Sénatoriales : la majorité de droite favorite, une percée verte attendue

27 septembre 2020 à 5h26 par Gabriel Macé

Les grands électeurs vont choisir dimanche 172 sénateurs, un renouvellement de la moitié de la chambre haute qui pourrait permettre la renaissance d'un groupe écologiste, mais ne devrait pas bouleverser les grands équilibres d'une assemblée dominée par la droite depuis 2014.

ALOUETTE
Crédit : Sénat

Pas de problème de participation pour ce scrutin singulier, au suffrage universel indirect : le vote est obligatoire, sous peine d'une amende de 100 euros, pour les quelque 87.000 grands électeurs appelés aux urnes, essentiellement des représentants des communes, mais aussi des départements et régions.

Le renouvellement par moitié du Sénat tous les trois ans se joue à l'échelle du département. Cette année sont concernés 172 sièges sur 348, soit les élus de 58 départements de métropole compris entre l'Ain et l'Indre, et entre le Bas-Rhin et le Territoire de Belfort, hors Ile-de-France. Outre-mer sont aussi renouvelés les sénateurs de la Guyane, et de 4 collectivités (Wallis et Futuna, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Polynésie française). 117 sortants se représentent.

Dans les départements à scrutin majoritaire (où sont élus un ou deux sénateurs), les grands électeurs votent en préfecture de 8H30 à 11H00 pour le premier tour, puis en cas de second tour de 15h30 à 17h30.

Dans les départements les plus peuplés, avec au moins trois sénateurs, la représentation proportionnelle s'applique, avec un scrutin ouvert de 8H30 à 17H30.

Aucun résultat ne pourra être publié avant la fermeture du dernier bureau de vote en métropole.

Chacun des sept groupes qui composent aujourd'hui le Sénat a fait ses projections, mais la prudence reste de mise.

Les chefs de file des deux grandes composantes de la majorité, Bruno Retailleau (Les Républicains) et Hervé Marseille (centriste) tablent sur le maintien de la configuration politique actuelle.

"C'est difficile d'en dire plus", selon M. Retailleau, qui devrait être réélu en Vendée. "Il faudrait savoir peser dans des toiles d'araignée des œufs de mouche".

LR a 75 sièges renouvelables sur 143 et les centristes 24 sur 51.

Profil bas pour LREM

Dimanche soir, "nous aurons une vision globale, mais pas le détail de la composition des groupes", prévient M. Marseille.

C'est toute la complexité du Sénat, où les étiquettes politiques passent parfois après les combinaisons de terrain. Exemple: dans l'Eure, le ministre LREM des Outre-mer Sébastien Lecornu devrait être élu sur une liste où figurent deux sénateurs LR sortants, Nicole Duranton et Ladislas Poniatowski, tandis que la liste menée par le centriste sortant Hervé Maurey a le soutien du président LR du Sénat Gérard Larcher.

À gauche, "les simulations laissent entendre que le groupe PS (2e du Sénat avec 71 sièges, dont 35 renouvelables, ndlr) restera au même niveau", indique son président Patrick Kanner.

La surprise annoncée devrait donc venir des écologistes. Avec 5 nouveaux élus, ce qui semble faisable sur le papier, qui s'ajouteraient à un "noyau" de cinq sénateurs déjà en place - les écologistes Esther Benbassa, Guillaume Gontard, Ronan Dantec, Joël Labbé et Sophie Taillé-Polian de Générations - le compte serait bon pour la création d'un groupe. Mais un peu "juste", reconnaît M. Dantec.

Contrairement à 2017, La République en marche, faiblement représentée au Sénat (23 sénateurs dont 10 renouvelables), fait profil bas. Le patron du groupe François Patriat est lui-même menacé en Côte-d'Or par la socialiste Colette Popard, proche du maire de Dijon François Rebsamen. Au palais du Luxembourg, LREM se fixe maintenant un objectif de recomposition à plus long terme, confie l'entourage de M. Lecornu.

Un autre ministre est en piste, Jean-Baptiste Lemoyne, dans l'Yonne.

Parmi les candidats, on compte aussi deux anciens ministres PS, Marie-Arlette Carlotti (Bouches-du-Rhône) et Jean-Jacques Urvoas (Finistère), ainsi que 9 députés.

Le groupe CRCE à majorité communiste n'a que 3 sénateurs renouvelables sur 16. Même avec le départ d'Esther Benbassa et Guillaume Gontard, il est assuré de son maintien.

Les comptes sont plus délicats pour le RDSE à majorité radicale (14 renouvelables sur 24), mais son président Jean-Claude Requier espère maintenir ce groupe "historique". Même espoir chez les Indépendants, créé en 2017, malgré 6 sièges renouvelables sur 13, dont celui de son président Claude Malhuret.

Quant au RN, il risque de perdre son seul sénateur, Stéphane Ravier.

(Avec AFP)