"On récupère les restes des restes"  : la banque alimentaire de Charente-Maritime face au manque de dons

Publié : 28 novembre 2025 à 12h39 par
Romane Hocquet - Journaliste

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Ils vous attendent devant les caisses de votre supermarché. En Charente-Maritime, les 3 500 bénévoles de la banque alimentaire animent ce week-end la collecte des denrées alimentaires. Entretien avec Jean-Yves Cerfontaine, président de l’antenne de Charente-Maritime.

Charente Maritime Banque Alimentaire
Crédit : Alouette | DR

Vous ne pourrez pas les louper : les bénévoles de la banque alimentaire, habillés d’un gilet orange, seront postés dans une centaine de supermarchés du département. La grande collecte a lieu du vendredi 28 au dimanche 30 novembre. En plus de la baisse des subventions publiques, l’association récupère de moins en moins de dons de la part des grandes surfaces. Le nombre de bénéficiaires, en revanche, ne cesse d’augmenter !

Alouette a rencontré Jean-Yves Cerfontaine, président de la banque alimentaire de Charente-Maritime.  

 

Jean-Yves Cerfontaine, président de la banque alimentaire de Charente-Maritime | Alouette DR

 

La collecte de ce week-end, c’est un rendez-vous crucial pour l’association ?

Oui, cela nous permet de récolter environ 10% des denrées alimentaires qui seront redistribuées pendant l’année, soit 120 à 130 tonnes de nourritures et de produits d’hygiène. Après s’il y en a un peu plus, cela nous arrangera vraiment car nous avons plus de bénéficiaires à dépanner. Nous avons ciblé des produits qui nous manquent énormément en ce moment : des plats cuisinés en boîte, type "saucisses-lentilles", du riz ou des pâtes, des produits pour le petit-déjeuner des enfants, comme de la poudre chocolatée, ainsi que des produits d’hygiène. En revanche, nous n’avons pas besoin de produits pour bébé, car nous en avons en grande quantité.  

 

Les étagères sont bien vides avant l'arrivée des denrées du week-end de collecte | Alouette DR

 

 

"Nous sommes les premiers éboueurs du département"

 

En plus de la collecte, quels sont les apports de la grande distribution ?

La grande distribution est passée de 70% à 35% de nos ressources. Il y a moins de produits proposés et toujours du tri à faire dedans. Nous ne récupérons plus que ce qu’il reste après prélèvements des paniers à prix cassés (type "Too Good To Go"). Les produits normaux, on ne les a pas, les produits en voie de détérioration les moins mauvais partent ailleurs. Nous avons les restes des restes destinés à la poubelle sous 3 ou 4 jours. Quand vous récupérez les produits le vendredi et que vous ne distribuez pas avant le lundi, vous voyez ce que l’on fait des produits du vendredi… nous sommes effectivement les premiers éboueurs du département. 

 

Citrons moisis, récupérés dans les grandes surfaces | Alouette DR

 

Des bénéficiaires deux fois plus nombreux depuis le Covid

 

Il y a moins de denrées … mais plus de bénéficiaires ?

Oui, nous avions 9 000 bénéficiaires avant le COVID et nous en avons désormais 20 000. Il y a des gens au chômage, mais nous avons aussi de plus en plus de petits retraités, des travailleurs pauvres, parfois en CDI mais qui ne s’en sortent pas. Et au sein de cette catégorie, de plus en plus de femmes qui se débrouillent avec leurs enfants. Si on ne leur apporte pas une vingtaine de kilos d’alimentation par mois, ils ont du mal à boucler leur budget, car s’ils devaient acheter ça, cela leur coûterait une centaine d’euros.