Gardiennage ou cueillette du muguet, le travail saisonnier prisé aussi par les retraités

17 juillet 2015 à 6h55 par Rédaction Alouette

ALOUETTE

Du gardiennage � la cueillette du muguet, le travail saisonnier est de plus en plus pris� par les retrait�s � la recherche d'un compl�ment de revenus. Et les employeurs s'y retrouvent, "rassur�s" de recruter des seniors.

Jeunes, ch�meurs, migrants constituent le gros des travailleurs qui se partagent le 1,5 million d'emplois saisonniers. Mais s'il n'existe pas de statistique sur la proportion de retrait�s, l'Insee observe une tendance � l'augmentation.

Laurent (le pr�nom a �t� chang�), retrait�, et son �pouse assurent l'accueil dans un camping du Sud-Est, et gagnent � eux deux environ 5.000 euros pendant la saison. Cet emploi leur permet de compl�ter leur retraite de 1.750 euros mensuels, mais aussi d'aider leurs enfants : "Nous avons quatre enfants adultes, dont une handicap�e non reconnue, et tous ont des difficult�s � d�coller dans la vie : frais d'�tudes, CDD, int�rim, etc...", explique Laurent � l'AFP.

Fondatrice du site seniorsavotreservice.com, Val�rie Gruau met en relation employeurs et seniors, la plupart retrait�s, pour des contrats saisonniers ou � l'ann�e. Il s'agit surtout d'activit�s de gardiennage (propri�t�s ou animaux) ou d'accueil de client�le dans des sites touristiques.

En recrutant des retrait�s, les employeurs recherchent de la "maturit�, de l'exp�rience de vie", selon Mme Gruau. Mais elle observe aussi chez les seniors retrait�s "cette volont� de bien faire, un c�t� rassurant" pour ceux qui les embauchent.

Autre secteur pris� des retrait�s, notamment ceux qui n'ont pas de qualification, l'agriculture, premier gisement d'emplois saisonniers. En Haute-Vienne, pour la r�colte des pommes, environ 5.000 salari�s sont recrut�s pendant trois semaines en septembre. Parmi eux, "quelques retrait�s viennent arrondir leur fin de mois", explique Jean-Paul Parot, secr�taire g�n�ral de la CFDT Haute-Vienne, dans un t�moignage publi� par la conf�d�ration. Ici, les droits des travailleurs sont respect�s, des navettes sont mises en place pour faciliter l'acc�s au site et le salaire est fixe, avec une "prime au rendement".

- 'On est largement hors horaires' -

Mais ce n'est pas toujours la cas. Les contrats saisonniers prennent parfois des libert�s avec le droit du travail. Et pour limiter les abus, la CGT et la CFDT effectuent chaque �t� un tour de France des zones les plus touristiques pour informer les salari�s saisonniers sur leurs droits.

Mais "il n'existe aucune d�finition l�gale du travail saisonnier", pr�cise Sylvain Niel, avocat en droit social. Il s'agit simplement d'un CDD "� caract�re saisonnier".

Dans le camping qui l'emploie, Laurent constate que "sa prestation est sup�rieure � la d�finition du travail d�crit dans le contrat". "Si on veut que le travail soit bien fait, alors on est largement hors horaires", dit-il.

Heures suppl�mentaires non pay�es, absence de contrat de travail, non respect du repos hebdomadaire: les syndicats comme la Jeunesse ouvri�re chr�tienne (JOC) constatent des manquements au droit du travail.

Mais paradoxalement, il y a "peu de contentieux", constate Sylvain Niel, citant seulement 26 arr�ts de la Cour de cassation en 2014, et 16 en 2015.

La raison? Une m�connaissance de la l�gislation, mais aussi, selon les syndicats, le fait que les difficult�s financi�res poussent les retrait�s � accepter des emplois pr�caires. "Les gens sont beaucoup moins revendicatifs � propos de leurs droits", remarque Anne-Flore Marot, secr�taire r�gionale de la CFDT en Pays de la Loire.

Un exemple, la r�colte du muguet : Sabine G�nisson, qui pilote le collectif CGT des saisonniers, d�nonce aupr�s de l'AFP des "conditions d�plorables" de travail. En Loire-Atlantique, qui produit 80% du muguet en France, 80% des saisonniers seraient des retrait�s que l'on fait travailler pendant 15 jours, 10 heures par jour. "Ils sont dans des serres, � ramasser du muguet, sans eau courante, sans un �vier ou quoi que ce soit pour se laver les mains ou m�me se nettoyer si on s'est bless�. C'est inacceptable", ajoute-t-elle.

D�but 2015, le S�nat s'est empar� du sujet et a ouvert le d�bat sur la situation des saisonniers. Selon Sabine G�nisson, des "travaux interminist�riels" sont en cours pour faire �voluer la situation.

mac/db/dar

(AFP)