Gilets Jaunes : facture salée après 8 mois de mobilisation

17 juillet 2019 à 15h24 par Alexandrine DOUET

La mission parlementaire chargée d'évaluer l'impact économique du mouvement des gilets jaunes, a remis son rapport ce mercredi au Premier Ministre.

ALOUETTE
Crédit : Le mouvement des Gilets Jaunes a débuté le 17 novembre dernier

Selon le document, l'impact global de la mobilisation est "modéré" mais les effets sont "considérables" voire "ineffaçables" pour certains secteurs, 8 mois après le début du mouvement.

Pertes de chiffre d'affaires, chômage partiel, baisse des recettes fiscales... Voici les principaux chiffres connus sur le coût économique et budgétaire du mouvement, compilés dans un rapport parlementaire sur les conséquences économiques des manifestations, remis mercredi à Matignon.

Croissance

"Le coût macroéconomique global" du mouvement "est relativement faible par rapport à la richesse nationale", reconnaît la mission parlementaire, qui reprend l'estimation avancée par l'Insee, à savoir 0,1 point de PIB sur le dernier trimestre 2018, mais ne fournit pas de chiffre global pour les huit mois du mouvement.

Parmi les explications avancées figure la conjoncture économique, plutôt propice. Pour Damien Abad, président LR de la Commission des Affaires économiques, le mouvement des "gilets jaunes" s'est "inscrit dans un contexte globalement plus favorable qu'il y a quelques années, voire encore quelques mois, en matière de consommation et d'emploi".

Commerces

D'après les parlementaires, les commerçants ont été les plus durement touchés par les manifestations. La baisse de fréquentation des centres-villes le samedi a ainsi entraîné des baisses du chiffre d'affaires de 20 à 30% pour les commerces concernés. Quant aux centres commerciaux, ils ont fait état de pertes de l'ordre de deux milliards d'euros.

Le secteur de l'habillement et du cuir a été particulièrement affecté par les manifestations, selon les deux corapporteurs, Jean-René Cazeneuve (LREM) et Roland Lescure (LREM): en 2018, les commerces concernés ont ainsi fait état de résultats en baisse de 9 à 15% par rapport à l'année précédente.

Tourisme

Le taux de fréquentation hôtelière au premier trimestre 2019 s'est affiché en repli de 2,5% dans toute la France par rapport à l'année précédente. Cette baisse, qui fait suite à deux ans de hausse, est notamment "marquée pour la clientèle étrangère, en diminution de 4,8%", souligne le rapport, qui n'établit toutefois pas de lien de causalité direct avec les manifestations.

D'après la mission parlementaire, qui cite l'Union des entreprises de proximité (U2P), les hôtels restaurants et cafés (HCR) ont au total enregistré des pertes avoisinant les 850 millions d'euros. Côté événementiel, le coût du mouvement est estimé à 20 millions d'euros par les organisateurs de salons parisiens.

Faillites et chômage

Selon la Direction générale des entreprises (DGE) et le cabinet d'études Altarès, les défaillances d'entreprises n'ont pas augmenté jusqu'à présent. Une donnée que la mission d'information sur les "gilets jaunes" appelle à appréhender avec prudence, les faillites pouvant intervenir de façon décalée dans le temps.

"C'est pour les petites entreprises que les répercussions ont été les plus fortes", souligne la mission parlementaire, selon qui ces difficultés se sont traduites par une hausse du chômage partiel. Au 17 juin, 5.283 demandes de chômage partiel liées au mouvement des "gilets jaunes" ont été enregistrées, concernant 75.277 salariés.

Finances publiques

Les manifestations ont entraîné "une charge supplémentaire importante" pour l'Etat, qui a accordé des exonérations et des reports de charge pour certaines entreprises et a dû se résoudre à mobiliser davantage ses agents, notamment les policiers et gendarmes, pour un coût de 46 millions d'euros, lié au paiement des heures supplémentaires.

Le coût pour les finances publiques s'explique également par les pertes de recettes fiscales engendrées par la baisse d'activité, mais aussi par les dégradations commises sur les radars. "La remise en état des 2.410 radars détruits et des 577 abîmés pourrait à terme coûter 71 millions d'euros", avancent les parlementaires.

Collectivités locales

"Les collectivités territoriales, et en premier lieu les communes, se sont trouvées en première ligne face à la gestion du mouvement et de ses impacts", souligne le rapport, qui fait état de pertes de recettes pour les réseaux de transports en commun et surtout de hausse des dépenses liées aux dégradations.

D'après France Urbaine, association de métropoles et d'agglomérations, 30 millions d'euros ont été dépensés par les collectivités afin de réparer les équipements et mobiliers urbains abîmés ou financer des travaux exceptionnels. Dans les seules villes de Rouen, Toulouse et Bordeaux, la facture s'élève à 12,5 millions d'euros.

(Avec AFP)