Une jihadiste bretonne renvoyée prochainement devant les assises spéciales

Publié : 21 octobre 2025 à 12h19 par
Adrien Michaud - Journaliste

Adrien Michaud vous informe en Bretagne, chaque jour de 6h à 10h, en direct sur Alouette.

Émilie König, née à Lorient, était une "égérie" du groupe État islamique en Syrie. Elle sera renvoyée devant une cour d'assises spéciale, pour association de malfaiteurs terroriste criminelle.

Un procès vient d’être ordonné contre la djihadiste bretonne Émilie König.
Un procès vient d’être ordonné contre la djihadiste bretonne Émilie König.
Crédit : Archives

Elle aurait recruté plus 200 Françaises pour Daech quand elle était en Syrie. Des juges d'instruction parisiens ont décidé ce renvoi le 16 septembre, a indiqué à l'AFP une source judiciaire, confirmant une information du quotidien régional Ouest-France.

Un renvoi conforme aux réquisitions prises le 29 juillet par le Parquet national antiterroriste (Pnat) qui la présentait comme une "véritable égérie" du groupe État islamique (EI), où elle y a passé dix ans en Syrie. Selon des éléments de son réquisitoire définitif obtenus par l'AFP, le Pnat reproche à Émilie König, née à Lorient, d'être sciemment restée sur place pendant les pires exactions de l'EI en zone irako-syrienne, et d'y avoir agi comme "recruteuse, entremetteuse et propagandiste".

En 2014, l'ONU l'avait placée sur sa liste des combattants les plus dangereux, relevant notamment des vidéos où elle s'entraînait au maniement d'un fusil et encourageait "à commettre des actes violents", dans l'Hexagone contre des institutions ou des épouses de militaires.

 

En prison à Rennes

Émilie König est incarcérée en France depuis son rapatriement de la Syrie en juillet 2022, et depuis 2024, elle se trouve dans la prison pour femme de Rennes.

Après une radicalisation progressive, cette Bretonne était partie en Syrie en 2012, sans ses deux enfants nés en France, pour rejoindre un homme épousé religieusement, issu d'une filière jihadiste de Nîmes, et tué par la suite dans une offensive de l'EI.

Fin 2017, au moment où l'EI est en pleine déroute, Émilie König est arrêtée par les forces kurdes en Syrie qui la placent dans un camp de prisonniers jihadistes du nord-est du pays. Début juillet 2022, elle a été rapatriée parmi un groupe de 16 mères françaises, lors d'un premier retour massif de femmes et d'enfants français depuis la chute en 2019 du "califat" de l'EI.

 

Des regrets, mais un lourd passé

Rencontrée par l'AFP dans le camp de Roj en avril 2021, elle disait vouloir "reprendre une vie professionnelle" et exprimait des "regrets", tout en imaginant échapper à la prison, car elle n'aurait "pas de sang sur les mains".

Pourtant, dans son réquisitoire définitif, le Parquet national antiterroriste estime qu'Émilie König a "massivement alimenté" ses réseaux sociaux de messages pro-État islamique. L'accusation lui prête "une influence voire une implication dans le départ de certaines femmes" vers la zone irako-syrienne.

Le parquet assure aussi qu'elle avait manifesté à l'époque le souhait de combattre, d'intégrer la "police de la charia pour femmes" au service "des exécutions" puis des "interrogatoires" et même de mourir en martyr. Soit, de longue date et avant même son départ en Syrie, "une idéologie extrêmement radicale", selon le Pnat. En avril 2017, Émilie König écrit à sa mère :

"Si je reviens en France, c'est pas pour faire un joli sourire (...) ! C'est pour me faire SAUTER sur les ennemis d'Allah, T'AS BIEN COMPRIS, comme mes frères au Bataclan, comme au stade de France."

Pour l’instant, la date du procès, contre cette ancienne recruteuse de Daech, n’est pas connue.