Indre-et-Loire : des sachets de baguettes contre les violences conjugales

8 mars 2024 à 12h12 par Marion Galard

Une initiative qui existe déjà en Creuse et en Bretagne.

Catherine Bruère (à gauche) et Catherine Sorita-Minard (à droite) ont présenté le dispositif
Catherine Bruère (à gauche) et Catherine Sorita-Minard (à droite) ont présenté le dispositif
Crédit : Marion Galard / Alouette

Depuis ce vendredi 8 mars, et à l’occasion de la journée des droits des femmes, les sachets des baguettes ont changé dans une vingtaine de boulangeries d’Indre-et-Loire : des numéros d’aide aux victimes et un "violentomètre" sont désormais inscrits dessus.

Mis en place par le conseil départemental de l’accès au droit (CDAD) d’Indre-et-Loire, cette diffusion a pour but de sensibiliser les personnes victimes de violences conjugales, mais aussi leurs proches.

Catherine Bruère, la présidente du tribunal de Tours, explique au micro d’Alouette le principe du violentomètre inscrit sur l'un des côtés du sachet des baguettes : "C’est une échelle d’attitudes et de comportements qui caractérise une relation amoureuse". Il y a des comportements qui permettent de constater que la relation est saine, comme ‘mon conjoint accepte ma famille et mes amis’ et plus on descend dans l’échelle vers le rouge, plus il y a des attitudes qui caractérisent une situation de violences et d’emprise".

De l’autre côté du sachet, on trouve des numéros d’écoute et d’urgence pour les personnes victimes de violences conjugales. 50 000 sachets de ce genre sont distribués dans une vingtaine de boulangeries d’Indre-et-Loire depuis ce vendredi 8 mars, notamment à Tours, Saint-Pierre-des-Corps et La Riche, mais aussi en zone rurale.

"La boulangerie est un outil, tout comme ce violentomètre. Ça permet d’entrer en contact avec des personnes souvent isolées, coupées de leur famille et mal insérées", explique Catherine Bruère, qui est aussi présidente du CDAD de Touraine.

 

1 000 signalements par an en Indre-et-Loire

Une initiative jugée essentielle par la procureure de la république de Tours, Catherine Sorita-Minard, alors qu’elle reçoit en moyenne trois signalements par jour pour des violences conjugales depuis trois ans. "Ce qui en fait 1 000 par an", a-t-elle précisé au micro d’Alouette. Parmi les victimes, environ 10 % sont des hommes.

Toujours selon la procureure, "il y a une mobilisation importante ces dernières années sur la prise en charge de ces victimes, les enquêteurs ont été formés".Les enquêtes sont aussi plus approfondies et les alternatives aux poursuites privilégiées (comme des stages de sensibilisation aux violences conjugales, l’interdiction de contact avec la victime, etc.).

Catherine Sorita-Minard rappelle ainsi qu’il y a "15 places dans des appartements dans l’agglomération de Tours pour les auteurs de violences conjugales à qui la justice a demandé de quitter le foyer." Des mesures qui peuvent être prises avant toute condamnation pénale par ailleurs.

 

100 000 sachets distribués entre mars et novembre

50 000 autres sachets seront disponibles le 25 novembre pour la journée de lutte contre les violences sexistes et sexuelles, dans d’autres boulangeries d’Indre-et-Loire. En tout, 100 000 sachets seront distribués dans le département.

Pour autant, cette initiative n’est nouvelle qu’en Touraine. En effet, les premiers sachets de baguettes contre les violences conjugales ont été créés en région parisienne il y a quelques années, avant d’être développés dans d’autres départements et notamment en Creuse et dans le Morbihan. Le violentomètre a lui été créé au Mexique en 2018 et adapté en français par le centre Hubertine-Auclert.