Coronavirus : Edouard Philippe et Olivier Véran auditionnés à l'Assemblée

1er avril 2020 à 5h50 par Arnaud Laurenti

Le Premier ministre Edouard Philippe et le ministre de la Santé Olivier Véran seront auditionnés mercredi à l'Assemblée nationale par la mission d'information sur la gestion de l'épidémie de coronavirus.

ALOUETTE
Crédit : Capture écran | Twitter

Une quarantaine de députés face au Premier ministre et son ministre de la Santé, et une avalanche de questions: coup d'envoi mercredi de la mission d'information sur le coronavirus, dans un format corseté avant sa transformation en commission d'enquête.

Questions sur la gestion de la crise

Le titulaire du perchoir Richard Ferrand (LREM) doit devenir président et rapporteur général de cette mission d'information, dont la réunion constitutive se tient à 16H30, avant sa première audition à 18H00... par visioconférence, épidémie oblige.

Edouard Philippe et Olivier Véran devront répondre aux interrogations des 31 membres de cette mission, issus de tous les bancs, auxquels s'ajoutent les présidents des huit groupes politiques dont Gilles Le Gendre (LREM), Damien Abad (LR), Jean-Luc Mélenchon (LFI) ou encore Valérie Rabault (socialistes et apparentés).

Manque de masques de protection, de tests, de moyens pour les hôpitaux, pénurie de médicaments, mais aussi ajustement des mesures économiques et sociales, et encore critiques en imprévoyance de l'exécutif seront au menu, en relais des interrogations des Français.

La mission aura rendez-vous chaque mercredi par visioconférence et pourra, outre des auditions, demander au gouvernement et à l'administration des informations complémentaires par écrit.

Pas le pouvoir d'une commission d'enquête

Ce n'est que dans un deuxième temps non encore fixé - au "retour à la normale" post-épidémie - que cette mission se dotera des pouvoirs d'une commission d'enquête, pour mener notamment des investigations sur pièces et sur place. Son rapporteur général sera alors issu du premier groupe d'opposition, soit LR: "cela coupe court à tout débat sur un verrouillage", affirme-t-on de source parlementaire LREM.

À ce stade, les députés ne doivent pas "se tromper", prévient un ministre: "c'est un exercice d'information, de transparence" qui est "légitime", mais ne doit pas verser dans l'"empêchement de la gestion de la crise" pour le gouvernement.

Patron des députés "marcheurs", Gilles Le Gendre plaide pour "union nationale" et "éthique collective".

Avec Richard Ferrand à la barre, "ça sera tenu", pronostique une source gouvernementale.

Les sénateurs LR prévoient également une telle commission d'enquête à la chambre haute, "quand le moment sera venu", selon leur chef de file Bruno Retailleau.

Pas de "querelle" en cette période

Majorité et oppositions de droite comme de gauche ont à coeur depuis le début de la crise sanitaire de continuer à "faire vivre la démocratie", en maintenant notamment les questions au gouvernement chaque mardi au Palais Bourbon, chaque mercredi au Palais du Luxembourg, en effectifs ultra réduits.

D'autant qu'en plein état d'urgence sanitaire, le Parlement a délégué une partie de ses prérogatives au gouvernement, tout en maintenant sa mission de contrôle.

Dès mi-mars, le président de l'Assemblée avait mis sur la table cette mission d'information "sur l'impact, la gestion et les conséquences" sur tous les plans du coronavirus, coupant l'herbe sous le pied des oppositions.

Et lorsque le chef de file des députés LR Damien Abad a ensuite annoncé son intention de créer à l'automne une commission d'enquête afin de "tirer toutes les leçons de l'épidémie", le député du Finistère a répondu que c'était à l'Assemblée de se saisir "de manière pluraliste" de "l'ensemble des dispositifs mis en oeuvre".

"Nous ne serons pas dans les querelles idéologiques mais dans les questions concrètes", assure à l'AFP Damien Abad, qui prévoit après le temps de la gestion de crise celui de la "relance économique" puis celui de "l'analyse politique".

Une autre commission ?

Pour leur part, les députés communistes continuent d'envisager de lancer leur propre commission d'enquête, jugeant le champ de la mission d'information trop "vaste" et n'étant "pas conquis" par l'initiative de la majorité.

Selon l'insoumise Mathilde Panot, Emmanuel "Macron doit comprendre que la cohésion nationale n'est pas un chèque en blanc". "L'opposition contribue à l'intérêt général par ses solidarités mais aussi par ses critiques", a tweeté mardi cette membre de la mission.

Alors que plusieurs plaintes quant à la gestion de la crise ont été déposées en justice, notamment de collectifs d'élus, le chef de l'Etat a, lui, qualifié mardi "d'irresponsables" ceux qui "cherchent déjà à faire des procès alors que nous n'avons pas gagné la guerre".

(avec AFP)