Jules de The Voice : "C'est une expérience unique"

3 avril 2022 à 9h00 par Arnaud Laurenti

Le talent sablais n'a malheureusement pas été retenu par les coachs à l'issue de la première session des Battles. Il revient sur sa prestation.

Jules de The Voice : "C'est une expérience unique"
Crédit : TF1 | ITV | Bureau 233

Sa voix avait marqué les coachs de The Voice, lors des castings à l'aveugle. Jules Teinturier, de l'équipe de Marc Lavoine, a interprété "Et maintenant" de Gilbert Bécaud aux côtés de Jean-Toussaint et Jérôme Cioni. Il n'a malheureusement pas été retenu à l'issue de ces premières battles de la saison. Entretien.

 

Est-ce que c'était nouveau pour vous de chanter avec d’autres personnes ?

En quelque sorte, oui. Ça m’arrive souvent de pousser la chansonnette avec des amis et avec des collègues de travail. Mais c'était assez nouveau de partager la scène avec d’autres personnes en tant que chanteur lead et face à un public. C'était assez inédit pour moi.

 

Le fait de chanter avec d’autres chanteurs, ça a été compliqué à appréhender ?

En fait, ce qui est spécial, c’est que lorsqu'on reçoit notre chanson, on a tout de suite une découpe du texte qui est faite et donc un partage. Forcément, il faut être à l’écoute des autres et, surtout que tout le monde soit d’accord avec ce partage du texte.

Les chansons ne sont pas forcément faites pour être divisées en trois à la base. C’est tout une appréhension à faire avant d’arriver à quelque chose qui soit satisfaisant pour tout le monde et que tout le monde ait une place qui lui convient dans la chanson. Surtout sur un enjeu comme celui-ci, c’est compliqué. Mais, en réalité, ça s’est très bien passé.

 

Ça change quoi à l’approche de la scène, à la manière dont on va faire sa prestation sur scène, c’est différent ?

C’est vrai que c’est un peu différent. Normalement, on est juste à l’écoute de soi et simplement du public en face. Donc, c’est un peu spécial. Il y a un échange entre les artistes sur scène. Je devais écouter mes amis qui chantait avec moi sur scène, et en même temps, essayer de me connecter au public, essayer d’être présent pour lui sur une durée très courte. Ça passe très vite, donc c’est difficile de se souvenir de ce qu’il s’est passé et de visualiser ce qu’il se passe au moment où on le fait.

 

Est-ce que vous avez eu le temps de répéter un petit peu ensemble avant ?

Oui, on a eu trois moments vraiment complets, et le jour même, on l'a refait plusieurs fois avec la coach vocale. Il y a une grande journée de répétitions où on fait une sorte de balance, où on répète la chanson sur le plateau. Ça permet quand même d’appréhender la chose.

En gros, l’arrangement de la chanson est posé dès le début, on sait exactement comment ça va se passer, avec quelle structure. Ça peut être un peu frustrant parce qu’il y a très peu de choses qui bougent : on n’a pas beaucoup le temps de discuter de comment on va faire la chanson et de quelle manière. Mais, en soit, c’est pas mal parce qu’on a suffisamment de temps pour bosser pour que ce soit bien dans cette version-là.

 

Votre voix est assez unique. Habituellement, vous créez votre univers, porté par elle. Le fait d'avoir dû créer un univers à trois voix, ça a changé quoi dans votre interprétation ? A-t-il fallu vous limiter ?

Je ne pouvais pas forcément être aussi libéré et fou que d’habitude. C’est-à-dire que, normalement, je me laisse complétement aller. Là, effectivement, il y a quand même un dialogue à assurer. Pour que le dialogue se passe avec les autres artistes, il faut aussi beaucoup les écouter, et en quelque sorte, laisser de la place aussi. Je ne me suis pas du tout senti limité. Simplement, ce n’était pas du tout l’exercice et ce que je fais d’habitude. C’était super intéressant et je pense que, de ça, j’ai appris plein de trucs.

C’est vraiment une autre approche de la scène d’être avec d’autres artistes.

 

C’est à la fois frustrant, et en même temps, intéressant ?

Oui, ce n’est pas le même travail. Je trouve ça passionnant de chanter sur scène avec d’autres personnes mais c’est frustrant, parce que moi, normalement, je ne réfléchi pas trop sur scène. Là, je n’ai pas réfléchi parce qu’on avait beaucoup répété. C’est vrai que ça demande plus de travail, plus de finesse… D’avoir des placements de voix quand on chante ensemble, où on s’entend tous, où ça a l’air propre, où tout est vraiment très bien calé…

Il faut vraiment s’écouter. On ne peut pas s’écouter soi seulement, on ne fait pas ça que pour soi quand on est sur scène avec d’autres personnes. Il faut aussi donner aux artistes qui on partage la scène. Quand on chante à plusieurs, c’est vraiment très important de mettre en valeur les autres pour que ce soit bien, pour que ce soit beau.

 

Sur scène, vous avez interprété "Et maintenant" de Gilbert Bécaud. Est-ce que le choix du titre vous a surpris ?

Ma première réaction, ça a été : "Ah, ok…" (rires). C’est un classique énorme et je ne m’attendais pas du tout à ça en fait. J’étais un peu coi et bouche bée, mais en fait, assez content parce que c’est une chanson que je connais bien, que je me voyais bien m’approprier.

C’était plutôt une bonne nouvelle mais je ne m’attendais pas à m’attaquer à une chanson des années 60 de Gilbert Bécaud (rires). C’est un classique qui a fait le tour du monde, qui a été chanté par tellement d’interprètes, c’est incroyable.

