Le Festival d'Angoulême dévoile son palmarès à huis clos

Publié : 29 janvier 2021 à 7h14 par Arnaud Laurenti

Le Festival international de la bande dessinée d'Angoulême dévoile ce vendredi son palmarès annuel à huis clos, tandis que l'édition grand public est reportée à l'été et menacée de boycott par des auteurs mécontents.

ALOUETTE
Crédit : FIBD | Chloé Wary et Willy OHM

Une poignée de spectateurs seulement assisteront à l'événement dans le théâtre de la ville, en fin d'après-midi. 

Sur les 12 prix distribués, appelés Fauves d'Angoulême, le plus convoité est le Fauve d'or, prix du "meilleur album de l'année, sans discernement de genre, de style ou d'origine géographique".

Une édition en plein air en juin ?

Le 48e Festival a dû bouleverser son format et repousser son volet grand public à la fin juin, pour "s'adapter au contexte de la pandémie". Il pourrait se tenir entièrement en plein air si la crise sanitaire empêche toujours les rassemblements en intérieur, ce qui paraît vraisemblable.

Pour compenser le manque de visibilité, la direction du Festival a lancé en décembre des expositions, dans une quarantaine de gares SNCF, de l'oeuvre d'auteurs de BD.

L'initiative n'a pas entièrement convaincu. Le collectif Auteurs et autrices en action (AAA), qui réclame une plus grande part du chiffre d'affaires de la BD pour les auteurs, a déploré que le Festival et la SNCF "se refusent encore cette année même à rémunérer les autrices et auteurs dont elles exposent le travail".

"Boycott total"

Une tribune a été signée par près de 700 auteurs, dont certains sont dans la sélection officielle en vue des récompenses décernées vendredi, à l'instar de Zanzim ("Peau d'homme") ou Maurane Mazars ("Tanz"). Ils menacent d'un "boycott total du versant public du Festival d'Angoulême, en juin prochain, si aucun acte réel et concret n'est posé d'ici là, à l'endroit de notre statut professionnel, de notre représentation et d'un juste rééquilibrage de la chaîne du livre".

La direction a répondu dans une lettre ouverte que pour permettre ces expositions, le Festival avait été contraint "d'investir, d'engager (...) des budgets qu'il n'a pas, en un mot de s'endetter" faute de recettes.

Si les auteurs n'ont pas pu être rémunérés, "faut-il pour autant tourner le dos à cet espace de débat et d'interpellation qu'est le Festival d'Angoulême ? Cette manifestation n'est-elle pas, objectivement, un lieu d'expression démocratique ? Le fermer est-il la solution ?", a écrit le délégué général Franck Bondoux.

La BD se vend bien

La BD souffre non pas de l'érosion des ventes, sensible dans d'autres secteurs du livre, mais de la rémunération très faible pour les auteurs, sauf pour les plus connus.

Et cet écart se creuse. D'après l'institut GfK, la bande dessinée a vu "un recentrage important des ventes autour des best-sellers en 2020. Leur poids a été renforcé tout au long de l'année".

Malgré des semaines de fermeture des librairies, 53,1 millions d'exemplaires ont été vendus en France dans l'année, soit une croissance de 9%.

Un livre sur six acheté aujourd'hui est une bande dessinée. Les grands gagnants de cet engouement ont été les vedettes comme Lucky Luke, meilleure vente de l'année avec "Un cow-boy dans le coton" (près de 272.000 exemplaires en un peu plus de deux mois), ou Riad Sattouf, dont le 5e tome de "L'Arabe du futur". Ils ne sont pas dans la sélection officielle d'Angoulême cette année, le Festival cherchant à promouvoir les talents qui mériteraient d'être mieux connus.

(avec AFP)