Hellfest : "Metal Vortex", la bande dessinée inspirée du festival de musique metal

10 mai 2022 à 13h10 par Alexandrine Douet

L'album "Metal Vortex" proposera une plongée au coeur de l'univers de la culture metal, avec une pincée de fantaisie et d'humour.

Maël Nonet, fondateur des éditions nantaises Rouquemoute

C'est une première ! Le Hellfest aura bientôt sa bande dessinée.

En attendant le retour du festival de musiques extrêmes le 17 juin à Clisson après deux ans d'absence, les fans de metal pourront se procurer le premier tome d'une nouvelle collection créée en collaboration avec l'équipe du Hellfest. Déjà disponible en pré-commande avant sa sortie le 3 juin en librairie, cet ouvrage "made in Grand Ouest" (écrit à Nantes et imprimé à Luçon) va bénéficier d'un tirage exceptionnel : pas moins de 30.000 exemplaires seront mis en vente. L'origine du projet, le pitch, les auteurs... Maël Nonet, fondateur des éditions nantaises Rouquemoute, lève le voile sur ce projet un peu fou 

Tout d'abord, comment est né ce projet ?

...Dans un contexte particulier parce qu’on était fin 2020, rappelez-vous, c’était le deuxième confinement et toutes les librairies étaient fermées, les livres étaient cellophanés dans les supermarchés. Donc, c’était une période qui était assez compliquée quand on était éditeur à cette époque-là. C’est à ce moment-là qu’on avait planté les premières graines de ce projet en envoyant une première bouteille à la mer à Benjamin Barbaud, le fondateur du Hellfest, pour lui proposer justement un traitement en bande dessinée de tout l’univers du Hellfest et de la culture du metal et des musiques extrêmes. Donc, ça a démarré comme ça, et après, il a trouvé que l’idée était plutôt bonne. Parce que, finalement, une déclinaison en bande dessinée, ça ne s’était jamais fait avec le Hellfest. On s’est rencontré, on a discuté et on est rapidement tombé d’accord, en fait.

Vous, vous ne dessinez pas ? Vous avez été chargé de réunir l’équipe qui a réalisé la bande dessinée ?

Oui, tout à fait. Au niveau de la maison d’édition, en tant qu’éditeur sur ce projet, on a constitué une équipe. Un peu comme les bonnes séries télé, grosso modo, on a essayé de miser avant tout sur la qualité du scénario. Donc, on a déjà réuni les scénaristes, en l’occurrence, Fabrice Hodecent qui est journaliste, qui habite à La Roche-sur-Yon et qui collabore régulièrement avec "Le Canard enchainé", notamment. Et puis, Jorge Bernstein qui, lui, est vraiment un scénariste de bandes dessinées d’humour, qui sévit dans "Fluide Glacial" et "Spirou", par exemple. Le mariage entre les deux, entre le journaliste d’un côté qui, lui, va vraiment vérifier les informations, faire en sorte que l’univers du Hellfest et de la culture metal soient respecté de manière stricte avec une rigueur de journaliste, et de l’autre, l’apport du scénariste de bandes dessinées d’humour qui, lui, va apporter l’humour et la déconnade fait que, du coup, le cocktail a bien pris. Et puis, donc, Pixel Vengeur au dessin qui, comme Jorge Bernstein, est quelqu’un qui est connu des lecteurs de "Fluide Glacial" puisqu’il y publie régulièrement dedans, c’est vraiment un auteur de bandes dessinées talentueux et réputé comme tel.

Que trouve-t-on dans cette bande dessinée ? Ça raconte l’histoire du Hellfest ? C’est une fiction ?

Ça ne raconte absolument pas l’histoire du Hellfest. C’était la volonté de Benjamin Barbaud. On n’est pas dans une docufiction, ça ne raconte pas l’histoire du Hellfest, on est dans une fiction tout court. Donc, on a inventé trois personnages fictifs et qu’on suit au fil du scénario de ce premier album de la collection annuelle. Parce que c’était aussi la volonté de Benjamin Barbaud qu’on parte sur une collection, il ne voulait pas qu’on fasse, seulement, un album et qu’on se projette déjà dans une série d’albums, ce qui ouvrait le champ des possibles, aussi, du point de vue de la fiction. Donc, on a vraiment ces trois héros qui évoluent dans un décor, un univers de Hellfest, mais, qui ne raconte pas l’histoire du Hellfest.

Quel est le pitch de cette bande dessinée ?

