France: démission du patron des armées, en conflit ouvert avec Macron

19 juillet 2017 à 15h07 par Rédaction Alouette

ALOUETTE

Le chef d'�tat-major des arm�es fran�aises, Pierre de Villiers, qui avait critiqu� les coupes budg�taires dans la d�fense avant d'�tre durement recadr� par le pr�sident Macron, a d�missionn� mercredi, une d�cision in�dite marquant la premi�re crise au sommet de l'�tat.

"Dans les circonstances actuelles, je consid�re ne plus �tre en mesure d'assurer la p�rennit� du mod�le d'arm�e auquel je crois pour garantir la protection de la France et des Fran�ais", a �crit le g�n�ral de Villiers en annon�ant son d�part dans un communiqu�.

Le nom de son successeur, le g�n�ral Fran�ois Lecointre, a �t� rendu public apr�s le Conseil des ministres par le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner. Il �tait jusqu'� pr�sent conseiller militaire du Premier ministre et il s'agit, selon Emmanuel Macron, cit� par M. Castaner, d'"un h�ros, reconnu comme tel dans l'arm�e".

Si M. Macron, par la voix du porte-parole du gouvernement, a salu� en Pierre de Villiers un "grand militaire", sa d�mission, un fait sans pr�c�dent sous la Ve R�publique, intervient alors que le pr�sident a multipli� ces derniers jours les rappels � l'ordre s�v�res � son �gard.

A l'origine de la col�re pr�sidentielle, les critiques formul�es par le g�n�ral sur les 850 millions d'euros d'�conomies r�clam�s cette ann�e aux arm�es, dans un contexte de restrictions budg�taires g�n�rales, avec une baisse pr�vue de 4,5 milliards d'euros des d�penses de l'�tat en 2017.

Apr�s avoir s�chement recadr� le g�n�ral de Villiers la veille du d�fil� militaire du 14 juillet devant un parterre militaire interloqu�, en reprochant � son chef d'�tat-major, sans le nommer, d'avoir mis de fa�on "indigne" une pol�mique budg�taire "sur la place publique", le pr�sident a enfonc� le clou dimanche. "Si quelque chose oppose le chef d'�tat-major des arm�es au pr�sident de la R�publique, le chef d'�tat-major des arm�es change", a-t-il ass�n� dans une interview.

Mercredi, M. Macron a une nouvelle fois justifi� les mesures d'�conomie impos�es � l'arm�e, assurant que le budget retenu "permet de prot�ger le pays".

Personnalit� int�gre et rugueuse, appr�ci� de ses hommes, Pierre de Villiers, 60 ans, s'�tait exprim� dans un langage fleuri quelques jours auparavant, � huis clos, devant des d�put�s � l'Assembl�e nationale, assurant qu'il n'allait pas se "laisser baiser" et que la situation des arm�es fran�aises n'�tait "pas tenable".

En poste depuis 2014, il se plaignait r�guli�rement de l'insuffisance des moyens allou�s � l'heure o� la France est engag�e sur plusieurs fronts contre le jihadisme et la menace terroriste, du Sahel (op�ration Barkhane, 4.000 hommes) au Moyen-Orient (mission Chammal, 1.200) en passant par le territoire national (op�ration Sentinelle, 7.000).

- 'Pouvoir personnel' -

Jusqu'� pr�sent pourtant, les relations entre les militaires et le nouveau pr�sident �taient au beau fixe, M. Macron ayant multipli� les signaux favorables en leur direction: visite � des bless�s de guerre le jour de son investiture, d�placement sur la base militaire fran�aise de Gao, au Mali, ou encore, plus r�cemment, h�litreuillage � bord d'un sous-marin nucl�aire...

Au-del� des symboles, le chef de l'�tat, qui est aussi chef des arm�es de par la Constitution, s'est engag� � consacrer 2% du PIB � l'effort de d�fense d'ici � 2025.

La d�mission du g�n�ral de Villiers a redonn� du tonus � l'opposition: � droite, les d�put�s Les R�publicains (LR) ont d�nonc� "la d�rive d'un pouvoir personnel" tandis que la pr�sidente du parti d'extr�me droite Front national, Marine Le Pen, voit dans cet �pisode l'illustration des "limites tr�s inqui�tantes de Monsieur Macron".

Pour le chef du groupe Nouvelle gauche (ex-PS et apparent�s) � l'Assembl�e, le d�put� socialiste Olivier Faure, il y a "une crise de confiance entre les arm�es et le chef de l'�tat qui s'est rendu coupable d'une humiliation inutile pour un homme qui n'avait fait que son devoir".

"Ce qui est fondamental, c'est que le budget de la D�fense est le seul dont on connaisse la hausse sur cinq ans", a r�torqu� le d�put� Gilles Le Gendre, porte-parole de la majorit� pr�sidentielle � l'Assembl�e nationale.

Emmanuel Macron a promis d'augmenter le budget d�fense en 2018, � 34,2 milliards d'euros contre 32,7 milliards cette ann�e.

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(AFP)