Vendée Globe : Samantha Davies, la petite Anglaise devenue un grand marin

3 novembre 2020 à 14h15 par Arnaud Laurenti

Jeune passionnée, elle découvrait le grand large aux côtés d'Ellen MacArthur et Tracy Edwards. Vingt ans plus tard, la navigatrice anglaise Samantha Davies se lance avec force et détermination dans son troisième Vendée Globe, qu'elle pourrait bien terminer dans le trio de tête.

ALOUETTE
Crédit : Vendée Globe | Vincent Curutchet

Même si elle n'a pas un bateau dernière génération qui lui aurait permis de jouer la gagne, "Sam" Davies (Initiatives-Coeur) fait partie des sérieuses prétendantes au podium de la 9e édition du Vendée Globe, la course autour du monde en solitaire et sans escale, qui partira dimanche des Sables-d'Olonne.

Depuis la deuxième place d'Ellen MacArthur en 2000/2001, aucune femme n'a réussi à monter sur le podium de la mythique course. "J'ai aidé Ellen en 1998 quand elle a gagné la Route du Rhum pour la première fois (en catégorie 50 pieds, ndlr). J'ai ramené ensuite son bateau", se souvient-elle auprès de l'AFP.

C'est aussi en 1998 que Samantha Davies part pour son premier tour du monde en quête du Trophée Jules-Verne (record du tour du monde en équipage). Elle a alors 24 ans et rejoint son idole, la Britannique Tracy Edwards, à qui elle a "osé" envoyer son CV pour rejoindre cette aventure 100% féminine (11 femmes à bord).

"Battre Kersauzon"

"C'était pour battre le record d'Olivier de Kersauzon - 71 jours - donc je pense que je vais le battre cette fois ! Je vise le même temps sur le Vendée Globe", lance la quadragénaire au petit gabarit et à la chevelure blonde.

En 1998, l'épopée avait pris fin prématurément après un démâtage. "On a remonté un équipage après, mais mixte (9 filles, 3 garçons), pour battre des records. L'un des records était le tour des Iles britanniques, il y avait trois bateaux dont celui de Kersauzon. Et on a battu Kersauzon!", l'incarnation de la domination masculine sur le monde de la voile, longtemps peu inclusif. "On lui a mis 4 ou 6 heures. On a fait une photo sans les +gars+ et on lui a envoyée!"

De son enthousiasme, elle n'a aujourd'hui rien perdu et mène ses projets tambour battant après avoir tout vécu en course au large, du Vendée Globe à la Volvo Ocean Race, en passant par la mini-transat, la Solitaire du Figaro, la Transat Jacques-Vabre ou encore la Route du Rhum.

Née dans le sud de l'Angleterre, à Portsmouth, elle a grandi sur un bateau. Son grand-père maternel dirigeait un chantier naval et son grand-père paternel était aux commandes d'un sous-marin - elle a lu ses récits lors de son premier Vendée Globe en 2008.

Elle terminera quatrième de cette édition. Quatre ans plus tard, elle démâtera après 5 jours de course.

Pilates et hypnose

Pour la 8e édition, elle avait choisi de souffler et soutenu son compagnon depuis près de 20 ans et père de son fils Ruben (9 ans), Romain Attanasio, embarqué à son tour sur le Vendée Globe. Cette année, ils seront tous les deux sur la ligne de départ, chacun de leur côté.

Sam Davies s'est préparée comme jamais pour réussir son troisième "grand tour", à bord d'un bateau datant de 2010, auquel on a ajouté des foils pour lui permettre de filer plus vite.

Elle a navigué presque chaque jour, pratique le yoga et la sophrologie, héritage de ses jeunes années brillantes en tant que nageuse de synchro. Accro à la natation en général - elle adore le papillon -, elle fait aussi du pilates. "On gagne en force et on a une endurance +de ouf+, ce n'est pas agressif comme entraînement. On se protège, on se gaine, on est plus efficace".

Et puis, plus récemment, elle a introduit l'hypnose dans sa préparation.

"Avant j'avais peur dans les avions, maintenant je +kiffe+! Je détestais les huîtres et maintenant j'adore! Tu fais une séance et c'est acquis pour la vie. Maintenant, je fais de l'auto-hypnose, juste avant les courses parce que j'ai beaucoup de choses à gérer et ça m'aide", raconte la navigatrice de 46 ans, qui ne vit pas que pour gagner un jour le Vendée Globe.

"Je sais qu'un jour je peux gagner si j'ai les moyens et ça, ça me suffit. On ne vit qu'une fois ici. Finir le Vendée, c'est déjà énorme".

(avec AFP)