 

De devoir se réapproprier un classique qui a déjà été repris de nombreuses fois reprendre, c’est particulier aussi parce qu’il faut ajouter sa touche. Ça a engagé des discussions entre vous ?

Oui, c’est sûr. Tout de suite, quand on sait la chanson mais qu’on ne sait pas comment le titre va être approché par l’émission, on s’imagine énormément de choses. Je me suis mis à écouter en boucle des versions que j’adore, notamment une version de Barbara Streisand que je trouve incroyable, qui est une version beaucoup plus jazz. Je me suis fait des films un petit peu sur le morceau (rires).

Ensuite, est arrivé le moment où on doit vraiment faire la chanson et on se rend compte que c’est très difficile de se la réapproprier tout de suite, surtout dans le cadre d’un travail à trois. Ce qui était le plus surprenant, c’est de savoir qu’on formait un trio, et non un duo, et de faire une chanson qui a beaucoup été chantée en solo, c’était très spécial. Et quelque part, on avait déjà notre touche d'originalité sur la chanson, parce que la faire à trois, c’est quelque chose qui est déjà presque unique.

 

Comment s’est déroulée la prestation sur scène ?

Sur scène, je me suis senti complètement habité par la chanson. J’étais très ému ! En fait, c’est une chanson dont l’histoire me parle beaucoup. Du coup, j’ai pu quand même être complétement dans l’histoire que je racontais.

Ce qui est super beau, quand on chante à trois, c’est que j’avais l’impression de faire partie d'un tout. Je me suis juste senti complétement relié à ce qui se passait, surtout que là il y avait du public, ça fait aussi beaucoup de bien, l’énergie était super agréable. Je me suis complètement relâché, et en même temps, j’étais très tendu par la chanson parce que c’est une chanson qui est très solennelle, dure et triste.

 

Quelle a été la réaction des coachs à l’issue de votre prestation ?

La réaction des coachs a été assez unanime sur le fait que le trio était vraiment super uniforme, super beau, super bien travaillé. La réaction a été assez unanime aussi envers Jérôme. Ils ont dit qu’il avait tout fait. Moi, je n’ai eu aucuns coachs de me côté (rires). Donc, c’était un peu difficile.

Mais, en tout cas, il me semble que la prestation a été vraiment appréciée pour nous trois. On s’est mis en valeur les uns les autres, ce qui était mon objectif à la base, j’étais ravi de ça. C’est vrai que je me sentais très détendu, très bien et très heureux, une fois que j’étais sorti de ma prestation et de l’émotion de la chanson. Tout le poids était retombé d’une certaine manière.

Je n’ai pas eu beaucoup de retours. Je crois que Florent Pagny a dit que mes graves avaient beaucoup servi les autres. Sur le coup, j’ai surtout eu l’impression d’avoir été utile à la chanson et d’avoir bien fait les choses mais que ça n’avait pas percé dans le trio à ce moment-là.

 

Vous vous attendiez peut-être à plus de retours ?

Oui, en tout cas, je ne m’attendais pas à ça. Je trouve qu’on a tous les trois fait une superbe prestation. Je m’attendais à avoir au moins un retour un peu plus fourni sur ce que je proposais. Mais je comprends que d'avoir un retour précis sur chacun des candidats, surtout lorsqu'on est trois, ce n’est pas facile non plus dans le cadre de l’émission.

J’avais vraiment le sentiment que Jérôme avait brillé, ce que je comprends tout à fait, il a une approche très pure dans ce qu’il fait. J’étais aussi un peu déçu pour mon ami Jean Toussaint qui était juste à côté de moi. On est trois, c’est-à-dire que s’il y a une personne qui est choisie, on est deux à partir. Donc, c’était un peu dur mais on était aussi très heureux d’avoir vécu ça tous ensemble.

Ensuite, la décision de Marc Lavoine est tombée, et là, on a eu un peu plus de retours. Il a donc fait le choix de Jérôme. Mais, c’était plutôt un moment très beau, j’avais l’impression de me sentir super bien à ce moment-là, super léger en tout cas.

 

Qu’est-ce que vous retenez de l’aventure The Voice ?

Je retiens beaucoup de rencontres, beaucoup de sourires et beaucoup de belles énergies, c’est surtout ça. D’être passé sur un plateau télé aussi, c’est incroyable. C’est une expérience unique. C’est beaucoup de gratitude, en fait, d’avoir pu vivre ça.

 

Est-ce que cette expérience va vous apporter quelque chose dans votre projet ?

Oui, je pense que ça va m’apporter beaucoup. Ce qui est super agréable, c’est qu’il y avait beaucoup d’univers très différents. On est beaucoup à faire des choses très personnelles, un peu uniques. On est tous uniques à notre manière. Ça me pousse juste à rester moi-même le plus possible, à ne rien changer, en fait (rires).

Je me suis senti bien et respecté dans ce que je proposais. Ça ne m’a pas remis particulièrement en question, ce que j’espérais peut-être un peu plus mais je me suis rendu compte qu’il fallait simplement que j’essaye, peut-être, de simplifier les choses en général, de moins réfléchir. Parce que j’adore être sur scène et qu’il faut simplement le savourer. C’est ce que j’ai réussi à faire, je pense.

Je vais continuer à le faire comme ça et essayer de rester ouvert aux autres comme j’ai pu l’être dans The Voice. Parce que ça m’a vraiment fait du bien de rencontrer tous ces gens.

 

(Entretien retranscrit par Mikaël Le Gac)