Altice se sépare du journal Libération

Publié : 14 mai 2020 à 12h31 par Arnaud Laurenti

La nouvelle a été diffusée en interne par un courriel que l'AFP a pu consulter. Altice France prévoit de transférer le journal dans une société à but non lucratif, un dispositif inédit pour un quotidien en France.

ALOUETTE
Crédit : Wikipedia

Altice France se sépare du journal Libération pour le transférer dans une société à but non lucratif, un dispositif inédit pour un quotidien en France, et s'engage à éponger ses dettes, selon un courriel envoyé en interne et consulté par l'AFP.

"Cette nouvelle structure garantit à Libération sa totale indépendance éditoriale, économique et financière". Elle sera "présentée aux instances représentatives du personnel" et déclenchera l'ouverture de la clause de cession, précise le document.

Sur le modèle de Mediapart

"Les droits actuels de la rédaction seront intégralement maintenus et garantis", ajoute le texte. Libération compte 200 salariés.

Concrètement, Altice France (également propriétaire de BFMTV, RMC et SFR) va créer un "Fonds de Dotation pour une presse indépendante", qui acquerra, via une filiale (Presse Indépendante SAS) le journal, sa régie et sa société de développement technologique.

Ce dispositif s'inspire de celui adopté par Mediapart en 2019, lui-même imaginé à partir du modèle unique au monde du "Scott Trust", qui protège depuis les années 1930 le quotidien britannique The Guardian.

Le groupe Altice s'engage à "doter substantiellement ce Fonds de Dotation pour permettre à Libération de rembourser l'intégralité de ses dettes mais aussi de lui donner, progressivement, les moyens nécessaires au financement de son exploitation future et ainsi garantir son indépendance à long terme".

Libération "deviendra ainsi la propriété d'une structure non cessible et non capitaliste à but non lucratif".

Les dettes de Libération, qui n'est pas bénéficiaire contrairement à Mediapart, se situent entre 45 et 50 millions d'euros, de source interne.

Le chiffre d'affaires s'est toutefois stabilisé et les abonnements numériques ont été multipliés par six en deux ans. La diffusion a également progressé de 6% en 2019, à 71.466 exemplaires, selon l'ACPM.

Selon le Nouvel Obs, Laurent Joffrin, à la tête de la rédaction depuis 2014, devrait quitter ses fonctions à la fin de l'année mais conservera son poste d'éditorialiste ainsi que sa lettre quotidienne.

(avec AFP)