Lactalis: l'enquête sur le lait infantile contaminé transmise à un juge d'instruction

13 février 2019 à 13h47 par Rédaction Alouette

<p>Le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire contre X, estimant que les investigations devaient se poursuivre dans un cadre juridique plus adapté.</p>

ALOUETTE

Affaire Lactalis, acte 2: apr�s un peu plus de neuf mois d'enqu�te pr�liminaire, un juge d'instruction va poursuivre les investigations sur la contamination aux salmonelles de laits infantiles du groupe fran�ais, qui a touch� des dizaines de nourrissons fin 2017.

Des documents examin�s pendant plusieurs mois

Le p�le sant� publique du parquet de Paris a ouvert mardi une information judiciaire contre X pour "tromperie sur les qualit�s substantielles des marchandises", "blessures involontaires ayant entra�n� une incapacit� de travail inf�rieure ou �gale � trois mois" et "inex�cution par un exploitant du secteur alimentaire de proc�dures de retrait ou de rappel d'un produit pr�judiciable � la sant', a appris l'AFP de source judiciaire.

Le parquet de Paris a pris cette d�cision apr�s avoir termin� fin septembre l'analyse de plusieurs milliers de documents saisis mi-janvier lors de perquisitions sur quatre sites du g�ant fran�ais du lait, jugeant que les investigations devaient "se poursuivre dans un autre cadre juridique" plus adapt�, selon la source judiciaire.

Plusieurs dizaines de t�moins ont �t� entendus au cours de l'enqu�te pr�liminaire, a-t-elle pr�cis�.

Au total, 53 nourrissons identifi�s ont �t� atteints de salmonellose en France fin 2017 apr�s avoir consomm� un produit pour enfant, essentiellement de marque Milumel ou Picot, sorti de l'usine de Craon, situ�e en Mayenne.

Le processus de retrait a �t� chaotique et de nombreux dysfonctionnements ayant men� � la contamination ont �t� mis au jour.

Apr�s plusieurs semaines de crise, le groupe, r�put� pour sa culture du secret, avait retir� mi-janvier la totalit� de ses laits infantiles produits dans l'usine incrimin�e, dont la production a d� �tre suspendue pendant plus de six mois.

L'entreprise dirig�e par Emmanuel Besnier avait affirm� que la contamination s'expliquait par des "travaux r�alis�s courant 1er semestre 2017". Mais le site avait d�j� subi une contamination � la salmonelle en 2005. Et d�but f�vrier, l'Institut Pasteur a annonc� �tre arriv� � la conclusion que la bact�rie pr�sente � Craon avait subsist� entre 2005 et 2017.

 

Plus de 300 plaintes d�pos�es en France

Les salmonelloses sont des intoxications alimentaires allant de la gastroent�rite b�nigne � des infections plus graves. Toutefois, selon la source judiciaire, la bact�rie identifi�e � Craon, la salmonella agona, provoque des gastroent�rites peu graves, qui peuvent �tre � l'origine d'une d�shydratation mais n'entra�nent pas de s�quelles pour un individu en bonne sant�, m�me un nourrisson.

L'institut Pasteur a �tabli que sur les 53 enfants tomb�s malades qui ont �t� recens�s, 38 avaient �t� contamin�s de mani�re certaine par cette bact�rie. Reste � savoir si c'est aussi le cas pour les 15 autres, ce qui devra �tre d�termin� au cours de l'information judiciaire.

Au total, un peu plus de 300 plaintes ont �t� enregistr�es au p�le sant� publique, dont celles d�pos�es par quatre associations, selon la source judiciaire.

"C'est une premi�re victoire m�me si c'est que le d�but d'une nouvelle �tape, longue mais cruciale", a d�clar� � l'AFP Jade Dousselin, avocate de l'Association des familles de victimes du lait contamin� aux salmonelles (AFVLCS). 

"Nous allons demander au juge d'instruction d'�tre entendus rapidement, afin d'avoir acc�s aux �l�ments du dossier", a-t-elle poursuivi, indiquant qu'elle ferait des demandes d'actes au juge, notamment des expertises.  

"Toutes les victimes sans exception doivent �tre reconnues par la Justice, pour que plus jamais il n'y ait de dossier LACTALIS" ajoute Quentin Guillemain, le pr�sident de l'AFVLCS, dans un communiqu� diffus� mardi.

"Une bonne nouvelle" aussi pour l'ONG Foodwatch, qui dans un communiqu� a dit esp�rer que cela permettrait "de d�gager toutes les responsabilit�s des quatre grands acteurs" que sont Lactalis, la grande distribution, les autorit�s et les laboratoires.

"Un juge d'instruction aurait d� �tre saisi depuis longtemps", a pour sa part comment� Me Yassine Bouzrou. Il est l'avocat de parents d'un jeune gar�on ayant ing�r� du lait contamin�, qui avaient r�clam� d�s fin janvier la d�signation d'un juge d'instruction en d�posant une plainte avec constitution de partie civile, visant directement le groupe laitier, pour "administration de substances nuisibles ayant entra�n� une infirmit� permanente" sur mineur de moins de 15 ans.

Le groupe n'�tait pas en mesure de r�agir dans l'imm�diat.

 

(avec AFP)