Crise sanitaire : des étudiants en BTS veulent être évalués en contrôle continu

13 avril 2021 à 8h06 par Arnaud Laurenti

Depuis plusieurs semaines, des étudiants en BTS montent au créneau pour réclamer l'annulation de leurs examens au profit du contrôle continu, en estimant que la situation sanitaire ne leur permet pas de les préparer ni de les passer dans de bonnes conditions.

ALOUETTE
Crédit : Capture écran | Twitter

Des pétitions, une page facebook, le hashtag #BTScontrôlecontinu sur Twitter et un collectif "BTS en détresse"... Ces derniers jours, ces étudiants, très en colère, ont voulu mettre la pression sur le gouvernement pour que les règles du jeu de leurs examens soient totalement revues.

Le brevet de technicien supérieur (BTS) se prépare en deux ans après le bac. L'an dernier, confinement oblige, les épreuves finales des deuxièmes années avait été annulées au profit du contrôle continu. Mais cette année, malgré l'épidémie, le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer a dit vouloir les maintenir.

Sentiment d'injustice

Une décision qui suscite "un sentiment d'injustice", explique Laure, membre du collectif "BTS en détresse". "Depuis plus d'un an, on rencontre des difficultés dans notre scolarité, avec des cours à distance, pas toujours évidents à suivre", poursuit la jeune femme de 34 ans, en reconversion, actuellement en BTS support de l'action managériale dans les Deux-Sèvres.

Les BTS peuvent se préparer au sein des lycées mais aussi de divers centres de formation ou d'écoles privées.

Or si au cours des dernières semaines, certains étudiants ont connu un enseignement "hybride", d'autres ont quasiment été privés d'enseignement en présentiel depuis mars dernier. C'est le cas de Ridwane Jaddi, membre du collectif, en BTS négociation et digitalisation de la relation client à Rochefort, en Charente-Maritime, qui, depuis un an, n'a pu retourner en cours que quelques semaines en septembre dernier.

"À cause de la crise nous avons accumulé un retard conséquent, on ne se sent pas prêts pour passer nos examens", assure-t-il.

"Zéro éliminatoire"

Dans le cadre de leurs formations, les étudiants en BTS doivent aussi valider des stages en entreprise afin d'acquérir des compétences professionnelles. Mais en contexte de crise, de nombreux élèves n'ont pu réaliser ces missions sur lesquelles porteront leurs oraux, rappellent-ils.

"Nos profs nous incitent à inventer des situations et donc à mentir lors de nos oraux !", s'alarme Ridwane Jaddi.

Si les étudiants redoutent le contenu des épreuves, ils s'inquiètent aussi des conditions de passage des examens.

"On nous demande d'aller passer nos examens en présentiel, à partir du 10 mai, dans des salles qui risquent d'être trop petites, où on ne sera pas en sécurité d'un point de vue sanitaire car trop serrés les uns par rapport aux autres, c'est inacceptable", s'agace Laure, du collectif "BTS en détresse".

D'ores et déjà, des épreuves se seraient tenues sans respect des règles sanitaires.

"Des candidats ont été obligés de se rendre à des épreuves anticipées alors qu'ils étaient cas contact, sinon ils risquaient un zéro éliminatoire", pointe Frédéric Lefret, le président de la Fédération française des écoles d'esthétique et de la parfumerie.

La vidéo du déroulement d'une épreuve d'anglais début avril à la maison des examens d'Arcueil, diffusée sur les réseaux sociaux, a aussi fait polémique. On y voit des candidats agglutinés dans des couloirs, dont certains affirmant présenter des symptômes du Covid-19.

"Dans nos écoles, nous pouvons tout à fait faire respecter un protocole sanitaire lors des travaux pratiques, ce qui n'est pas le cas lors des examens", souligne Frédéric Lefret, qui milite pour le contrôle continu.

Aucune session de rattrapage n'est encore prévue pour permettre aux étudiants positifs au Covid-19 de rattraper leurs différentes épreuves, s'inquiètent aussi des élèves.

Le mouvement national lycéen (MNL), la FCPE (parents d'élèves) et Solidaire-e-s ont réclamé la validation des BTS en contrôle continu mais aussi "l'assurance de la tenue d'une session de substitution en juin" pour les étudiants positifs au Covid-19 ou cas contact lors des épreuves initialement prévues.

(avec AFP)