Cholet basket : il est la voix de la Meilleraie depuis plus de 20 ans !
24 avril 2023 à 5h57 par Morgan Juvin
Cholet basket est connu pour son ambiance particulière dans l’enceinte de La Meilleraie. Une ambiance qui est, en partie due à un homme : Bruno Bodin, speaker de CB.
Le club lui fait confiance depuis la saison 2001-2002.
Alouette s’est intéressée à celui qui porte les supporters à chaque match à domicile de Cholet basket.
Bruno Bodin est prof de français la semaine, et speaker le week-end. Avec humilité, et à quelques jours de la finale retour de Coupe d’Europe FIBA face aux Polonais de Wloclawek (mercredi à 20h), il nous partage plus de vingt années d’expérience, de rencontres et de frissons.
Partons à la découverte de ce métier insolite, et qui constitue la renommée de l’ambiance choletaise.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis Bruno Bodin et je suis un enfant de Cholet Basket, quelque part. Je suis né la même année, à deux mois près, et j’ai grandi avec Cholet Basket. Je suis né tout près de La Meilleraie, j’ai grandi avec toute mon enfance. J’ai plein de souvenirs marqués par Cholet Basket en matière de sport. Pour moi, ça a toujours été important et j’ai toujours été fan. Je suis né avec ça.
Comment vous êtes-vous retrouvé à devenir speaker à La Meilleraie ?
Bizarrement. Une opportunité. J’ai animé deux ou trois courses cyclistes. Parce qu’à l’époque, je faisais du cyclisme. Le speaker du club, un jour, était absent. Je me suis retrouvé au micro sur le podium. Parce que sur le vélo, je m’amusais tout le temps à mimer les speakers. Ce qui faisait beaucoup rire tous mes camarades cyclistes. J’étais plus efficace pour parler que pour pédaler. Et un jour, Cholet Basket recherchait un speaker. Ils ont téléphoné au vice-président du club de vélo de l’époque qui a donné mon nom et, puis, ça s’est fait comme ça. J’ai fait un essai à La Meilleraie. Ça s’est fait très vite, je n’ai pas eu le temps de trop réfléchir, finalement. C’est une opportunité de la vie.
Comment devient-on un bon speaker ?
C’est le feeling et on se forme en pratiquant, en fait. Je ne pense pas qu’il y ait vraiment d’école pour ça. On n’apprend pas, c’est en soi, je pense. Pour autant, tout n’est pas inné. Parce que je ne pense pas que je sois, aujourd’hui, le même speaker qu’il y a 20 ans. Il y a une évolution, on se construit. Il y a des automatismes qui s’intègrent. Malgré tout, c’est beaucoup au feeling.
Avez-vous fait évoluer votre manière d’animer au fil des années ?
J’essaye toujours de rester authentique. Je pense que dans ma manière de faire, ça s’entend, le fait que je sois authentique. Cela étant, il y a sans doute eu une évolution. J’ai du mal à me rendre compte si vraiment il y a eu une évolution. Il faudrait que je puisse me réécouter sur un match d’il y a 20 ans pour voir comment j’ai évolué et ce que j’ai changé dans ma manière de faire, notamment au niveau de l’intonation de la voix, au niveau des interventions, du fait qu’aujourd’hui je montre sans doute beaucoup plus de conviction dans ce que je fais, par rapport à il y a 20 ans. Parce que quand j’ai démarré, j’essayais de ne pas le montrer mais il y avait beaucoup de tensions et beaucoup de trac. Il en existe encore aujourd’hui mais je fais en sorte que le stress ne soit que du positif.
Beaucoup de souvenirs à La Meilleraie
En plus de 20 ans de carrière, est-ce que vous avez un joueur qui vous a marqué plus que les autres ?
