Pôle emploi va renforcer la sécurité de ses conseillers

4 février 2021 à 7h23 par Arnaud Laurenti

Pôle emploi va renforcer la sécurité de ses conseillers, a indiqué mercredi la direction, une semaine après le drame qui a frappé l'opérateur public à Valence avec le meurtre d'une conseillère, faisant état de 9 000 signalements en 2020 pour des agressions ou incivilités.

ALOUETTE
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"Le drame de Valence va nous conduire à renforcer nos travaux pour assurer encore plus la sécurité", a déclaré Paul Bazin, directeur général adjoint lors d'un point presse téléphonique, à l'issue d'un comité social et économique central (CSEC), consacré à la tragédie. Il a aussitôt souligné que "rien n'aurait permis d'anticiper et encore moins d'empêcher" le drame, lorsqu'un ingénieur sans emploi de 45 ans a froidement abattu une conseillère jeudi, suscitant l'"effroi" parmi les quelque 55.000 agents.

Des agents de sécurité

"À court terme, nos directeurs régionaux ont la possibilité de mettre en place, lorsque la situation de l'agence le nécessite, des agents de sécurité privée qui peuvent contrôler les entrées", a-t-il notamment indiqué.

La politique de suivi des signalements d'incidents sera également renforcée et simplifiée et le dépôt de plaintes sera appuyé plus systématiquement a-t-il ajouté, évoquant aussi un renforcement de la formation des managers et conseillers ou encore une accélération des diagnostics de sûreté des agences réalisés par les forces de l'ordre.

La direction a rappelé les mesures de sécurité déjà en place, citant la formation de près de 10 000 agents à la gestion des tensions, la présence de boutons sur chaque ordinateur pour alerter en cas de problème, ou encore le système de fiches de signalement pour gérer les situations d'agression. Des demandeurs d'emploi peuvent aussi se voir interdire d'agence.

Sentiment de peur

L'opérateur public a recensé "un peu plus de 9 000 signalements" d'agressions ou incivilités en 2020, année "atypique" du fait de la crise sanitaire en raison notamment des confinements. C'est moins qu'en 2019 où le chiffre était de 10 000.

Parmi les signalements, moins de 7% concernent des menaces verbales graves et moins de 1% des actes de violence physique, le reste pouvant être des écarts verbaux ou impolitesses. L'ensemble des signalements représente 0,2% des visites (6,3 millions) en agence et moins de 0,05% des appels téléphoniques (19 millions), a souligné la direction, précisant que ces faits ont débouché sur 233 plaintes en 2020.

Du côté des syndicats, David Vallaperta (CFDT) a jugé que les mesures annoncées visant à renforcer la sécurité allaient "plutôt dans le bon sens", saluant notamment le fait de revoir le fonctionnement du système de signalement interne. Mais le représentant du premier syndicat de l'opérateur a ajouté avoir alerté la direction sur le besoin d'un travail d'accompagnement des agents car un sentiment de peur s'est "incrusté".

Indentifier les causes profondes

"Rassurer les agents et prendre des mesures de sécurité, oui, mais il faut analyser les causes de la montée des tensions", a estimé de son côté Sébastien Socias (FO), évoquant des "problèmes liés à l'indemnisation des demandeurs d'emploi". Il a fait part d'une montée "non négligeable" des signalements depuis le drame via une sorte "d'effet boule de neige" et mis en garde contre le risque que faute d'analyse "les mêmes conséquences" se reproduisent.

"C'est insuffisant", a affirmé pour le SNU, Michel Breuvart plaidant notamment pour des réponses fortes pour mettre un terme aux insultes subies par les agents sur les réseaux sociaux.

Après le drame, un soutien psychologique avait été aussitôt proposé aux agents et le lendemain, les quelques 900 agences Pôle emploi étaient restées fermées.

(avec AFP)