Thomas Voeckler : « J’étais le petit jeune français contre le grand méchant américain »

9 juillet 2019 à 16h00 par Thomas Seillier

À quelques jours du départ de la 106e édition du Tour de France, Thomas Voeckler nous a reçus chez lui à Mouilleron-le-Captif. Son rôle de consultant, sa relation avec Jean-René Bernaudeau, ses souvenirs et son avenir… le maillot jaune se raconte. Morceaux choisis.

ALOUETTE
Thomas Voeckler nous a reçus chez lui à Mouilleron-le-Captif.

Son rôle de consultant pour la deuxième année consécutive. « C’est un poste privilégié. Je n’ai pas encore totalement digéré ma fin de carrière, ça permet de rester dans l’action sur la moto, de rester dans le milieu cycliste. Tout change sauf la beauté du Tour. »

Sa passion pour le cyclisme. « Je suis né en Alsace puis mes parents sont partis travailler en Martinique, j’avais 6 six ans. J’ai commencé là-bas et la passion est venue naturellement. Puis à 17 ans j’ai  du faire un choix et quitter la Martinique pour progresser. J’ai débarqué en Vendée au CREF à la Roche-sur-Yon. Et j’ai été remarqué par les directeurs sportifs de l’équipe Vendée U en 1999. L’année suivante Jean-René crée l’équipe Bonjour et me prend dans l’équipe. Le début de la belle histoire. »

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Son premier Tour. « J’étais très fier mais je savais aussi la difficulté de la tâche qui m’attendait. C’était le centenaire du Tour en 2003 avec un départ sous la Tour Eiffel avec un prologue de six kilomètres. J’étais parti à fond (il sourit), au bout de deux kilomètres j’étais à la ramasse. C’était l’excitation »

Le Tour de France 2004 et son premier maillot jaune. « C’est un rêve de gosse. Sur le moment je ne m’en rendais pas forcément compte. Puis dès le soir à l’hôtel il y a plein de journalistes et le lendemain je ne peux pas faire dix mètres sans m’arrêter. Là je me dis qu’il se passe quelque-chose. »

Le début de sa popularité.  « J’étais le petit jeune français contre le grand méchant américain avec tous les moyens. J’étais convaincu que le combat était perdu d’avance mais il fallait être digne du maillot jaune. Toute mon équipe travaillait pour que je le conserve et j’ai du me battre en montage. C’était peut être une bouffée d’oxygène pour le public dans un contexte compliqué pour le vélo. »

Le Tour du France 2011 et son départ en Vendée. « Mon épouse accouche trois jours avant le départ du Tour, je quitte la maternité à 5h du matin pour rejoindre l’hôtel à Mouilleron-le-Captif à trois kilomètres de la maison. J’étais euphorique, ça ne pouvait que se passer bien en 2011. (Il porte dix jours le maillot sur cette édition) »

«  Sur la moto tout change sauf la beauté du Tour »

Meilleur grimpeur en 2011. « Ça m’aurait embêté de finir ma carrière sans le ramener à Paris. C’est un maillot qui me ressemblait plus que le maillot jaune. C’est taper dedans sans se soucier du lendemain (…) C’est un peu le maillot du panache. C’est une grosse fierté. »

Sa fidélité à Jean-René Bernaudeau.  « On a eu une relation professionnelle très profonde. Ça a toujours été mon employeur, j’ai toujours été son employé. Je n’ai jamais eu de bonne raison de quitter l’équipe. Ça parfois été compliqué avec des fins de saison sans sponsor et sans céder aux sirènes des autres équipes. On est encore plus proche depuis ma fin de carrière. » 

Sa nouvelle vie. « Aujourd’hui je n’ai pas de métier à l’année, j’occupe différents postes. Consultant, ambassadeur, relation avec les sponsors, intervenant en entreprise (à partir de septembre). Je suis en phase de digestion de ma première carrière. »

Demain à la tête d’une équipe ? « J’ai dans la tête de diriger une équipe cycliste à moyen terme. Tant que l’équipe de Jean-René existe, je ne me vois pas créer une équipe parallèle. Mais pourquoi pas dans quelques années prendre la suite de Jean-René. » Quelques jours après l'interview, Thomas Voeckler est nommé sélectionneur de l'équipe de France de cyclisme.

Retrouvez l’interview complète de Thomas Voeckler en podcast.