"Il ne me frappe pas" : en Vendée, ces violences qui ne laissent pas de bleus

Publié : 25 novembre 2025 à 6h32 par
Laura Vergne - Journaliste reporter

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Connaissez-vous les violences invisibles ? Ce mardi 25 novembre, la journée internationale remet en lumière les violences faites aux femmes, alors que 16 900 victimes ont été recensées en 2023 dans les Pays de la Loire et que les professionnels peinent à absorber la demande.

Affiche du CIDFF Vendée pour la journée du 25 novembre.
Affiche du CIDFF Vendée pour la journée du 25 novembre
Crédit : Alouette DR

16 900 femmes. En 2023, les services de sécurité ont enregistré dans les Pays de la Loire deux fois plus de victimes de violences physiques que sexuelles, selon l’Insee. Un chiffre qui a doublé depuis 2016. Mais derrière les statistiques, une réalité silencieuse : la majorité des violences ne se voient pas.

 

"Il ne me frappe pas"

"La grande réponse, c’est : il ne me frappe pas", précise Lucille Rémy, juriste au CIDFF Vendée. (Premier réseau pour l'accès au droit des femmes en France). Les violences physiques sont identifiées, "mais on a encore beaucoup de mal avec les violences psychologiques, économiques ou administratives". Parfois, une carte de séjour confisquée, un compte bloqué, un enfant instrumentalisé.

"Ce sont des petits épisodes réguliers. Les personnes se disent : c’était la faute de ça." Et le piège se referme. "Les victimes ont l’impression d’être folles. On leur explique comment ça s’installe."

Beaucoup arrivent pour une séparation, un problème de garde, un mal-être au travail. Dans les dossiers, des actes minuscules mais répétés. Un climat, pas un coup. Et pourtant, une mise en danger.

 

"On a de plus en plus de personnes"

Au CIDFF, le nombre de demandes explose. "On a énormément de personnes qui viennent. Nos emplois du temps ne sont pas extensibles", reconnaît Lucille Rémy.

Derrière l’augmentation des signalements, une parole qui se libère. Mais aussi un système qui peine à suivre malgré des aides financières toujours aussi actives. Le délai pour un premier rendez-vous peut atteindre trois semaines. Néanmoins, plus de financements permettraient "d’embaucher une juriste supplémentaire" pour absorber la montée. La prise en charge est globale : juridique, sociale, mise en sécurité, orientation vers Solidarité Femmes ou les bailleurs sociaux. Sans jamais contraindre. "On leur donne les clés."

Autre alerte : la remontée du sexisme, "facilitée par les réseaux", touchant les plus jeunes. Alors le CIDFF intervient du CP à l’université, mais aussi auprès d’élus et en entreprises. Objectif : nommer, expliquer, prévenir. Toujours en rappelant la loi.

 

"La prise en charge des enfants, c’est essentiel"

Pour Fabienne Linard, directrice du CIDFF Vendée, tout commence tôt. "La violence est interdite à tout âge." Informer les enfants, pour qu’ils s’identifient comme victimes. Et briser les cycles.

"Une majorité d’auteurs ont été victimes. S’ils avaient été pris en charge, ils n’en seraient peut-être pas arrivés là."

En 2024, le CIDFF Vendée a mené plus de 3 500 actions de sensibilisation, dans les écoles, associations sportives, entreprises et collectivités. Parce que la prévention ne peut pas être ponctuelle, selon le CIDFF, elle doit être au contraire continue.