La mort de Jacqueline Sauvage, symbole des violences conjugales

29 juillet 2020 à 13h29 par Alexandrine DOUET

Les causes du décès n’ont pas été révélées. Jacqueline Sauvage, condamnée pour le meurtre de son mari violent avait bénéficié d’une grâce présidentielle.

ALOUETTE
Jacqueline Sauvage s'était confiée devant les caméras de l'émission "Sept à huit" en février 2017.
Crédit : Capture d'écran - tf1.fr

Selon le quotidien La République du Centre, Jacqueline Sauvage est décédée le 23 juillet dernier à son domicile de La Selle-sur-le-Bied (Loiret), commune d'un millier d'habitants où s'est noué le drame conjugal. Ses obsèques ont eu lieu ce mardi dans la plus stricte intimité, a indiqué l'une de ses filles.

43 ans de souffrances

Jacqueline Sauvage, 72 ans, devenue pour beaucoup un symbole des violences conjugales après sa condamnation pour avoir tué son mari de trois balles dans le dos, est décédée un peu plus de trois ans après sa sortie de prison, en décembre 2016, à la faveur d'une grâce présidentielle.

"Je suis extrêmement triste, je suis très choquée. Elle nous quitte jeune. L'ensemble de ces souffrances a participé à ce qu'elle nous quitte si tôt", a estimé l'une de ses avocates, Me Nathalie Tomasini.

"Jacqueline Sauvage, par son histoire, par son affaire, a participé à éveiller les consciences par rapport à l'existence de ces femmes qui se sont battues pendant des années dans le huis clos familial et dans l'omertà de la société", a-t-elle déclaré à l'AFP.

"C'est le parcours d'une femme qui a souffert le martyre dans le huis clos familial mais aussi après, compte tenu de l'incompréhension des magistrats", a-t-elle ajouté.

Dix ans de réclusion

En première instance comme en appel, Jacqueline Sauvage avait été condamnée aux assises à dix ans de réclusion pour avoir tué son mari de trois balles dans le dos.

Après quatre années derrière les barreaux, marquées par une vaste mobilisation en sa faveur, elle était sortie de prison à 69 ans suite à la décision de François Hollande de lui accorder une grâce totale. La décision de l'ancien président de la République avait soulevé de nombreuses critiques, notamment parmi les magistrats.

"Elle n'a pas beaucoup profité de sa tranquillité", a regretté Eva Darlan, la présidente de son comité de soutien.

"Elle a été le symbole de l'injustice et de la violence. Mais à quel prix pour elle et pour sa famille ? Qu'est-ce que ça a changé pour la société ? Rien", a confié l'actrice à l'AFP.

Son histoire et son calvaire avaient pourtant beaucoup ému. Jacqueline Sauvage l'avait d'ailleurs raconté dans un livre, sorti en mars 2017, au titre évocateur: "Je voulais juste que ça s'arrête" (Fayard).

Elle y relatait ses 47 années de vie avec le père violent, jaloux, de ses quatre enfants. "Ma vie me semble un champ de ruines. Mes filles ont subi le pire, mon fils est mort. A quoi bon ?", écrivait-elle alors, regrettant n'avoir pas "su trouver les mots" lors de ses deux procès.

Dans le livre, elle estimait que les magistrats n'ont pas cherché à la comprendre et qu'ils ont mis en doute la parole de ses filles, qui avaient témoigné à charge contre leur père en expliquant avoir été violées et battues.

Son histoire portée à l'écran

Symbole de la vive émotion suscitée par l'histoire de cette femme, un téléfilm, inspiré du livre, "Jacqueline Sauvage, c'était lui ou moi", avec Muriel Robin, avait réuni près de huit millions de téléspectateurs le 1er octobre 2018 sur TF1.

"Jacqueline était devenue le symbole du combat contre les violences conjugales", a réagi mercredi Muriel Robin, qui l'avait incarnée à l'écran.

(Avec AFP)