Réouverture des boites de nuit: "Je pense que je vais pleurer"
Publié : 4 septembre 2021 à 9h18 par Morgan Juvin
Depuis un an et demi, de nombreuses discothèques n'ont pas résisté à la crise sanitaire. Certaines ont rouvert en juillet. La plupart rouvrent leurs pistes ce week-end.
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Mikaël Boitelet est le patron de la discothèque Le Nocturne, près de Saumur à la Breille-les-Pins.
Après avoir résisté à la crise, son établissement a fait l'objet de réaménagements. Réouverture ce samedi soir.
Un an et demi après la fermeture de votre établissement, cette réouverture est un véritable événement pour vous et pour vos clients ?
Oui, effectivement. C’est un véritable événement ! On l’attendait depuis longtemps avec l’ascenseur émotionnel qui allait avec. Des montées et des descentes du risque d’ouverture et de fermetures impromptues à n’importe quel moment. A chaque fois, un bilan de plus en plus pessimiste et avec aucunes perspectives de réouverture. C’est vrai que ça a été un vrai calvaire pour l’ensemble de la profession.
Ça a été compliqué moralement pour vous par moments ?
Oui, il y a eu des moments où on s’est remis en question. On se demandait même ce qu’il allait advenir de notre profession. Est-ce qu’on va continuer ? Est-ce qu’on va être aidé ? Est-ce qu’on n’a pas fait tout ce travail pour en arrêter là ? Ça a été très compliqué ! On se posait des questions… Est-ce qu’on va reprendre un travail ? Dans quelles conditions ? Quel type de profession allons-nous faire ? Si tenté soit-il que ça s’arrête. Ça a été un vrai moment de doutes.
Qu’avez-vous fait de votre côté pendant cette fermeture ?
Dans un premier temps, on a commencé par faire un point sur la situation, on a commencé par ranger l’établissement, nettoyer, faire l’inventaire de tout ce qu’il y avait à l’intérieur, de sécuriser les lieux, parce qu’on ne savait pas du tout quand on allait rouvrir nos portes, donc, ça a été ça dans un premier temps. Dans un second temps, suivre l’évolution de cette pandémie. Et puis après, commencé d’essayer à reconstruire quelque chose à l’intérieur ou à l’extérieur. En ce qui me concerne, j’ai fait des petits jobs à gauche, à droite pour remplir le frigo. Parce qu’au début on était très peu aidés. Par la suite, les aides se sont mises en place. Au niveau de mon établissement, j’ai eu la chance que les aides aient suffi à me maintenir hors du gouffre. D’autres n’ont pas eu cette chance malheureusement. On a réussi à couper tous les robinets, à stopper l’hémorragie pour être en sommeil et puis se projeter sur une réouverture où là on a commencé à respirer mais il s’est passé une bonne année.
Vous allez donc accueillir vos premiers clients ce week-end. Appréhendez-vous un peu cette réouverture ?
En ce qui me concerne, je suis quelqu’un de sensible, je pense que je vais beaucoup pleurer. En même temps, professionnellement parlant, je me pose la question, là ça fait déjà facilement 10 jours que je tourne en rond dans l’établissement. Est-ce qu’il ne manque pas du papier toilette ? Est-ce qu’il y a le bon stock ? Est-ce qu’il y a assez de jus d’orange ? Est-ce que la musique ne va pas tomber en panne ? Est-ce que les machines à glaçons vont fournir ? Un milliard de questions… Donc, c’est vrai qu’on appréhende la réouverture. Je pense qu’on est ok à tous les niveaux, on croise un petit peu les doigts et puis on se dit qu’on va être dans le jus dans un premier temps. Ensuite, les réflexes et les habitudes vont vite revenir.
Quelles sont les contraintes sanitaires pour vous ? Que pouvez-vous faire et ne pas faire ?
Aujourd’hui, pour accéder à nos établissements, il faut la vaccination complète, donc, les deux doses plus une semaine. Il nous faut aussi le QR Code en cas de test PCR ou antigénique. Il nous faut un QR Code valide quoi qu’il en soit. Ça a été un enfer pour trouver des infirmiers libéraux pour pouvoir faire des tests à l’entrée de l’établissement, à tel point que j’ai fini par laisser tomber jusqu’à ce qu’on rentre en contact avec moi pour justement poser un stand, donc là, on est en pourparlers actuellement pour installer un stand pour tester les gens qui ne seront pas testés. Au niveau du protocole à l’intérieur, les gens peuvent venir faire la fête comme avant. Pas de masques, vraiment comme avant entre amis comme s’il ne s’était rien passé. Rien que pour ça, ça valait la peine d’attendre. Jusqu’à aujourd’hui, on avait un doute sur le personnel, le personnel devait conserver le masque, schéma vaccinal obligatoire avec le masque, donc, c’était encore une incohérence supplémentaire qui a été apparemment levée, nous venons de recevoir un mail de la préfecture nous attestant comme quoi aujourd’hui dans le 49, ainsi que dans le 37 selon des confrères, nos salariés peuvent travailler sans masque à partir du moment où ils ont le schéma vaccinal complet à jour, ou qu’ils ont été testé négatifs et qu’ils ont un QR Code valide comme les clients.
Comme avant, finalement ?
Exactement ! Enfin le retour à la vie d’avant. Nous souhaitons pour le meilleur et pour le plus long possible.
Avez-vous une idée du nombre de clients que vous recevrez ce week-end ?
C’est assez compliqué, parce que moi j’ai un gros établissement, on peut recevoir plus de 1 200 personnes au sein de l’établissement. Avec 75% de capacité d’accueil, on a mis une limite à 950 pour ne pas dépasser, pour être sûr d’être bien. On aimerait les faire. En toute lucidité, je pense que nous allons avoir du monde, ça devrait bien se passer, il y aura des refus, obligatoirement, mais nous allons avoir du monde. Maintenant, combien de personnes ? On ne peut pas le dire parce qu’il y a tous nos anciens clients qui nous ont soutenu et qui seront là. Tous les nouveaux clients, depuis un an et demi, il faut savoir qu’il y a beaucoup de jeunes, toute la nouvelle génération, 18, 19 et pour certains 20 qui ne sortaient pas forcément à l’époque, donc, on risque d’avoir une grosse vague de nouvelle clientèle. Je ne suis pas pessimiste, je pense qu’on va travailler, on ne va peut-être pas faire de la très grosse soirée mais on peut être agréablement surpris, je pense.
(Interview retranscrite par Mikaël Le Gac)