Professeur assassiné : sécurité renforcée dans les écoles à la rentrée

19 octobre 2020 à 6h09 par Arnaud Laurenti

Emmanuel Macron et son gouvernement ont promis des réponses politiques "à court et moyen terme" après l'assassinat du professeur Samuel Paty, auquel plusieurs dizaines de milliers de personnes ont rendu hommage dimanche.

ALOUETTE
Des milliers de personnes se sont rassemblées partout en France.
Crédit : A. Douet | Alouette

Le président de la République l'a martelé lors d'un Conseil de défense : "La peur va changer de camp" et "les islamistes ne doivent pas pouvoir dormir tranquilles dans notre pays", a rapporté l'Elysée.

Sécurité et contre-discours

À l'issue de 2H30 de réunion dans la soirée avec Jean Castex, cinq ministres ainsi que le procureur anti-terroriste Jean-François Richard, le président a annoncé un "plan d'action" dès cette semaine contre "les structures, associations ou personnes proches des milieux radicalisés" et qui propagent des appels à la haine et à la violence pouvant encourager les attentats.

"Mesures appropriées" après contrôle de certaines associations, en attendant le projet de loi contre l'islam radical qui pourrait être "enrichi", "procédures" menées dès lundi contre les auteurs de 80 messages de soutiens à l'agresseur de Samuel Paty font partie des mesures prises dans un premier temps.

Parallèlement, le gouvernement espère répondre aux inquiétudes d'une communauté éducative fortement secouée en renforçant la sécurité des établissements scolaires à la rentrée après les vacances d'automne.

Autre axe que souhaite développer l'Elysée, la mise en place d'un "contre-discours" aux propos inexacts ou à la propagande radicalisée, citant en exemple le discours d'Emmanuel Macron aux Mureaux qui a été "dévoyé" dans certains pays pour le présenter comme une "croisade anti-musulmans".

Forte mobilisation de soutien

En attendant, l'émotion provoquée par cet assassinat dans les Yvelines ne faiblit pas : des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées dimanche partout en France en hommage à M. Paty.

Théâtre de la manifestation historique qui avait suivi les attaques contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher le 11 janvier 2015, la place de la République à Paris s'est remplie en début d'après-midi de milliers de manifestants, enseignants, élus et anonymes venus défendre la liberté d'expression, dire non à "l'obscurantisme" et chanter la Marseillaise.

D'autres rassemblements se sont tenus dans le pays. Partout, de longs applaudissements, des Marseillaise, des fleurs et des bougies. À Lyon, 12 000 personnes étaient rassemblées place Bellecour selon la préfecture. Ils étaient près de 4 000 à Nantes, 3 000 à Tours, 2 000 à Niort.

11 personnes en garde à vue

L'enquête poursuit son cours, avec une onzième personne, issue de l'entourage de l'assassin présumé, placée dimanche matin en garde à vue, selon une source judiciaire.

Samuel Paty a été décapité vendredi vers 17h00 près du collège où il enseignait l'histoire-géographie dans un quartier calme de Conflans-Sainte-Honorine. Son assaillant, un Russe tchétchène de 18 ans né à Moscou, Abdoullakh Anzorov, a ensuite été tué de neuf balles par la police. Sur Twitter, il a expliqué son geste en disant vouloir se venger de celui "qui a osé rabaisser Muhammad".

Les parents, qui ont obtenu l'asile politique en France il y a dix ans, le grand-père et le petit-frère du tueur, ainsi que des membres de son entourage proche ont été interpellés dès vendredi soir par les policiers et se trouvaient toujours en garde à vue dimanche.

Le père d'une élève de la victime et un militant islamiste très actif connu de la police, Abdelhakim Sefrioui, ont eux aussi été arrêtés et étaient toujours interrogés depuis samedi.

Les deux hommes avaient entamé une campagne de mobilisation pour dénoncer l'initiative du professeur de montrer à sa classe de 4eme les caricatures de Mahomet dans le cadre d'un cours sur la liberté d'expression, et appelé à son renvoi du collège.

Les enquêteurs cherchent désormais à identifier d'éventuels liens entre ces deux hommes et le tueur. A-t-il été "piloté" ou a-t-il de lui-même décidé de s'en prendre au professeur ?

(avec AFP)