Déconfinement : quelles modalités décidées par le gouvernement ?

28 avril 2020 à 14h40 par Arnaud Laurenti

Circulation sans attestation possible à compter du 11 mai dans une limite de 100 km, déconfinement progressif par département, annulation des grands événements et rencontres sportives de l'été... On fait le point sur les annonces du Premier ministre devant l'Assemblée Nationale ce mardi.

ALOUETTE
Crédit : Capture écran | Twitter

Edouard Philippe a présenté ce mardi le plan de déconfinement défini par le gouvernement et qui débutera à partir du 11 mai. Voici les annonces du Premier ministre.

"Si les indicateurs ne sont pas au rendez-vous, nous ne déconfinerons pas"

Edouard Philippe a averti mardi que "si les indicateurs ne sont pas au rendez-vous, nous ne déconfinerons pas le 11 mai" ou alors "nous le ferons plus strictement", appelant chacun au "civisme" pour la réussite du déconfinement.

Les incertitudes sur le nombre de nouveaux cas journaliers ou les chaînes de contamination par exemple "doivent inciter tous les Français à la plus grande discipline" d'ici au 11 mai et "à lutter contre les risques de relâchement que nous sentons monter dans le pays", a ajouté le Premier ministre.

Port du masque généralisé, limitation des déplacements interrégionaux.... les mesures présentées sont pour certaines "contraignantes" mais "je sais compter sur le civisme pour que chacun les applique avec rigueur", a ajouté le Premier ministre en assurant qu'"il en va de notre santé à tous".

Circulation sans attestation

Le chef du gouvernement a annoncé qu'il serait possible de circuler sans attestation à partir du 11 mai, sauf "pour les déplacements à plus de 100 km du domicile, qui ne seront possibles que pour un motif impérieux, familial ou professionnel".

"Les rassemblements organisés sur la voie publique ou dans des lieux privés seront limités à 10 personnes", à partir du 11 mai pour le début du déconfinement progressif, a par ailleurs déclaré le Premier ministre.

"D'une façon générale, il nous faut éviter les rassemblements qui sont autant d'occasions de propagation du virus. (...) En attendant des jours meilleurs, les mairies continueront à proposer, sauf urgence, le report des mariages", a ajouté Edouard Philippe.

Les déplacements interdépartementaux ou interrégionaux seront réduits "aux seuls motifs professionnels ou familiaux impérieux, pour des raisons évidentes de limitation de la circulation du virus", à la fin de la période de confinement le 11 mai, a-t-il précisé.

"Nous allons continuer à réduire l'offre, à exiger une réservation obligatoire dans tous les trains, à décourager les déplacements entre départements", a déclaré le Premier ministre à l'Assemblée nationale, précisant notamment que les Français ne devront pas quitter leur département lors du pont de l'Ascension.

Déconfinement par département

Le déconfinement sera différencié le 11 mai entre les départements "vert", où il sera appliqué largement, et "rouge", où il prendra une forme plus stricte, a annoncé le chef du gouvernement.

Pour cela, trois critères seront étudiés le 7 mai pour déterminer dans quel département "la circulation du virus reste active", "les capacités hospitalières en réanimation restent tendues" et "le système local de tests et de détection des cas contacts ne soit pas suffisamment prêt", a précisé le Premier ministre devant les députés.

Pas de grands événements cet été

Les grands musées, les cinémas, les salles de concert et les théâtres resteront fermés après le 11 mai et tout évènement de plus de 5.000 participants est interdit jusqu'en septembre, a également annoncé le Premier ministre.

Seule note positive dans ce sombre tableau pour le monde de la culture : les médiathèques, bibliothèques et petits musées pourront rouvrir leurs portes dès le 11 mai "parce qu'ils peuvent fonctionner plus facilement en respectant les règles sanitaires". Le chef du gouvernement a également précisé que les "salles des fêtes, les salles polyvalentes resteront également fermées, jusqu'au 1er juin".

En outre, tous "les évènements qui regroupent plus de 5.000 participants" ne "pourront se tenir avant le mois de septembre". Cette mesure concerne "les grandes manifestations sportives, culturelles, notamment les festivals, les grands salons professionnels, tous les évènements qui regroupent plus de 5.000 participants et font à ce titre l'objet d'une déclaration en préfecture et doivent être organisés longtemps à l'avance" a-t-il détaillé.

Pour le sport, le Tour de France a été reporté du 29 août au 20 septembre. "La saison 2019-2020 des sports professionnels,notamment celle de football, ne pourra pas non plus reprendre", a précisé Edouard Philippe.

