Les industriels de la viande engagent un bras de fer sur le prix du porc
11 août 2015 à 6h50 par Rédaction Alouette
Nouveau rebondissement dans la crise de la fili�re porcine: aucune cotation n'a eu lieu lundi au march� du porc breton (MPB), o� s'�tablit le prix de r�f�rence national de cette viande, en raison de l'absence des deux plus gros acheteurs de porcs qui jugent le prix actuel trop �lev�.
"La Cooperl et Bigard/Socopa nous ont annonc� qu'ils ne participeraient pas au march� ce lundi", a d�clar� � l'AFP Jean-Pierre Joly, directeur du MPB dont les cours sont fix�s deux fois par semaine, le lundi et le jeudi.
Le prix actuel du porc s'�tablit � environ 1,40 euro le kilo, objectif fix� par le gouvernement � partir du 12 juin dernier pour tenter de r�soudre la crise travers�e par les �leveurs de porcs fran�ais.
Mais ce prix met � mal aujourd'hui les industriels fran�ais, affirment-ils: ils exportent 30% de leur production et doivent faire face, � l'export comme en France, � des concurrents europ�ens, notamment Allemands et Espagnols, qui pratiquent des prix bas gr�ce � des exigences sociales ou environnementales moins contraignantes.
Dans un courrier dat� du 6 ao�t envoy� � ses adh�rents, dont l'AFP a obtenu copie, la Cooperl explique que, pendant qu'"une volont� +politique+ de court terme a r�ussi � porter le cours � 1,40 euro" en France, "l'Allemagne abaissait brutalement son prix d'achat" et "� ce jour 25 centimes s�parent le cours fran�ais du cours allemand".
"Les capitaux de la Cooperl sont la propri�t� de ses adh�rents, ils n'ont pas vocation � financer un cours politique pour tenir la t�te hors de l'eau � une partie de la production fran�aise", ajoute la coop�rative. "Notre effort ira en totalit� � l'abattage et � la valorisation des porcs de nos adh�rents", annonce-t-elle en pr�cisant qu'elle suspend ses achats externes au cadran � compter de lundi.
- 'Guerre des prix' -
Contact�e par l'AFP, la Cooperl s'est refus�e � tout commentaire lundi. Et l'entreprise Bigard a renvoy� vers le Syndicat national de l'industrie des viandes (SNIV-SNCP).
Selon un communiqu� de ce syndicat envoy� lundi, la production, "soutenue par les pouvoirs publics (...), obtient les prix les plus �lev�s d'Europe, sans trop se soucier du devenir des abattoirs" tandis que "le secteur charcuterie-salaison consid�re que les viandes europ�ennes sont meilleures que les viandes fran�aises (elles sont en r�alit� moins ch�res)" et que la grande distribution "n'a pas encore renonc� � sa politique de guerre des prix (...) et des marges (...)".
Paul Auffray, le pr�sident de la F�d�ration nationale porcine (FNP), a d�nonc� pour sa part un "chantage et une prise en otage des �leveurs" par Bigard et par la Cooperl, qui "voudraient que les prix baissent de 15 centimes par kilo" par rapport � leur niveau actuel.
La Cooperl et Bigard repr�sentent 30% des achats de porcs au march� au cadran. Avec plus de 2.700 agriculteurs adh�rents, la Cooperl est le num�ro 1 fran�ais du porc. Le groupe Bigard/Socopa est le leader fran�ais de la viande.
Du fait de leur retrait lundi, la cotation du jour, qui concernait 12.000 des 60.000 porcs vendus chaque semaine au march�, n'a pu avoir lieu car sans eux "le prix ne peut pas �tre repr�sentatif", a expliqu� M. Joly.
Le MPB assure 25% des ventes de porcs en Bretagne, et 18% au niveau national. L'absence de cotation n'emp�che pas les �leveurs de tenter de vendre en direct aux abattoirs, mais la n�gociation, faute de prix de r�f�rence, peut s'av�rer plus difficile.
Le 12 juin, alors que les cours �voluaient autour de 1,30 euro le kilo, le ministre de l'Agriculture St�phane Le Foll avait estim� n�cessaire que les prix pay�s aux producteurs remontent "� 1,40 rapidement", prix correspondant � l'estimation du co�t de production, ce qui est le cas depuis le 23 juillet.
Au-del� de la fili�re porcine, c'est l'ensemble de la fili�re fran�aise d'�levage, souffrant de la faible r�mun�ration de ses produits, qui manifeste bruyamment et massivement sa col�re dans tout la France depuis la fin mai.
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(AFP)