Santé au travail : un tiers des salariés souffre de tension au travail

10 septembre 2019 à 10h07 par Arnaud Laurenti

Si moins de salariés déclarent subir des comportements hostiles au travail, la tension reste forte.

ALOUETTE
Crédit : Archives

En 20 ans, l'exposition des salariés du privé aux risques physiques et chimiques a baissé, mais l'intensité du travail a augmenté, avec près d'un tiers des salariés qui souffrent de tension ou "job strain", selon une étude de la Dares, le service statistique du ministère du travail.

Diminution des risques psycho-sociaux depuis 2010

L'étude Sumer réalisée en 2016 et 2017 par 1.200 médecins du travail auprès de 26.500 salariés vient compléter les 3 précédentes éditions (1994, 2003 et 2010).

La Dares observe prudemment "une légère diminution des risques psycho-sociaux" sur la période la plus récente (2010-2017) après une forte hausse constatée entre 1994 et 2010. Moins de salariés déclarent subir des comportements hostiles au travail et un manque de reconnaissance. En revanche, la tension au travail reste forte.

La proportion de salariés subissant une tension au travail a grimpé de 27% en 2003 à 32% en 2010 avant de se stabiliser.

"Le plus haut de 2010 est sans doute à mettre en lien avec la crise de 2008 et les changements d'organisation importants dans les entreprises qui ont suivi", explique Sarah Memmi, sociologue à la Dares.

La tension au travail ou "job strain" fait peser un risque accru de maladies cardiovasculaires, troubles musculo-squelettiques et dépression sur le salarié, selon des études de cohorte portant sur plusieurs dizaines de milliers de salariés depuis les années 2000.

Un rythme difficile

L'intensité du travail, un des facteurs essentiels des risques psychosociaux, est déterminée par les contraintes de rythme de travail, qui ont légèrement diminué depuis 2010 mais qui restent à un niveau élevé, note la Dares.

Environ un tiers des salariés subissent toujours au moins 3 contraintes de rythme. Les cadences imposées par le travail à la chaîne et le contrôle exercé par la hiérarchie ont baissé mais le suivi automatisé (les algorithmes qui mesurent la vitesse du salarié) a augmenté.

Les salariés, interrogés par auto-questionnaires, ont pour 66% le sentiment qu'on "leur demande de travailler très vite" (3 points de plus entre 2003 et 2017), pour 35% qu'on "leur demande une quantité excessive de travail" (4 points de plus) et pour 30% qu'ils "n'ont pas le temps de faire correctement leur travail" (stable).

"Les risques psychosociaux semblent diminuer mais les médecins du travail font état d'une dégradation du vécu des travailleurs", observe Sarah Memmi, qui précise que le sujet va "être creusé dans de prochaines études".

(avec AFP)