Air France : jusqu’à 10.000 emplois pourraient être supprimés
Publié : 18 juin 2020 à 7h22 par Nicolas Mezil
Air France devrait annoncer prochainement la suppression, sur la base du volontariat, de plusieurs milliers de postes, pour faire face à l'impact de la crise liée au coronavirus sur son activité, ont affirmé mercredi plusieurs sources syndicales.
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Selon Les Echos, "le plan de reconstruction d'Air France (...) devrait compter de 8.000 à 10.000 suppressions d'emplois, soit 15% à 20% des effectifs de groupe".
En février, avant le confinement décidé en France face à l'épidémie de Covid-19, la direction avait présenté une gestion prévisionnelle de l'emploi et des compétences (GPEC) qui prévoyait la suppression -via des départs non remplacés- de 1.510 postes d'ici fin 2022, presque exclusivement au sein du personnel au sol.
La crise sanitaire et l'arrêt brutal de son activité ont rebattu les cartes, amenant le groupe aérien à revoir cette GPEC. Une version actualisée doit être présentée aux organisations syndicales fin juin ou début juillet et prévoir des milliers de suppressions de postes à un horizon plus proche, selon plusieurs sources concordantes.
Pour le personnel au sol, les suppressions de postes doivent passer par un plan de départs volontaires, ont indiqué plusieurs d'entre elles, confirmant des informations du journal Les Echos.
Les pilotes et les PNC (hôtesses et stewards) négocient chacun de leur côté une rupture conventionnelle collective (RCC), un dispositif récent qui serait utilisé pour la première fois dans le groupe. Il présente pour l'employeur l'avantage de pouvoir réembaucher peu après en cas de reprise du transport aérien, contrairement au plan de départs volontaires.
Les personnels au sol les plus concernés, Hop! impactée
Beaucoup d'inconnues demeurent mais quelques chiffres, encore en discussion, commencent à sortir. "Pour l'instant, rien n'est confirmé", prévient Guillaume Schmid, vice-président du SNPL Air France-Transavia, majoritaire parmi les pilotes. "Côté pilotes d'Air France, on discute d'un dispositif de rupture conventionnelle collective" et de 400 postes supprimés, un chiffre "à prendre avec des pincettes" car la compagnie "doit conserver sa capacité de rebond", a-t-il déclaré.
"En parallèle, il y a aussi des discussions" sur l'avenir des quelque 200 pilotes qui volaient sur l'A380 -modèle qui va sortir de la flotte- et qui "se retrouvent sur le carreau", a-t-il ajouté, disant souhaiter "aboutir assez vite".
Chez les hôtesses et stewards, "un sureffectif de plus ou moins 1.800 postes a été identifié", a indiqué à l'AFP Olivier Lavielle du syndicat SNGAF. La RCC encore en discussion doit permettre "d'inciter les salariés qui sont le plus proche de la retraite à partir de manière anticipée, avec une prime", ajoute-t-il.
Concernant le personnel au sol, Didier Dague, administrateur salarié (FO) d'Air France, avait affirmé en mai que la direction évoquait "une réduction de 30% des effectifs dans les fonctions support" (principalement les services administratifs), soit "environ 1.800 postes".
Chez Hop!, filiale régionale d'Air France particulièrement menacée par la refonte du réseau court-courrier du groupe, Joël Rondel, secrétaire du comité social et économique (CSE), redoute la suppression de la moitié des 2.700 postes actuels. Les sites de Morlaix, dans le Finistère, et de Nantes seraient menacés.
De son côté, la direction d'Air France n'a pas souhaité faire de commentaire.
Pas de départs contraints, demande Bruno Le Maire
Le gouvernement demande à Air France de ne pas engager de départs "contraints" dans le cadre de son plan de transformation, a affirmé ce jeudi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, alors que des milliers de postes sont menacés au sein de la compagnie selon les syndicats.
"Il y aura des ajustements nécessaires, mais je souhaite et je demande à Air France qu'il n'y ait pas de départs forcés. Je crois que c'est ça la ligne rouge importante, qu'il n'y ait pas de départs contraints", a déclaré le ministre.
Le ministre n'a toutefois pas confirmé le chiffre de 8.000 suppressions d'emplois au sein de la compagnie. "Je souhaite que ce soit moins de 8.000 postes bien entendu. Cela veut dire que je crois profondément dans l'avenir de notre compagnie aérienne", a affirmé le ministre.
(Avec AFP)