Touraine : la centrale nucléaire de Chinon teste sa sécurité

Publié : 4 novembre 2019 à 5h00 par Bastien Bougeard

L’un des réacteurs de la centrale de Chinon est à l’arrêt depuis la fin du mois d’août 2019. Il fait l’objet d’une visite décennale qui doit déterminer si oui ou non, ce réacteur peut être exploité pendant 10 années supplémentaires.

ALOUETTE
Le coeur du réacteur 3 de la centrale de Chinon est à l'arrêt pour vérifier son bon état de marche.
Crédit : Alouette

Dans la nuit du 23 au 24 août 2019, le réacteur 3 B de la centrale de Chinon était arrêté pour subir la visite décennale. Ce n’est pas pour autant que l’activité se soit arrêtée, bien au contraire. Ingénieurs spécialisés, contrôleurs se succèdent sur le site à l’occasion de cette visite : « La visite décennale, c’est un peu notre contrôle technique, détaille Antoine Ménager le directeur du site. Nous vérifions que nos installations, qui ont trente ans, sont en bon état et qu’elles répondent aux normes de sécurité. Mais ce ne sont pas celles qui étaient en vigueur au moment de leur mise en service, ce sont les plus récentes. Donc, quelque part, nous augmentons la sécurité de nos réacteurs. »

Des éléments démontés un par un

Cette visite se doit d’être rigoureuse. Pour preuve une des parties de la turbine, élément essentiel pour créer de l’électricité, a été enlevée de la salle des machines (voir ci-dessous). Les différentes ailettes qui la compose ont été démontée une par une pour qu’elle soit minutieusement analysée. « Chaque éléments qui présente une défaillance, une fissure par exemple, il doit être remplacé » précise Antoine Ménager.

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Mais au-delà des éléments matériels, les bâtiments sont aussi testés et les équipes sur le site doivent coordonner les différentes équipes pour que tout cela se passe dans la sécurité. Dans la salle de commande, une sorte de salle contrôle du réacteur, différents signaux d’alarme sont allumés ou résonnent et le téléphone sonne régulièrement. « L’équipe ici doit vérifier, qu’il n’y ait pas d’anomalie, explique Frédéric Prido chef d’exploitation et responsable de cette salle de contrôle. C’est nous aussi qui devons assurer que les différentes équipes puissent se rendre en sécurité dans le bâtiment réacteur. »

Prolonger l’exploitation le  plus longtemps possible

Dans la salle des machines (là où l’électricité est produite), où se mélange tuyauteries et ouvriers avec casque de chantiers vissé sur la tête, certains ingénieurs passent en revue certains éléments qui vont subir un test draconien. « Nous allons en fait augmenter la pression dans certains éléments, explique Julie Colin, chef d’exploitation à la centrale de Chinon. Il faut vérifier la résistance car ça nous permettrait d’éviter de potentielle fuite. »  Le bâtiment réacteur, va subir le même test.

Cette visité décennale doit normalement prendre fin avant la fin de l’année 2019. À partir de là, la direction de la centrale de Chinon pourra demander à l’autorité de sûreté nucléaire si elle peut encore exploiter le réacteur 3B pour les 10 prochaines années. « L’idée est de prolonger autant que possible l’exploitation de nos réacteurs, conclut Antoine Ménager. La centrale du Tricastin va bientôt atteindre les 40 ans. Mais aux États-Unis, ils pensent que l’exploitation de réacteur nucléaire peut être poussée jusqu’à 80 ans. » Prochainement, le site de Chinon, qui emploie environ 2000 personnes produit 6,2% de l’électricité française, fera l'objet d'une nouvelle visite décennale, pour le réacteur 4B cette fois-ci.

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