"Des quantités dérisoires" : le bilan décevant de la pêche aux pétoncles en Charente-Maritime

Rôtis à la poêle avec du beurre et de l’air ou crus avec un trait de jus de citron. Autant de recettes pour cuisiner les pétoncles, un coquillage très prisé sur les tables des fêtes. Encore faut-il en trouver à la criée ou sur les étals de votre poissonnier !

Une pêche divisée par cinq

"Les quantités pêchées sont dérisoires : 50 à 60 kg par marée cette saison, alors qu’en temps normal, on pouvait grimper à 300, 400 kilos", regrette Patrick Le Floch qui revient du pertuis breton. L’homme est le capitaine de "Quic en Grogne", un bateau rouge qui jette l’ancre au port de Chef de Baie, à La Rochelle.

Patrick Le Floch est pêcheur depuis 15 ans.

Ce 17 décembre, c’était d’ailleurs la dernière sortie de l’année pour espérer trouver des pétoncles. Seuls cinq jours de pêche avaient été validés par le comité départemental des pêches maritimes et des élevages marins de Charente-Maritime (CDPMEM).

"Les pétoncles ont des soucis pour se reproduire et on ne sait pas exactement pourquoi. Nous avons des difficultés à stabiliser cette espèce", explique à l'AFP Philippe Micheau, président du CDPMEM.

"On s'attendait à mieux que ça"

Une reprise attendue donc après trois ans d’interdiction, liée à une mortalité soudaine du coquillage, cousin de la coquille Saint-Jacques. "On avait fait des prospections et on s’attendait à mieux que ça", explique le pêcheur qui a 15 ans de carrière. D’ailleurs, cette année, seule une dizaine de bateaux sont sortis en mer pour chasser le pétoncle alors "cela pouvait monter à quatre-vingt il y a quelques années."

Plus rares, les pétoncles se vendent aussi plus chers : 20 à 30€ le kilo.

Mortalité et pollution de l’eau ?

Sur son bateau, il ramène aussi beaucoup de coquillages morts. 

"Sur les côtes, la mortalité des pétoncles est relativement massive et catastrophique, mais plus on descend, plus on s’éloigne des côtes, on voit que les gisements sont en pleine forme."

Une surmortalité survenue à la fin de l’été, d’après Patrick Le Floch qui ne peut s’empêcher de pointer du doigt la pollution de l’eau : "Cela peut être lié à l’activité nautique, le surcroît de bateaux pendant l’été, tout ce qui sort du pot d’échappement si dissout dans l’eau et cela peut déséquilibrer le milieu au bout d’un moment."

Point positif : les pétoncles - plus rares - se vendent aussi plus cher, en criée et dans les marchés : "20 à 30 euros le kilo, contre 15 euros le kilo dans une saison traditionnelle." Le pêcheur rochelais est toutefois optimiste pour l’avenir : "Il y a de petits pétoncles qui seront vendables d’ici 2 à 3 ans dans une grande majorité des zones, donc c’est la bonne nouvelle."

Avec AFP