Covid-19 : la Russie affirme que son vaccin est efficace à 95%

24 novembre 2020 à 11h00 par Arnaud Laurenti

La Russie a affirmé mardi que son vaccin Spoutnik V contre la maladie Covid-19, développé par le centre de recherches Gamaleïa de Moscou, était efficace à 95%. La bataille des chiffres ne fait que commencer...

ALOUETTE
Crédit : Archives

Il s'agit des résultats préliminaires obtenus sur des volontaires 42 jours après l'injection de la première dose, ont indiqué dans un communiqué ce centre, le ministère russe de la Santé et le Fonds souverain russe, impliqué dans le développement de ce vaccin. Ils n'ont cependant pas mentionné le nombre de cas utilisés pour les calculs.

La course aux chiffres ?

Lundi, un laboratoire britannique AstraZeneca, associé à l'université d'Oxford, a dit avoir développé un vaccin efficace à 70% en moyenne, voire à 90% dans certains cas. L'efficacité est de 90% pour les volontaires qui ont d'abord reçu une demi-dose, puis une dose complète un mois plus tard. Elle descend à 62% pour un autre groupe, qui a pourtant été davantage vacciné, avec deux doses complètes à un mois d'écart. Un paradoxe qui n'est qu'apparent, selon les spécialistes.

Pfizer/BioNTech se prévaut d'une efficacité de 95% : sur ses 170 malades, 8 venaient du groupe vacciné et 162 du groupe placebo.

Idem ou presque pour Moderna, avec 94,5% d'efficacité (5 malades dans le groupe vacciné, 90 dans le groupe placebo).

Pfizer a mesuré l'efficacité de son vaccin une semaine après la deuxième et dernière injection, et Moderna deux semaines après.

Lequel est le plus efficace ?

Impossible à dire pour l'heure, d'autant que tous ces résultats n'ont été annoncés que par communiqués de presse, sans publication scientifique détaillée.

Toutefois, malgré des chiffres d'efficacité apparemment plus bas, des experts estiment que le vaccin d'AstraZeneca/Oxford pourrait avoir un atout supplémentaire.

"Contrairement aux autres essais, l'équipe d'Oxford/AstraZeneca a testé tous les participants chaque semaine pour détecter les infections asymptomatiques", a commenté la Pr Eleanor Riley (Université d'Edimbourg), citée par l'organisme britannique Science Media Centre.

En effet, l'une des principales questions est de savoir si ces vaccins font barrage à la transmission du virus, en plus de réduire la sévérité de la maladie chez ceux qui les ont reçus.

"Nous avons de premières indications selon lesquelles ce vaccin pourrait réduire la transmission du virus, car une diminution des infections asymptomatiques a été observée", a indiqué l'Université d'Oxford dans un communiqué.

Toutes ces données ne sont cependant que préliminaires.

"Les différences d'efficacité se basent sur l'analyse de 100 à 200 patients sur un total de 30.000 à 50.000 volontaires pour chaque vaccin, et ces chiffres peuvent donc connaître de grosses variations par la suite", a prévenu un autre expert, le Dr Julian Tang (Université de Leicester), cité par le Science Media Centre.

Efficace, mais sur qui ?

De nombreuses autres questions restent en suspens.

D'abord, on ne sait pas pendant combien de temps ces vaccins protègent.

Ensuite, on ignore si leur action est identique chez les populations les plus à risques, à commencer par les personnes âgées. Elles sont beaucoup plus susceptibles de faire une forme grave de Covid-19, et il est donc essentiel qu'un vaccin soit efficace dans ce groupe de population.

Pfizer/BioNTech a assuré que l'efficacité de son vaccin était de "plus de 94%" pour les plus de 65 ans. Mais faute de publication dans une revue scientifique, on ne connaît pas les détails.

AstraZeneca et l'Université d'Oxford, eux, ont publié le 19 novembre des résultats dans la prestigieuse revue médicale The Lancet: ils montrent que leur vaccin provoque chez les sujets les plus âgés (plus de 56 ans) une réponse immunitaire identique à celle qu'il déclenche chez les plus jeunes (18 à 55 ans).

Cependant, ces résultats publiés ne portent pas sur la phase 3 mais sur l'étape d'avant, la phase 2: le nombre total de volontaires est beaucoup plus réduit (560 contre 23.000) et ils ne sont pas représentatifs de la population générale.

(avec AFP)