Le Tour de France décalé à fin août ?

15 avril 2020 à 6h05 par Arnaud Laurenti

Le report du Tour de France, rendu inévitable par l'annonce d'Emmanuel Macron, pose un nouveau défi à un événement confronté pour la première fois à pareille situation. Les organisateurs (ASO) restent pour l'instant silencieux.

ALOUETTE
Crédit : Archives

Selon le journal Le Dauphiné, qui a publié l'information mardi en début de soirée, le Tour 2020 s'élancera le 29 août de la Promenade des Anglais à Nice. Il se terminera le 20 septembre sur les Champs-Elysées.

Changement de dates obligatoire

Le Tour suivra le parcours prévu au cours des trois semaines de course, précise le journal régional qui est concerné au premier chef en raison de sa situation au coeur du massif alpestre.

La société ASO (Amaury Sport Organisation), qui a l'habitude de contacter en priorité les élus des villes-étapes et territoires concernés, n'a pas confirmé mardi soir cette date.

Prévu initialement du 27 juin au 19 juillet, le Tour entre dans la zone temporelle des rassemblements interdits (jusqu'à mi-juillet) par l'annonce faite lundi soir par le président de la République. Les coureurs, qui doivent encore rester confinés, n'auraient de toute façon pas pu se préparer à temps pour un Grand départ fixé moins de deux mois (le délai fixé par le directeur du Tour Christian Prudhomme) après leur première sortie.

Passage en Nouvelle-Aquitaine en septembre

Si la date de départ du 29 août est confirmée, les coureurs devraient donc arriver en Poitou-Charentes courant septembre. Selon le parcours avec les nouvelles dates mis en ligne par Le Dauphiné, la 10ème étape entre l'Île-d'Oléron et l'Île-de-Ré se déroulerait le mardi 8 septembre ; le 9 septembre pour la 11ème étape entre Châtelaillon-Plage et Poitiers ; le 10 septembre entre Chauvigny et Sarran.

Le huis-clos inenvisageable

Interrogé sur le sujet mardi matin, Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a prononcé le mot "incertitude". "Il appartient aux organisateurs d'analyser leur capacité à organiser cela, à le reporter", a-t-il déclaré, renvoyant la balle à l'organisateur de l'épreuve.

La première hypothèse soulevée ici et là, un déplacement d'un mois dans le calendrier, présentait des inconvénients majeurs. Au premier chef, la proximité du feu vert donné par Emmanuel Macron aux rassemblements. Mais aussi la difficulté de placer une course de préparation telle que le Dauphiné avant le coup d'envoi du Tour ainsi que le problème posé par la capacité hôtelière limitée dans des endroits touristiques durant la première quinzaine d'août.

Le choix de décaler vers la fin de l'été tient compte de l'amélioration espérée de la situation sanitaire. Une condition sine qua non pour une épreuve qui est bien plus qu'une course cycliste, une fête indissociable du public au point que l'hypothèse du huis clos, une course sans spectateurs, s'est éteinte d'elle-même.

L'incertitude sur le sujet a amené chacun à s'exprimer d'autant que le Tour, sommet de la saison cycliste, est surtout indispensable à l'équilibre économique de son sport. "C'est très simple. Si le Tour n'a pas lieu, des équipes pourraient disparaître, des coureurs et des membres d'encadrement se retrouveraient sans travail", a résumé à l'AFP Marc Madiot, le manager de l'équipe Groupama-FDJ qui est aussi le président de la Ligue nationale de cyclisme.

Danger ou pas ?

Les coureurs sont les premiers convaincus. "J'espère évidemment que nous pourrons courir sur le Tour: pour moi, mon équipe, le sport et tous les fans", a réagi le vainqueur 2019, le Colombien Egan Bernal. "Evidemment, il y a des choses plus importantes à régler d'abord mais dès qu'il n'y aura plus de danger et que nous serons prêts à passer à autre chose, on adorerait que le Tour ait lieu", a déclaré son prédécesseur au palmarès, le Gallois Geraint Thomas.

"Dès qu'il n'y aura plus de danger" ? C'est bien le problème qui se pose pour un évènement qui attire chaque été 10 à 12 millions de spectateurs sur le bord des routes et génère le déplacement quotidien de quelque 4500 personnes. Même si des voix se sont fait entendre dans le milieu médical pour une tenue du Tour pendant l'été.

"Les gens qui restent sur le bord des routes pour voir passer les coureurs ne représentent pas un danger", a estimé le virologue belge Marc Van Ranst, samedi à la chaîne de télévision flamande Sporza. "En revanche, la distanciation sociale est plus problématique aux départs et aux arrivées d'étapes, dans les tentes VIP".

Pour l'urgentiste français Patrick Pelloux, qui s'est exprimé à Francetvsport, "il est envisageable que le Tour de France ait lieu". La signification de l'évènement ? "Cela serait un retour symbolique de la France."

(avec AFP)