Mehdi Garrigues, marionnettiste à Tours, expose ses œuvres

Publié : 7 novembre 2025 à 6h53 par
Nicolas Mézil - Journaliste

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Jacques Chirac, Roger Federer, Coluche et Robert Hue sont en Touraine… ou plutôt leurs marionnettes. Mehdi Garrigues, spécialiste de la conception de marionnettes installé à Tours, et à qui l'on doit notamment Jean-Marc de Jeff Panacloc, expose ses œuvres et quelques spécimens du patrimoine de la télé à Saint-Avertin. Rencontre.

Marionnettes de Roger Federer et Jacques Chirac
Les marionnettes de Roger Federer et de Jacques Chirac
Crédit : Mehdi Garrigues | DR

C'est votre métier à vous de créer des marionnettes aussi. En quoi ça consiste exactement et comment ça fonctionne ?

Je suis concepteur de marionnettes, c'est-à-dire que je crée des marionnettes pour la télévision, le théâtre, la publicité, les comédies musicales… Donc je conçois et je fabrique. Et en même temps, en télévision, je manipule des marionnettes que j'ai faites ou que je n'ai pas faites. Les deux sont possibles. Je fabrique et après, je donne vie au personnage.

 

Quel est le processus pour fabriquer la marionnette ?

La personne, c'est-à-dire le producteur ou le ventriloque, le client, vient me voir avec une idée plus ou moins précise. Et à partir de là, on va dire qu'il y a une idée. Et après, ça a moyen de matérialiser l'idée dans la réalité. Donc on réfléchit. Il y a la personnalité du personnage, comment il est, comment il sera animé. C'est très important.

Ensuite, on fait un design. À partir du design, on fait un prototype qui va permettre de répondre à pas mal de questions techniques. Et ensuite, je fais la vraie marionnette.

Ça peut être assez long. Le maximum, ça a été un an. Le plus court, en général, c'est trois semaines.

 

Comment vous êtes "tombé" dans le métier de concepteur de marionnettes ?

En fait, on rentre dans ce métier-là par passion. Donc oui, c'est un métier passion. Quand j'étais petit, il y avait beaucoup de marionnettes en télévision. J'ai été nourri par ça, par Les Minikeums, Les Guignols, Le Bébête Show, Alf, Les Muppets, etc.

En étant nourri par ça, ça m'a intéressé. Cet aspect des personnages qui sont à la fois dans l'imaginaire mais en même temps dans la réalité. Donc le petit que j'étais était assez admiratif de ça. Et puis j'ai commencé à fabriquer mes propres marionnettes parce que je n'en trouvais pas dans le commerce.

En fabriquant, c'est comme ça que je me suis confronté à la problématique de du fonctionnement, de la fabrication, quel matériau on utilise… parce qu'on ne fait pas ce qu'on veut avec les matériaux. On est obligé de respecter les problématiques physiques. Et puis après, comment on fait pour qu'esthétiquement ça fonctionne bien, que ce soit beau. C'est comme ça que j'ai appris.

C'est dans ce cadre-là que vous avez fait connaissance d'Alain Duverne qui est donc le papa des marionnettes du Bébête Show, des Guignols et des Minikeums. Finalement, il avait des réponses à beaucoup de mes questions. Donc j'ai absolument voulu le rencontrer. Et puis on est devenus amis. C'est un peu devenu mon mentor dans la marionnette. Je continue de le voir toujours aujourd'hui. Et ça continue plus de 20 ans après.

Désormais, on s'occupe beaucoup de ses archives. J'essaie de faire en sorte que les photos, les dessins, les croquis du Bébête Show des années 80-90, qu'on croyait perdus et qu'on a retrouvés, que tout ça ne disparaisse pas, c'est très important.

Et c'est la même chose avec d'autres comme Yves Brunier, qui était l'un des papas de Casimir…

 

Vous êtes aussi le créateur de Jean-Marc, le singe de Jeff Panaclocq. C'est une fierté aujourd'hui de voir l'ampleur, la célébrité qu'il a prise ? Peut-être une frustration de ne pas le manipuler ?

Pas du tout une frustration ! Non, non, je suis extrêmement fier. Quand on voit le talent de Jeff, j'ai envie de dire que c'est mérité parce qu'il lui donne vie avec brio.

On dit, pour rire avec Jeff, que lui c'est le papa et moi je suis la maman de Jean-Marc. Donc Jean-Marc, c'est un petit peu mon gamin aussi.

Je suis extrêmement fier de voir qu'il avance. Et je ne suis pas frustré parce qu'au contraire, il vit sa vie tout seul. Ça, c'est extrêmement intéressant. C'est un peu comme Pinocchio, c'est-à-dire qu'il est connu par des millions de personnes. Il joue dans le monde entier parce qu'il a joué à Las Vegas, il a joué à Londres, il a joué à New York. Il remplit les Zéniths.

Comme je vous dis, j'ai été bercé avec tout ça et du coup, voir un personnage, en mousse et en fourrure, prendre vie dans l'esprit des gens, c'est-à-dire que les gens, ils ont vraiment l'impression qu'il est vivant. Pour moi, là, la magie opère. Et, je suis très content.

 

L'exposition "Des marionnettes à l'écran" c'est samedi 8 et dimanche 9 novembre, de 14h à 18h à l'Orangerie du domaine de Cangé, à Saint-Avertin.