Bretagne : une mère jugée pour privation de soins sur son fils adolescent
5 octobre 2023 à 6h42 par Marie Piriou
Une mère de famille risque jusqu’à sept ans de prison et 100.000 euros d’amende aujourd’hui devant le tribunal de Rennes. Elle est jugée pour privation de soins envers son fils.
La mère d'un adolescent de 15 ans, qui n'était pas scolarisé ni vacciné et avait été jugé anormalement maigre lors d'un passage aux urgences l'an dernier, comparaît jeudi devant le tribunal judiciaire de Rennes pour "privation de soins".
La mère, originaire d'un milieu aisé, nie toute maltraitance. Dans ses déclarations à de nombreux médias, elle a dit avoir assuré l'éducation de son fils à domicile par ses propres moyens, notamment via des musées, bibliothèques et expositions, et que ce dernier mangeait toujours à sa faim.
Elle est poursuivie pour "soustraction par un parent à ses obligations légales" ainsi que pour "privation de soins ou d'aliments par ascendant". Elle encourt une peine maximale de sept ans de prison et 100.000 euros d'amende.
"Il y a un trop-plein d'affection"
L'avocat de la mère, Me Emmanuel Ludot, a déploré un tel traitement judiciaire pour un dossier "atypique". L'enfant, placé en foyer depuis l'été dernier par la justice, est selon lui "sur-aimé, la maman l'étouffe et lui fait ce qu'il veut, il mange ce qu'il veut, il étudie ce qu'il veut". "Il y a un trop-plein d'affection, contrairement à beaucoup de dossiers d'enfants maltraités où c'est l'inverse", a affirmé Me Ludot.
La mère, qui élevait seule son enfant, né de père inconnu, n'était pas connue des services sociaux.
L'affaire avait pris une dimension judiciaire lorsque le CHU de Rennes avait fait un signalement après avoir examiné l'adolescent, amené par sa mère aux urgences pédiatriques en juillet 2022. Les médecins l'avaient trouvé d'un poids nettement inférieur à la normale et des évaluations auraient relevé des déficits d'ordre éducatif ou intellectuel.
Une enquête préliminaire avait été ouverte et la mère placée sous contrôle judiciaire.
33 kg pour 1,47 m
Pour Me Ludot, elle a eu le tort de refuser de "collaborer avec les services sociaux, c'est ça qui a déclenché" les poursuites.
"Il est certain qu'elle n'est pas dans la norme mais on a l'impression que la justice se jette sur une famille et ne la lâche plus", ajoute l'avocat, qui assure que l'adolescent n'était "ni maltraité ni dénutri" mais a une corpulence "frêle", "33 kg pour 1,47 m" au moment de son placement.
Il réfute également tout retard mental chez l'enfant. "L'aide sociale à l'enfance a constaté qu'il excellait dans certaines matières, comme en littérature, mais a trouvé des lacunes dans d'autres, comme les maths", dit-il.
L'adolescent, interrogé par certains médias, semblait s'exprimer avec aisance. Selon Me Ludot, il n'a toujours pas été scolarisé depuis son placement en foyer.
(Avec AFP)