Pour faire un pitch, pour faire un résumé assez synthétique de l’histoire de ce premier album, donc, on a nos trois héros qui tentent de ressusciter Lemmy Kilmister, le chanteur de Motörhead qui a sa statue à côté de la Warzone au Hellfest. Donc, ils font une messe noire, pour ressusciter Lemmy, et bonne nouvelle, ça marche, mais mauvaise nouvelle, Lemmy part ensuite dans les vignes du Muscadet et emporte avec lui l’âme du metal du jour au lendemain, et ça, c’est la tuile. L’âme du metal disparaît complètement de la planète. Donc, pour faire face à ça, par exemple, la municipalité de Clisson transforme le site du Hellfest en mini-golf géant, parce qu’il faut bien donner une vraie utilité à ce site-là. Dans l’album, on peut découvrir, du coup, comment nos trois héros parviendront à réparer leur bourde.

Ça s’est fait rapidement cette histoire ? Y a-t-il eu plusieurs sessions de travail ?

Oui, en fait, au niveau de la création éditoriale, tout est parti d’une première résidence qu’on a pu faire au Hellfest début juin 2021. On a passé deux jours à échanger avec l’équipe du Hellfest et ça a permis de poser les premières bases du scénario et puis de s’imprégner au maximum aussi de leurs univers à eux. Par exemple, on a pu visiter, avec les auteurs, le site du Hellfest mais accompagné par les gens de l’équipe, comme ça, ils ont pu nous raconter aussi des choses. On était en lien direct, en fait, ce qui a beaucoup alimenté et nourrit toute la réflexion autour de l’histoire du premier album. A la suite de ça, Pixel Vengeur, le dessinateur, a pu dessiner les 84 planches jusqu’à janvier 2022, donc, ça fait quasiment 7-8 mois de dessin pour réaliser l’ensemble des planches, c’est très court, en temps normal, il faut beaucoup plus de temps. Pixel Vengeur est quelqu’un qui travaille vite et bien. Du coup, on a pu réussir à faire ce tour de force-là, à préparer l’album en un délai qui n'est pas forcément si long par rapport au délai que demande, normalement, la production d’une bande dessinée.

Justement, la sortie, c’est pour le 3 juin, donc, ça tombe bien, peu de temps avant le Hellfest…

Oui, on n’avait pas le droit d’être en retard, en fait. Parce que le Hellfest, ça fait deux ans que c’est annulé pour cause de Covid-19. Là, ils reviennent avec une double édition qui est historique, en fait. Et donc, on n’avait juste pas le droit de sortir l’album en juillet. Il fallait absolument qu’on soit prêts à temps, et donc, il fallait qu’on tienne nos délais. Donc, l’album sort en librairie le 3 juin, c’est une diffusion en France et pays francophones. Actuellement, l’album est disponible en prévente auprès de la maison d’édition, il y a une campagne qui est en cours sur le site KissKissBankBank, et donc là, les gens peuvent précommander, non seulement, l’album classique, celui qui sera en vente en librairie à 20 euros, mais on a aussi fait des coffrets collector qui sont aussi disponibles dans ces préventes.

L’album sera également disponible sur site pendant le festival ?

Oui, mais pas sur les stands officiels du Hellfest. Parce que, souvent au Hellfest, on achète plutôt des tee-shirts que des livres, un tee-shirt, c’est moins encombrant pour un concert de metal. Donc, il sera en vente sur le site du festival. Il y aura des séances de dédicaces, notamment, les deux samedis en début d’après-midi sur le stand Rock Hard. Et puis, l’album sera surtout très visible et disponible à la vente au E.Leclerc de Clisson qui est situé juste à côté du festival.

Combien d’exemplaires seront tirés pour ce premier album ?

On part sur un premier tirage à 30.000 exemplaires pour l’album classique, ce qui est, à notre échelle, énorme. Puisqu’en temps normal, on imprime à 1.500 exemplaires. Donc, on est sur, forcément, un volume d’exemplaires qui est beaucoup plus important parce qu’il y a, je pense, une réelle demande autour de l’album. Tout le pari de cet album, c’est à la fois d’être irréprochables au niveau des metalleux, d’où l’apport de Fabrice, le journaliste, qui s’est enrichi de plusieurs anecdotes de choses vérifiées et vérifiables, justement, sur la culture metal. Et puis, cet apport de l’humour qui rend aussi tout ça grand public, il y a une double lecture, en fait. Quand on est fan, on va se marrer parce qu’on va voir certains détails, et quand on n’est pas fan de metal et qu’on veut juste une bande dessinée rigolote sur la musique, on va aussi se marrer par l’aspect humoristique de l’album. Donc, on espère un beau succès vraiment populaire.

Est-ce que cet album sera édité en plusieurs langues ? On sait que les fans de metal, il y en a partout dans le monde, et qu’à Clisson en particulier, il y a des festivaliers de toutes nationalités...

