La fin de la collecte des textiles dans les bornes Le Relais

Publié : 17 juillet 2025 à 14h07 par
Thierry Matonnat - Journaliste

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L’entreprise sociale Le Relais suspend la collecte des vêtements et chaussures au niveau national pour alerter sur ses difficultés économiques.

Action de terrain Le Relais
Crédit : Le Relais

Spécialiste de la valorisation des vêtements, cette société coopérative et participative de la branche "économie sociale et solidaire" du mouvement Emmaüs, est devenu en 40 ans le leader français dans la collecte, le tri et la valorisation des textiles en France.

Depuis ce mardi 15 juillet, le réseau de collecte Le Relais s’est arrêté et plusieurs actions coup de poing ont été menées à Limoges, Nantes, Rennes ou La Rochelle. Objectif : dénoncer "l’asphyxie organisée" par l’éco-organisme Refashion qui finance cette collecte en versant une compensation de 156€/tonne au Relais alors que le coût net réel du tri est 2 fois plus élevé, selon le cabinet indépendant Deloitte.

Lionel Lefort, directeur de la plateforme le Relais 23 à Saint-Maurice-La-Souterraine (Creuse), explique que "faute de financement suffisant de la part de l’éco-organisme agréé, la filière est menacée. Les coûts de tri ne sont plus couverts, les collectes deviennent intenables (…) et les emplois solidaires sont en périls (..) pourtant le consommateur doit savoir qu'il paie 2 centimes d'euros à chaque fois qu'il achète un vêtement en France pour financer le tri et le recyclage via Refashion". Le directeur s’interroge sur sa capacité à régler les salaires du mois d’août. Le Relais 23 emploie 45 salariés sur le site de La Croisière.

Selon Le Relais, près de 3 000 emplois seraient menacés au niveau national.

De son côté, l’éco-organisme agréé Refashion dénonce "les actions coup de poing qui se multiplient ces dernières heures et aux accusations tendancieuses et inexactes relayées souhaite rétablir la réalité sur le fond du sujet".

 

Un système de gestion des textiles et chaussures usagés à bout de souffle ?

Selon Refashion, "Le modèle sur lequel repose aujourd’hui l’essentiel de la filière – un export massif de vêtements usagés vers l’Afrique – n’est plus viable, ni économiquement, ni écologiquement. Persister dans cette voie, c’est continuer de maintenir un système sous perfusion".

L’éco-organisme agréé par l’État "appelle à sortir de ce système d’export massif, pour engager collectivement une nouvelle étape : celle d’une filière plus circulaire, plus locale, et plus responsable".

Pour Maud Hardy, directrice générale de Refashion, "on ne peut pas éternellement financer un modèle qui n’évolue pas. Nous devons collectivement inventer autre chose".

Refashion rappelle dans un communiqué qu’il a formulé une proposition d’aide d’urgence revalorisée à 192 €/tonne, soit +23 % par rapport au soutien actuel, pour accompagner les opérateurs dès 2025 (en addition à celle de 6M€ précédemment activée en janvier 2025). Cette proposition a été élaborée dans le cadre du Comité Observatoire et qu’il attend aujourd’hui l’aval des pouvoirs publics pour être déployée.

L’éco-organisme dit aussi "travailler étroitement avec les pouvoirs publics, comme toutes les parties prenantes, à l’élaboration du nouveau cahier des charges, plus ambitieux et plus adapté aux défis actuels. Ce nouveau cadre entrera en vigueur début 2026 et permettra de valoriser et recycler plus de textiles et chaussures en France et en Europe, de réduire fortement le recours à l’export, de favoriser la seconde main locale et les innovations circulaires, et d’assurer un financement équitable et durable pour tous les opérateurs".

En attendant de trouver un terrain d'entente avec l'éco-organisme Refashion, le réseau Le Relais demande à la population de ne plus déposer de vêtements ou de chaussures dans les bornes de collecte jusqu’à nouvel ordre.