Frédéric de Boulois : "les professionnels de la restauration ne demandent qu'à pouvoir travailler !"

18 mars 2021 à 13h00 par Alexandrine DOUET

Alors que les cafés et restaurants sont fermés depuis plus de 4 mois, précisément depuis le 29 octobre, les professionnels du secteur ne cachent pas leur impatience même si les discussions avancent petit à petit avec le gouvernement.

ALOUETTE
Près d'1 millier de restaurateurs, patrons de bars et discothèques avaient manifesté le 30 novembre
Crédit : Facebook | UMIH 44

Une réunion en visioconférence a eu lieu cette semaine entre le gouvernement et des représentants de la profession. Un calendrier a été établi avec au menu 3 étapes : la première prévoit l’ouverture des salles de petits déjeuners dans les hôtels puis l’ouverture des cafés et restaurants à 50% et enfin une réouverture complète. Mais aucune date de réouverture n’a été annoncée.

Des annonces qui sont loin de satisfaire Frédéric de Boulois, le Président de l’Union des Métiers et des Industries Hôtelières (UMIH) de Loire-Atlantique. Entretien.

Êtes-vous satisfait de ce calendrier mis en place ce mardi ?

Non ! Pour l’instant, il n’y a rien qui avance, pour une raison très simple, c’est qu’il n’y a toujours pas de calendrier de réouverture. Des discussions sur un phasage qui serait marqué en  trois étapes. L’un qui est de non-sens pour les hôtels, les clients dans l’hôtellerie sont coincés, on imagine bien que les commerciaux et le tourisme d’affaire qui se déplace, à un moment donné, être confiné en chambre pour manger son repas tous les soirs, c’est un peu compliqué. La deuxième phase qui concerne l’ouverture des terrasses des cafés et des restaurants avec limitation de 50% de la capacité d’accueil, je ne sais pas où ils sont allés pêcher un truc pareil parce que ce n’est économiquement pas viable. Et la troisième phase qui serait un retour à la situation normale me paraît être la seule viable. Il faut qu’on puisse rouvrir dans les mêmes conditions dans lesquelles on a rouvert au mois de juin l’année dernière. On y rajoute éventuellement le QR Code qui a été évoqué, pourquoi pas si ça permet de faciliter les choses, ce sera déjà plus simple que de tenir un cahier. Maintenant, on voit bien que la stratégie de l’État depuis le début de la crise ne marche pas.

Vous êtes pour rouvrir totalement, sinon rien ?

Depuis le début, on nous dit que nous sommes des lieux potentiels de contaminations, appuyé sur des études soi-disant scientifiques. On est fermés maintenant depuis le mois de novembre, et à ma connaissance, la pandémie ne se réfrène pas. Je reste profondément attaché à une logique d’équité devant la loi, et je considère que depuis un moment, nous ne sommes pas en équité devant la loi. On ne peut pas avoir d’un côté des restaurants qui sont fermés, et de l’autre, des restaurants interentreprises qui sont ouverts. C’est absurde ! Aujourd’hui, les gens font restaurant dans les entreprises sans aucune distanciation, sans aucun respect des protocoles sanitaires, et on voit bien que le virus continue de se propager.

Quelles sont vos attentes, concrètement ?

À un moment donné, il faut quand même qu’il y ait un horizon qui se dégage. On ne peut pas dire à des patrons d’entreprises qui sont fermés depuis le mois de novembre, ça fait cinq mois que vous êtes fermés, on n’est incapables de vous dire quand est-ce que vous allez rouvrir. Est-ce que c’est un secret de polichinelle que de se dire que l’État, pour des questions de paix sociale, veille au maintien des vacances de l’été pour l’ensemble des Français ? Cela veut dire qu’on va potentiellement rouvrir entre début juin et fin juin, à condition qu’il y ait des mesures qui soient prises en réduction de la propagation de l’épidémie d’ici là.

Dans l’idéal, quand est-ce que vous souhaiteriez rouvrir ?

Les professionnels ne demandent qu’à pouvoir travailler et rouvrir leurs affaires, mais pas dans n’importe quelles conditions non plus. Si c’est pour rouvrir en étant ouvert que le midi, quand on sait qu’aux mois de juin, juillet et août, l’année dernière à Nantes, le midi c’est entre moins 30 et moins 50% de chiffre d’affaire, et c’est le soir qui a permis de compenser. Il y a des choses positives qui se mettent en place avec la ville de Nantes et Nantes Métropole, avec le maintien de la charte de terrasses qui avait été mise en œuvre l’année dernière, avec l’extension sur le domaine public, avec une volonté de l’étendre sur les autres communes de Nantes Métropole, et également sur toute la Loire-Atlantique.

Faut-il s’attendre à un nouveau rassemblement de grande ampleur, comme il y a pu avoir il y a quelques semaines à Nantes, pour faire part de cette incompréhension et de cette impatience ?

Je ne crois pas que ce soit le sujet aujourd’hui. (NDLR : près d'un millier de patrons de bars, discothèques et restaurateurs avaient manifesté à Nantes le 30 novembre dernier) Nous sommes parfaitement conscients et responsables face à une pandémie qui est mondiale, avec des problématiques sanitaires et avec des mesures prises par le Gouvernement en fonction des éléments dont ils disposent. Ce qui est quand même assez étonnant, j’en reviens à l’équité, on ne peut pas se satisfaire de situations qui ne sont pas équitables. Soit il y a un vrai problème, et dans ce cas-là on est tous fermés, soit il n’y en a pas, et dans ce cas-là on est tous ouverts. On ne peut pas dire, d’un côté, dans les restaurants, c’est contaminant, et de l’autre côté, dans un restaurant interentreprise, ça ne l’est pas. On ne peut pas comprendre !

(Entretien retranscrit par Mikaël Le Gac)