C’est quelque chose qu’on n’a pas eu le temps de faire encore. Parce qu’on est aussi une petite structure indépendante, on est 3-4 personnes à Nantes, donc, on est une petite équipe. En tout cas, c’est dans les tuyaux, on y réfléchit.

D’autant plus s’il y a d’autres albums à venir, ça pourrait faire des fans un peu partout dans le monde.

Complétement ! On est lié par une convention de partenariat avec le Hellfest, c’est aussi, quelque part, dans leur intérêt d’avoir un album qui soit aussi vendu à l’étranger. Donc, ça, ce serait intéressant pour tout le monde, après tout.

Vous, vous êtes spécialisé dans ce type de bandes dessinées, l’univers du metal et de la musique ?

Non, pas du tout, à la base. Notre ligne éditoriale est vraiment focalisée sur l’humour. D’ailleurs, Rouquemoute, c’est un nom de maison d’édition qui est complètement con, il ne faut pas se le cacher. Donc, ça donne déjà une idée du ton qu’on peut aborder dans notre ligne éditoriale. On fait de la bande dessinée pour différents publics, que ça soit des enfants ou des grands, nous, notre spécialité, c’est l’humour et le petit pas de côté qui apporte l’humour. L’humour, on peut l’appliquer à plusieurs secteurs différents, y compris la musique. Ce premier album, fait en partenariat avec le Hellfest, le prouve, en fait. C’est que l’humour a, justement, cette capacité à pouvoir vulgariser, finalement, une culture qui peut paraître assez hermétique quand on ne la connaît pas. Là, l’apport de l’humour fait qu’on rend le metal rigolo et pointu aussi, parce qu’il y a plusieurs références pour les fins connaisseurs de la culture metal. Ils pourront lire trois fois l’album, ils découvriront toujours des nouveaux détails, il y en a partout, en fait.

Est-ce que vous êtes un habitué du Hellfest ?

Moi, non. Je n’ai jamais pu aller au Hellfest en mode festivalier, en revanche, on est déjà allé faire du vélo en famille là-bas, donc, le site du festival, je le connais. Mais, je n’ai jamais pu avoir de billet, en fait. Fabrice Hodecent, le coscénariste, a déjà pu couvrir trois éditions du Hellfest en tant que journaliste, donc, non seulement il a pu découvrir le festival de l’intérieur avec, en plus, son œil de journaliste.

Ce sera peut-être pour cette double édition historique cette année ?

Oui ! Cette année, j’aimerais bien y aller, quand même (rires). Maintenant, d’aller au cœur de la tornade, au sein du Hellfest, on a juste envie d’y être, en fait. Donc, évidemment que là, on ne va pas louper l’occasion.

Ça représente quoi comme investissement un tel projet ?

Ce sont des chiffres qu’on communique rarement, mais grosso modo, l’investissement, tout compris pour nous en tant que maison d’édition indépendante, sachant qu’on est en autofinancement à 100%, le Hellfest est partenaire mais n’a rien payé, on est sur environ 200.000 euros, ce qui est en temps normal, le chiffre d’affaires d’une année. Pour nous, c’est un budget hors norme qu’il a fallu financer avec les moyens du bord. On est quand même sur un pari mesuré parce que, je ne suis pas naïf, je sais que le Hellfest est une marque qui est très connue et qui est très sollicitée. D’ailleurs, sur les réseaux sociaux, on se fait pas mal défoncer par des commentaires un peu rageux qui disent : « Encore un projet commercial du Hellfest, encore une machine à sous, etc... ». Alors que pas du tout, en fait. Si vous voyez comment c’est fait en interne… On est une petite structure indépendante, on est des artisans, on a essayé de faire le meilleur travail possible, en bons artisans que nous sommes et en réunissant les meilleurs artisans qu’on avait autour de nous, pour en faire une belle bande dessinée.

Quel est le prix de cette bande dessinée ?

20 euros ! L’album classique en librairie coûte 20 euros, donc, c’est un prix qui est très raisonnable parce qu’on est sur une belle bande dessinée cartonnée de près de 100 pages. C’est imprimé en France à Luçon, ça fait partie des choix économiques qu’on a fait. Ca coûte un peu plus cher mais c’est mieux. Ensuite, le coffret intermédiaire, le coffret qui sera en vente aussi en librairie, il sera à 66,60 euros, ce coffret comprend un cahier additionnel de 40 pages sur les liens qui peuvent unir la bande dessinée, le Hellfest et le metal, et puis, plusieurs goodies (affiches, stickers, etc.).

(Entretien retranscrit par Mikaël Le Gac)

"Metal Vortex" en pré-commande sur la plateforme de financement participatif Kiss Kiss Bank Bank