On a eu des joueurs emblématiques à Cholet Basket, c’est vrai. Avant que je sois speaker, quand j’étais supporter, c’était Graylin Warner ou Antoine Rigaudeau. En tant que speaker, les joueurs qui m’ont marqué, il y a eu des Américains, des Français, on a eu des gars incroyables. L’année du titre, on a eu Sammy Mejia qui était d’une gentillesse infinie. On a eu des joueurs hyper humbles et accessibles. C’est ce qu’il y a d’incroyable encore aujourd’hui dans le basket, ça fait partie de la magie du basket, c’est que les joueurs sont très accessibles. C’est un peu le profil de l’équipe cette année, on a des joueurs hyper accessibles et qui, humainement, sont tops. Mejia était top, quelqu’un comme Fabien Causeur, Rodrigue Beaubois… Des gens d’une simplicité et d’une grande gentillesse. Comme cette année, Artis, Campbell, Curier, Robineau, Goudou-Sinha, Kim Tillie… Ce ne sont que des gars accessibles et sympathiques. Le public peut aller leur parler à la fin des matchs. Ce sont nos stars et on peut les toucher. Donc pour ça, le basket, c’est génial.
Comment sera l’ambiance mercredi prochain à La Meilleraie contre Wloclawek, selon vous ?
Ça va être comme mercredi dernier, je pense. Ça va être digne d’un match de playoffs. Un match couperet où on sait par quoi ça passe. Je pense qu’on va sentir la ferveur et le bouillonnement dans la salle. La Meilleraie, en plus, naturellement, ça fait beaucoup de bruit. Parce que c’est La Meilleraie, qu’il y a de la tôle et que ça raisonne. Le public choletais sait très bien quand un match est important, et là, tout le monde sait très bien que ce match est crucial dans l’histoire du club. Donc je pense que dès la première minute, ça va être digne d’un match de playoffs. Je ne sais même pas si on m’entendra au micro, finalement.
Est-ce que vous arrivez à sentir dès les premières minutes si l’équipe va être au rendez-vous ou si ça va être compliqué ?
C’est difficile à dire. Parce qu’un match de basket peut basculer énormément. Les scénarios sont toujours un peu imprévisibles. On n’a même pas à douter de l’implication des joueurs. Je pense qu’ils ne pensent plus qu’à ça. Je pense même qu’ils vont trouver le temps long jusqu’à mercredi prochain. C’est très bien qu’ils n’aient pas eu de match ce week-end parce qu’ils ont pu se reposer. On a vu qu’il y avait des joueurs qui avaient terminé le match aller sur les rotules. Je pense que dès les premières minutes, on va les voir se jeter sur les ballons.
Notamment grâce à l’ambiance de La Meilleraie ?
Oui, c’est un ensemble de choses. Je sais que les joueurs sont particulièrement attentifs à l’ambiance. Eux, ils adorent ça. Je pense que ça fait monter le curseur. L’excitation vient aussi du public et ils sont attentifs à ça. Ils sont dans leurs bulles, aussi, mais le bruit qu’il peut y avoir autour, ça va faire monter la dose d’endorphine, je pense, chez eux et ils attendent beaucoup du public.
Est-ce que vous avez un souvenir marquant à nous raconter ?
Pour moi, le meilleur moment et la meilleure ambiance que j’ai pu vivre au micro, c’est le Cholet – Gravelines de l’année du titre. Le match 3, la belle chez nous. Où là, franchement, ce jour-là, j’aurais pu poser le micro, monter en tribune et regarder le match. Il n’y aurait pas eu de speaker ce jour-là, finalement, l’ambiance aurait été la même. C’était complètement dingue et c’est un souvenir hyper marquant. Comme ça a pu être le cas aussi sur certains matchs du Mans.
Être speaker, est-ce que c’est être généreux avant tout ?
Honnêtement, nerveusement en fin de match, parfois, je suis vidé. D’ailleurs, je dors très mal la nuit d’après, je dors très peu. Parce que je suis dans un état d’excitation. Il y a certains matchs où je deviens complètement fou. Mercredi dernier, par exemple, j’ai dormi très peu après le match. Je peux même, parfois, regarder à nouveau le match et le revivre, comme beaucoup de supporters aussi. Le fait de m’exprimer comme je le fais dans mon micro, fait que nerveusement, je monte en pression et cette pression ne retombe pas derrière comme ça, en fait. Parce que je vis le truc à fond.
Quels conseils donneriez-vous, pour conclure, à un jeune qui voudrait devenir speaker ?
Soyez, avant tout, vous-même et laissez parler votre instinct et votre inconscient. Les conseils sont difficiles à donner parce que c’est tellement à l’instinct et au feeling. Ce ne sont que des automatismes.
(retranscription Mikaël Le Gac)