Vendée : APYSA produit des milliers de visières pour les soignants et les entreprises

20 mai 2020 à 13h32 par Arnaud Laurenti

500 000 visières par semaine : c'est ce que produit l'entreprise adaptée APYSA, basée à Mortagne-sur-Sèvre. La petite structure s'est complétement réorganisée afin de répondre à la demande, au point de devenir l'un des plus gros fournisseurs de France.

ALOUETTE
Crédit : APYSA

Tout est allé très vite, explique Pascal Audebert, le directeur général d'APYSA. L'entreprise adaptée du groupe Soltiss, spécialisée dans le packaging, emploie près d'une quarantaine de salariés dont de nombreuses personnes en situation de handicap. Avec l'épidémie de coronavirus, APYSA a complètement revu son modèle de production et réalise désormais près de 500 000 visières par semaine à destination des professionnels du milieu médical mais aussi des entreprises et de l'industrie.

Bond de l'activité

Le 17 mars dernier, l'entreprise est contrainte de se mettre à l'arrêt en raison du confinement. Une situation délicate qui pousse son directeur Pascal Audebert à trouver une solution pour rebondir. Ce dernier décide rapidement de réorienter APYSA dans la production de visières. Une initiative à laquelle plusieurs entreprises vendéennes et du Maine-et-Loire vont rapidement s'associer, dont Iriso, qui dispose de machines permettant de produire les serre-tête des visières.

En quelques semaines, la machine est lancée : d'une cadence de production d'environ 5000 visières par jour, l'entreprise est passée à 500 000 par semaine. Depuis le 1er avril, APYSA a produit près d'un million et demi de visières, selon son directeur, qui explique que sans la mobilisation de toutes les entreprises locales, rien n'aurait été possible.

Outre la relance de l'activité, Pascal Audebert souhaitait répondre à un besoin urgent des personnels médicaux et de tous les professionnels encore en activité (pharmacies, grande distribution, Ehpad, ...). La médiatisation de son initiative a rapidement entraîné la multiplication des commandes, au point qu'APYSA a recruté 6 employés en CDD et plusieurs intérimaires. L'entreprise compte désormais une cinquantaine de salariés. Entreprise engagée pour l'inclusion des travailleurs en situation de handicap, ces derniers sont toujours majoritaires au sein de la structure.

Des prix bas

La visière produite par APYSA est vendue 2,95 euros TTC. Un prix relativement faible que le directeur de l'entreprise souhaite maintenir. "Il n'est pas question de profiter de la situation : il y a une urgence sanitaire, il faut répondre à la demande", insiste-t-il, critiquant ceux qui revendent ses masques à des prix plus élevés dans leur commerce ou sur internet. Afin d'éviter la mise en place d'un "marché parallèle", APYSA a rapidement mis en ligne un site internet pour l'achat de visières. Ces dernières doivent être commandées par lots de 20 au minimum : "C'était surtout pour une question de logistique, la livraison à l'unité rendait la chose beaucoup trop compliquée", indique Pascal Audebert.

Interrogé sur une possible baisse de l'activité induite par le déconfinement, le chef d'entreprise répond : "Pas vraiment. C'est vrai que pendant le confinement, la priorité a été de fournir le personnel médical, les soignants, ou la grande distribution. Mais désormais, on a beaucoup de commandes de l'industrie". L'obligation de respecter les gestes barrières au sein des entreprises incite ces dernières à trouver des solutions et le port d'une visière est souvent plus adapté "qu'un masque qui doit être changé plusieurs fois par jour", explique Pascal Audebert.

Vers une pérennisation de l'activité

Mais quid de l'avenir ? Si l'entreprise connaît actuellement un volume de commandes impressionnant, la fin de l'épidémie pourrait impacter directement son activité. Le directeur d'APYSA n'est pas inquiet : la visière produite pas son entreprise est actuellement en cours d'homologation pour la norme EPI. Une norme qui permettrait de proposer la visière comme un élément de protection à de nombreux autres professionnels, pour des activités variées : jardiniers, ouvriers, coiffeurs, etc. Les applications sont vastes.

Si Pascal Audebert reconnaît avoir pris un risque au tout début de l'aventure, il affirme que son entreprise est depuis largement rentrée dans ses frais : APYSA a réalisé un mois de chiffre d'affaires en une semaine. Le matériel de production est soit prêté par d'autres entreprises, soit loué, ce qui réduit les risques liés à l'investissement.

Dans une démarche écologique, l'entreprise réalise une visière 100% recyclable. Les déchets générés pendant la production sont également recyclés par une entreprise locale.

"Rien n'aurait été possible sans la solidarité qui s'est mise place entre les entreprises. Tout s'est fait rapidement. C'est vraiment une force de notre région", conclut Pascal Audebert.