humanitaire qui tourne court

Les trois amis étaient arrivés au Cambodge au mois de janvier. Ils y étaient encore quand la pandémie de coronavirus était en train de gagner du terrain dans le monde entier. « Par rapport à la France, le Cambodge s’est confiné beaucoup plus vite, explique Éric. Les écoles du pays ont été fermées quand 12 cas ont été recensés ». Très vite, sur place, il devient difficile de mener une vie paisible : « Les habitants se sont en fait auto-confinés. Mais en mars, quand l’Europe est devenue l’épicentre de l’épidémie, il était difficile d’entrer dans les commerces, d’accéder à certains hôtels si on était européen ». Cette peur Éric la comprend, la relativise aussi : « En France, il y a bien eu des personnes asiatiques qui ont été insultées ou agressées. Au Cambodge, je n’ai pas ressenti ça comme du racisme. C’était plus de la protection qu’autre chose ».

Un rapatriement très difficile

Le 16 mars, l’inquiétude monte encore d’un cran. Emmanuel Macron annonce alors que tous les Français se trouvant à l’étranger doivent être rapatriés. « Nous ne savions pas comment ça allait se passer » se remémore Éric. Les humanitaires prennent contact avec l’ambassade de France au Cambodge. Ils reçoivent pour consigne de s’organiser avec les vols commerciaux disponibles : « C’était un gros problème, car le trafic aérien tournait au ralenti. Les pays où les escales étaient possibles, fermaient leurs frontières les unes après les autres. Les prix des vols directs entre le Cambodge et la France avaient doublé, contre 650 euros, on voyait des tarifs allant jusqu’à 1500 euros ». Éric et ses amis ont finalement sollicité la sénatrice d’Indre-et-Loire Isabelle Raimond-Pavero pour obtenir de l’aide. Finalement, ils peuvent partir le 26 mars.

Inquiétude et énervement

Mais le retour se fait avec une peur : celle d’être infecté par le Covid-19. Au départ de l’aéroport, Éric s’est beaucoup inquiété « à l’aéroport nous étions avec d’autres ressortissants français. Les distances de sécurité n’étaient pas respectées, certains voyageurs enlevaient leurs masques ». Finalement, leur avion atterrit à Roissy. Reste un problème à régler : rallier la Touraine. « Les loueurs de voitures étaient fermés et le taxi nous aurait coûté un bras. Finalement, c’est une connaissance qui est venue nous chercher. Mais nous avons eu peur de la contaminer ». Depuis leur arrivée, les trois humanitaires se portent bien. Mais Éric est en colère quand il constate que le règlement n’est pas respecté par tout le monde : « Au Cambodge, même si on peut demander s'ils n’en font pas trop, on se demande si, par exemple, la mesure de fermer rapidement les commerces a permis au virus de moins se propager. Aujourd’hui, j’ai du mal à comprendre qu’en France, on peine à limiter par exemple le nombre de caddies dans les supermarchés ». Reste qu’une nouvelle épreuve attend Éric, il est entrepreneur dans le monde de l’événementiel et avec l’annulation de nombreux mariages, il risque de traverser de nouveaux mois difficiles.