Michel Pialle : les détails de l’instruction
16 juin 2023 à 18h30 par Denis LE BARS
La procureure de la Roche sur Yon a publié un communiqué précisant le déroulement de l’enquête jusqu’à la mise en détention et l’incarcération du mari de Karine Esquivillon.
Le communiqué d’Emmanuelle Lepissier, procureure de la République permet d’en savoir plus sur la chronologie et les circonstances de cette affaire, depuis la disparition de Karine Esquivillon jusqu’à la mise en détention de son meurtrier présumé ce vendredi 16 juin.
On y apprend notamment que Michel Pialle est passé aux aveux au terme de sa quatrième édition.
Le communiqué de la procureure :
« Le 10 avril 2023 le parquet des Sables d'Olonne a ouvert une enquête préliminaire aux fins de recherches des causes de la disparition inquiétante de Karine Esquivillon née le 19 mars 1969 de son domicile à Maché où elle résidait avec Michel Pialle (né le 5 octobre 1971 à Paris) et avec lequel elle était mariée depuis 8 ans et leurs deux enfants mineurs respectivement nés en 2009 et 2011.
Les premières investigations permettaient de confirmer que Michel Pialle avait signalé par main courante du 3 avril 2023 à la brigade de gendarmerie de Challans le départ de son épouse du domicile conjugal le 27 mars précédent. Il précisait qu'elle avait emporté sa carte bancaire, une somme de 14 000 € en espèces, des pièces d'or pour une valeur de 30 000 € et un sac d'effets personnels. Les investigations téléphoniques permettaient également d'établir l'envoi, jusqu'au 31 mars 2023 de sms émis à partir du téléphone portable de Karine Esquivillon à destination d'une voisine et de ses enfants, le dernier sms datant du 31 mars 2023 ayant été adressé à la plus jeune fille du couple, l'informant d'un départ à l'étranger avec un ami.
Le 9 avril 2023 le téléphone portable de Karine Esquivillon était retrouvé, allumé et sans carte SIM, en bordure de route au lieu-dit La Marchandière à Maché par le maire de cette commune qui le déposait dans la boite aux lettres de Michel Pialle après avoir reconnu la photographie de l'un des enfants du couple sur l'appareil.
Le 11 avril une perquisition était effectuée, avec l'assentiment de Michel Pialle au domicile du couple qui amenait à la découverte de plusieurs armes de poing et d'épaule qui étaient saisies ainsi que le véhicule utilisé par Karine Esquivillon.
Le 17 avril 2023 le parquet des Sables d'Olonne s'est déssaisi au profit du parquet de La Roche sur Yon compétent pour la Vendée en matière criminelle.
Le même jour le parquet de La Roche sur Yon a ouvert une information judiciaire contre X du chef d'enlèvement et séquestration volontaire sans libération avant le 7ème jour, étendue par réquisitoire supplétif du 12 juin 2023 aux faits de meurtre. Deux juges d'instruction sont co-saisis de cette procédure.
L'enquête a été confiée par les magistrats instructeurs à la Section de Recherches de la gendarmerie de Nantes en co-saisine avec la Brigade de recherches de la gendarmerie de La Roche sur Yon.
Un appel à témoins a été diffusé le 9 mai 2023 qui a permis de recueillir des éléments sur la personnalité de Michel Pialle.
A l'issue d'investigations techniques notamment téléphoniques et d'auditions de l'entourage de Karine Esquivillon, Michel Pialle a été interpellé à son domicile et placé en garde à vue sur commission rogatoire des juges d'instruction dans les locaux du groupement de gendarmerie de La Roche sur Yon le 14 juin 2023 à 8h25.
Une deuxième perquisition réalisée à son domicile a permis la découverte de la carte d'identité de Karine Esquivillon. Le véhicule utilisé par Michel Pialle a été saisi.
Sa garde à vue a été prolongée le 15 juin 2023 pour une durée de 24h.
Selon la stratégie d'enquête déterminée avec les magistrats instructeurs la Section de recherches de la gendarmerie de Nantes et le groupement de gendarmerie de Vendée ont déployé d'importants moyens humains et matériels dans le cadre de cette enquête. Outre les 21 militaires affectés la cellule d'enquête sont intervenues la cellule d'identification criminelle, la brigade nautique et la cellule départementale d'observation et de surveillance du groupement de gendarmerie, la section aérienne de gendarmerie, des équipes cynophiles spécialistes en recherche des restes humains, le coordonnateur de la criminalistique 44 ainsi que des enquêteurs spécialisés, du département de Sciences du comportement de la gendarmerie nationale et de l'Institut de recherches criminelles de la gendarmerie nationale (IRCGN).
A l'issue de sa quatrième audition, en présence de son avocat, Michel Pialle a indiqué avoir tué son épouse le 27 mars 2023 d'un coup de carabine 22 Long Rifle équipée d'un silencieux. Il a indiqué qu'il n'avait pas vu que la carabine, qu'il prenait en photo en vue de sa mise en vente sur internet, était chargée et que le coup de fusil était parti accidentellement.
Selon ses explications Karine Esquivillon, blessée au flanc gauche, est décédée très rapidement après lui avoir demandé de faire appel aux services de police et qu'il ait essayé de la ranimer.
Il a indiqué qu'il avait ensuite pris peur et était allé déposer le corps de son épouse dans un terrain privé à proximité de la commune de Challans et avait jeté l'arme dans le lac de Maché où elle n'a pas été retrouvée à ce stade des investigations.
Il a indiqué avoir jeté le téléphone portable de Karine Esquivillon quelques jours après les faits. Un corps féminin a été retrouvé sur le lieu indiqué par Michel Pialle le 16 juin 2023. L'autopsie aux fins d'identification formelle aura lieu le 17 juin 2023 à l'IML de Nantes.
A l'issue de sa garde à vue Michel Pialle a été présenté aux magistrats instructeurs co-saisis le 16 juin 2023. Lors de son interrogatoire de première comparution Michel Pialle a fait des déclarations spontanées conformes à celles de sa dernière audition : il a indiqué qu'il était en train de faire une photographie de cette arme qu'il pensait ne pas être chargée et qu'il avait tiré involontairement.
Il a été mis en examen du chef de meurtre par conjoint au préjudice de Karine Esquivillon.
Conformément aux réquisitions du parquet Michel Pialle a été placé en détention provisoire à l'issue d'un débat contradictoire devant le juge des libertés et de la détention. Il fera l'objet sur décision des magistrats instructeurs d'une mesure d'isolement judiciaire. »