Coronavirus : suivre des cours à distance ?

9 mars 2020 à 6h38 par Marie PIRIOU

Pour assurer la continuité pédagogique malgré les fermetures d'établissements scolaires décidés dans l'Oise, le Haut-Rhin et certains foyers du nouveau coronavirus, le ministère de l'Education a prévu des dispositifs d'enseignement à distance.

ALOUETTE
L'Education nationale met à disposition les ressources du Cned, dont la plateforme "Ma classe à la m
Crédit : Archives

Plus de 300.000 élèves sont concernés sur les 12 millions scolarisés, de la maternelle au lycée. Environ 45.000 élèves, essentiellement dans l'Oise et le Morbihan, deux des foyers de l'épidémie en France, étaient déjà concernés par les fermetures de leurs établissements. Le sont en plus, à partir d'aujourd'hui, tous les autres de l'Oise (165.000 élèves au total selon le rectorat) et 127.000 du Haut-Rhin, départements où la totalité des écoles, collèges et lycées (en plus des crèches) seront fermés pour au moins deux semaines.

Dans la zone A (académies de Besançon, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Dijon, Grenoble, Limoges, Lyon, Poitiers), la dernière à effectuer sa rentrée après les vacances d'hiver, plus d'un million d'élèves s'apprêtent à reprendre le chemin de l'école, à l'exception de ceux de la Balme-de-Sillingy, un foyer de coronavirus en Haute-Savoie où les établissements resteront fermées jusqu'au 14 mars. Selon les informations du ministère, mises à jour dimanche, les fermetures d'établissements afin "d'éviter les regroupements d'enfants et d'adolescents à qui il est difficile de faire respecter strictement les gestes barrière" ne font pas obstacle à la tenue des réunions de professeurs et des conseils de classe -- notamment de terminale, qui commencent la semaine prochaine.

Quels dispositifs prévus ?

L'Education nationale met en premier lieu à disposition les ressources du Cned (Centre national d'enseignement à distance), dont la plateforme "Ma classe à la maison" comporte deux volets. Le premier propose, de la grande section à la terminale, des exercices qui portent sur les programmes des premier et deuxième trimestres. Chaque jour, pendant un total cumulé de quelques heures fractionnées en plusieurs séances, l'élève peut réviser les notions déjà apprises. Un questionnaire permet d'adapter les exercices au niveau de chacun. Le deuxième volet est une "classe virtuelle", où le professeur peut faire cours à ses élèves par visioconférence. Les connexions sont possible par ordinateur, tablette ou téléphone.

Selon l'Education nationale, la plateforme "Ma classe à la maison" peut supporter 6 millions de connexions simultanées. Elle est déjà utilisée par environ 2.000 élèves de lycées français en Asie (principalement en Chine) depuis plusieurs semaines.

L'autre outil à disposition est baptisé ENT (Espaces numériques de travail), des intranets propres à chaque établissement, un système généralisé dans le second degré mais peu répandu dans le premier. Elèves et enseignants peuvent y échanger cours, exercices et messages.

Des solutions temporaires

"Chaque professeur décide des outils qu'il utilise" et comment il les agence, indique le ministère de l'Education nationale, l'idée étant d'alterner travail en autonomie (exercices) et travail accompagné (classe virtuelle). "Il y aura beaucoup de parties où les élèves seront en autonomie" ou, pour les plus jeunes, avec leurs parents, prévient Frédéric Marchand, secrétaire général du syndicat Unsa-Education. Le système repose évidemment sur le bon vouloir des élèves et parents, puisque les enseignants ne peuvent forcer à faire les exercices ni assister à la "classe virtuelle".

Par ailleurs, les exercices "ne permettent que de réviser", selon Francette Popineau, co-secrétaire générale et porte-parole du syndicat SNUipp-FSU (primaire). "Pour aborder des notions nouvelles, il faut un accompagnement pédagogique qu'on ne peut demander aux familles. Elles n'ont pas la compétence, la patience ou la disponibilité" ajoute-t-elle, prévenant d'un risque "d'accroître les inégalités sociales". Les enseignants doivent être formés au logiciel, et de toutes façons rien ne remplace la présence physique en classe, poursuit Mme Popineau : "C'est l'accompagnement, les interactions avec les copains, la vie d'une classe qui fait qu'on apprend."

Ces dispositifs ne peuvent donc être que provisoires. "Il ne faut pas que ça dure trop longtemps, surtout pour les classes qui ont des examens en fin d'année, qui ne peuvent se permettre de prendre trop de retard", explique Frédérique Rolet, co-secrétaire générale du Snes-FSU (secondaire). Le ministère acquiesce : "Si (les fermetures d'établissements) sont amenées à durer, il faudra réfléchir à d'autres solutions."

(Avec AFP)