Finistère : le Tanio rejette encore du pétrole !

5 décembre 2019 à 20h12 par Denis Le Bars

Après la découverte d'oiseaux morts sur les plages du Nord-Finistère, des fuites d'hydrocarbure ont été découvertes sur l'épave du Tanio, par 80 mètres de fond, près de 40 ans après le naufrage de l'ancien pétrolier.

ALOUETTE
Crédit : Archives

A la demande des autorités maritimes, la Marine nationale a engagé des investigations sur la coque du pétrolier Tanio, située à 25 nautiques, soit environ 45 kilomètres au nord de l'Ile de Batz. Cette décision fait suite à la découverte d'oiseaux morts mazoutés, en novembre, sur des plages de Plougasnou et Saint-Jean-du-Doigt. Les premières analyses effectuées sur les traces d'hydrocarbure conduisaient à une forte présomption sur la nature de ce pétrole: ce dernier provenait probablement des cuves du Tanio. Ce pétrolier avait fait naufrage en mars 1980, provoquant l'une des premières grandes marées noires de l'histoire du littoral breton, deux ans après celle de l'Amoco Cadiz. 

Selon la préfecture maritime de l'Atlantique, cette opération menée ce mardi 3 décembre avait pour but de dresser un état des lieux de la coque et de rechercher d’éventuelles fuites d’hydrocarbure.

Des "fuites minimes et intermittentes"

La CEllule Plongée Humaine et Intervention Sous la MER (CEPHISMER) de la Marine nationale a utilisé Diomède, un sous-marin téléguidé. Deux plongées d’investigations ont permis d’observer "quelques minimes fuites intermittentes d’hydrocarbure". Au cours d’une troisième plongée, un échantillon d’hydrocarbure a été prélevé pour analyse par le CEDRE (Centre de Documentation de Recherche et d'Expérimentation sur les pollutions accidentelles des eaux).

Des trous vieux de 40 ans !

Au cours des opérations réalisées en 1980 sur la coque retournée du Tanio, une quinzaine d’orifices avait été percée et équipée de vannes pour permettre de pomper une partie de sa cargaison. Les fuites repérées proviennent de deux de ces orifices dont les vannes ont été arrachées.

La préfecture maritime étude la faisabilité d’une intervention ultérieure.

La surveillance renforcée du littoral et des approches maritimes du Finistère-Nord est maintenue, notamment via des observations satellitaires et aériennes régulières. Aucune pollution en mer, ni sur les plages, n’a été repérée.

Retour sur le 07 mars 1980

Le 7 mars 1980, au large des côtes Nord du Finistère, le pétrolier Tanio (pavillon Malgache), faisait route entre Wilhelmshaven (Allemagne) et Civitavecchia (Italie). Il se brise en deux à 25 nautiques (46 kilomètres) au nord de l'Ile de Batz. Un hélicoptère Super Frelon de la Marine nationale hélitreuille trente et un rescapés mais huit hommes d'équipage sont portés disparus.

Le Tanio transportait 28 600 tonnes de pétrole, dont environ 10 000 tonnes se déversent en mer, contaminant 200 kilomètres de littoral. La partie arrière du pétrolier, contenant 7 500 tonnes de pétrole, est remorquée jusqu’au Havre, tandis que la partie avant coule avec 10 000 autres tonnes, par environ 80 mètres de fond.

Des opérations sous-marines sont alors conduites pendant quinze mois par la COMEX pour récupérer environ 5 100 tonnes de pétrole et colmater les brèches. Les opérations sont rendues difficiles par les marées, les courants de fond et les tempêtes.