"500 à 1 000 euros le kilo" : le marché de la truffe ouvre à Saint-Jean-d’Angély

Publié : 1er décembre 2025 à 14h28 par
Romane Hocquet - Journaliste

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C’est le troisième marché de France. Il se tiendra chaque lundi soir jusqu’en mars dans la ville de Charente-Maritime. Dans la région, la trufficulture est en plein essor. Alouette a rencontré l'un des producteurs de ce précieux champignon, dans les starting-blocks à l’approche des fêtes.

truffe noire
700gr : c'est la taille de la plus grosse truffe que Yannick Chenu a trouvé dans son exploitation.
Crédit : Alouette DR

Le lieu doit rester secret. Yannick et Laurence Chenu nous accueillent sur leur exploitation, quelque part en Deux-Sèvres. Dans leurs frigos, le couple sort un trésor : plusieurs dizaines de petites "tuber melanosporum", le nom scientifique de la truffe noire.

 

Troisième marché à la truffe de France

À quelques semaines des fêtes de Noël, Yannick et Laurence ne veulent prendre aucun risque : au début de la saison, le kilo de truffe noire se négocie aux alentours de 500 euros le kilo. "Et ça peut grimper parfois jusqu’à 1 000 euros fin décembre. Ce qui est dommage, car la truffe est bien meilleure en janvier", explique Yannick, un passionné du champignon. "Le problème, ce sont les truffes d'Espagne, qui cassent les prix... et les pieds !"

Pour autant, Yannick et Laurence Chenu n'auront pas de mal à écouler leur stock. Et ça commencera dès ce 1er décembre, jour d’ouverture du marché de la truffe de Saint-Jean-d’Angély, en Charente-Maritime. C’est d’ailleurs le troisième marché de France, en volume de vente. Il se tient chaque lundi soir, dès 19h, jusqu’à début mars.

Le marché – créé en 2018 – est ouvert aux seuls adhérents des associations de trufficulteurs de Charente-Maritime et des Deux-Sèvres, près de 330 producteurs au total. L’hiver dernier, près de 406 kilos de truffes se sont vendus sur ces étales, avec un prix moyen à 640 euros le kilo.

 

Une fois la terre retirée, le poids moyen d'une truffe est de moins de 100gr.

 

Plus de 300 producteurs en Charente-Maritime et Deux-Sèvres

Pour accompagner la filière, la Chambre d’Agriculture 17-79 a d’ailleurs signé une convention fin octobre avec ces deux associations. L’objectif est d’accompagner la création de truffières dans ces deux départements.

C’est justement le travail d'Anthony Clerteau, responsable de la filière. Et il ne tarit pas d’éloges sur le champignon noire :

"Cela demande zéro pesticide, zéro traitement, rien. On aura une parcelle de prairie qui va rester sur un sol naturel, sur lequel on plante des arbres qui vont capter du carbone. En termes de protection, on ne peut pas faire mieux ! C’est une culture qui peut permettre de protéger des secteurs."

Quant à l'apport en eau, on parle d'arrosage et non pas d'irrigation dans le cas de la truffe, étant donné les faibles quantités requises.

 

Les truffes se développent au pied des chênes, dans des sols argilo-calcaires.

 

Yannick et Laurence se sont lancés en 2006, "un peu par hasard", reconnaît le Vendéen. Première récolte en 2011. Désormais, le couple cultive près de 14 hectares.

La truffe, rien à voir avec la poule aux œufs d’or, prévient Yannick : "Si quelqu’un veut se lancer en disant qu’il va se faire de l’argent, je pense qu’il va être déçu et très vite. Il faut être très modeste au départ. C’est une production qui reste aléatoire, compliqué et pas certaine." Et pour cause : la truffe est un champignon qui se développe à partir du printemps, en sous-sol, dans la terre, au pied de chênes. Impossible de savoir à l’avance ce que l’on va ramasser.

 

Une alternative pour les viticulteurs

La truffe aime aussi les sols argilo-calcaires, exactement comme les pieds de vignes. Ce champignon de luxe est d'ailleurs une alternative pour les viticulteurs, obligés d’arracher des hectares face à la crise de la surproduction : "Ce sont les mêmes terroirs de production. On voit l’engouement des viticulteurs, qui se posent la question sur la production d’olives ou de truffes", explique le responsable de la Chambre d'Agriculture.

 

 

Le traditionnel marché aux truffes de Saint-Jean-d'Angély se tient dès ce 1er décembre 2025, tous les lundis jusqu'au 2 mars 2026, à 19h, à la salle Aliénor- d'Aquitaine.