Nouvelle étape le 2 juin

Le Premier ministre a également annoncé qu'après une première phase de déconfinement le 11 mai, une nouvelle étape s'ouvrira le 2 juin pour trois semaines, avec de nouvelles mesures qui dépendront du niveau de l'épidémie.

"Je donne rendez-vous aux Français à la fin du mois de mai pour évaluer les conditions dans lesquelles nous organiserons une nouvelle phase de déconfinement, et prendrons en particulier des décisions sur l'organisation des cafés, des restaurants, des vacances", a expliqué Edouard Philippe.

Des tests "massifs"

Le gouvernement compte faire tester massivement les personnes présentant des symptômes du Covid-19 et installer des "brigades" dans chaque département pour identifier leurs contacts, pour inviter toutes les personnes positives à s'isoler , a annoncé Edouard Philippe.

Le Premier minsitre a réaffirmé son objectif de disposer de 700.000 tests par semaine à partir du 11 mai et souligné que les personnes testées positives seront invitées à s'isoler soit chez elles, ce qui entraînera le confinement de tout le foyer pendant 14 jours, ou dans un lieu mis à disposition, notamment des hôtels réquisitionnés.

Réouverture "très progressive" des écoles

Le gouvernement "propose une réouverture très progressive des maternelles et de l'école élémentaire à compter du 11 mai, partout sur le territoire, et sur la base du volontariat", a également précisé le Premier ministre.

"Dans un deuxième temps, à compter du 18 mai, mais seulement dans les départements où la circulation du virus est très faible, nous pourrons envisager d'ouvrir les collèges, en commençant par la 6ème et la 5ème", a-t-il ajouté.

Des masques pour tous ?

Edouard Philippe a assuré mardi qu'il y aurait "assez de masques dans le pays pour faire face aux besoins à partir du 11 mai", au moment de la levée progressive du confinement, expliquant qu'il était "préférable" d'en porter dans "de nombreuses circonstances".

Pour l'approvisionnement de la population, Edouard Philippe a invité les entreprises "à veiller à équiper leurs salariés" et les particuliers "à se confectionner eux-mêmes des masques", en utilisant les "guides pratiques de confection" diffusés.

L'Etat prendra par ailleurs en charge "50% du coût des masques" grand public achetés par les collectivités locales.

Le port d'un masque sera notamment obligatoire dans les transports publics et pour les professionnels de la petite enfance, ainsi que pour les élèves à partir du collège. Pour ces derniers, il en sera fourni à ceux "qui n'auraient pas réussi à s'en procurer".

Les masques seront en revanche "prohibés" pour les enfants de moins de trois ans et ceux en maternelle, et ne sont "pas recommandés" à l'école primaire.

Télétravail et chômage partiel

Le Premier ministre a demandé mardi "avec insistance" aux entreprises de maintenir le télétravail "partout où c'est possible, au moins dans les trois prochaines semaines", afin de limiter l'affluence dans les transports et sur les lieux de travail.

"Personne n'en ignore les contraintes mais celui-ci doit se poursuivre pour limiter le recours aux transports publics et pour limiter plus globalement les contacts", a plaidé Edouard Philippe. Sur le télétravail, il n'y a pas "un avant et un après 11 mai", a-t-il affirmé.

Dans les cas où le télétravail n'est pas possible, le Premier ministre a encouragé "la pratique des horaires décalés dans l'entreprise". "Elle étalera les flux de salariés dans les transports et diminuera la présence simultanée des salariés dans un même espace de travail", a-t-il souligné.

Edouard Philippe a également indiqué que les 60 guides métiers élaborés par les fédérations professionnelles et le ministère du Travail pour accompagner les réorganisations nécessaires au sein des entreprises devront être "prêts pour le 11 mai", 33 de ces guides étant déjà disponibles.

Il a appelé les entreprises à porter "une attention particulière aux emplois du temps, aux gestes barrières, à l'aménagement des espaces de travail" et à recourir au port du masque "dès lors que les règles de distanciation ne pourront être garanties".

Ces sujets liés à la santé et à la sécurité des salariés doivent faire l'objet d'une réunion avec les organisations syndicales et patronales jeudi.

Enfin, "le dispositif d'activité partielle, qui est un des plus généreux d'Europe, restera en place jusqu'au 1er juin", a annoncé le Premier ministre. "Il nous faudra ensuite l'adapter progressivement, afin d'accompagner la reprise d'activité si l'épidémie est maîtrisée", a-t-il poursuivi, assurant vouloir continuer "à protéger les personnes vulnérables et les secteurs professionnels qui demeureraient fermés".

Le chômage partiel, qui permet aux salariés de toucher 84% de leur rémunération nette, concerne actuellement 10,8 millions de salariés, soit plus d'un salarié du secteur privé sur deux.

(avec AFP)