Pesticides et médicaments retrouvés sur le littoral : quelles conséquences ?

Publié : 16 octobre 2025 à 14h03 par
Tom Briot - Journaliste

Tom Briot vous informe chaque jour sur alouette.fr.

Selon une étude menée par l’Ifremer dans le cadre du projet "Emergent’Sea", des traces de pesticides et de médicaments ont été détectées dans l’eau de mer et dans les mollusques sur tout le littoral français, notamment sur l’île d’Ouessant, au large du Finistère.

Pesticides océan
Crédit : Envato | DR

Le projet Emergent’Sea, financé par l’Office français de la biodiversité (OFB) et mené par l’Ifremer et l’Université de Bordeaux (CNRS), a offert une étude inédite de la pollution chimique sur les côtes françaises.

Et les résultats sont sans appel : 77 % des substances recherchées ont été mesurées au moins une fois dans l’eau de mer, et 65 % dans les mollusques comme les huîtres et les moules.

"Tous les points échantillonnés présentent des contaminations", souligne Isabelle Amouroux, responsable de l’unité Contamination Chimique des Écosystèmes Marins (CCEM) à l’Ifremer.

Au total, plus de 11 000 analyses ont été réalisées entre 2021 et 2023. Certaines zones cumulent jusqu’à 28 substances détectées simultanément dans l’eau de mer.

 

Des traces de contamination en Bretagne

Sur l’île d’Ouessant, pourtant éloignée des estuaires et des grandes zones agricoles, les scientifiques ont mesuré jusqu’à 15 pesticides et deux substances pharmaceutiques dans les échantillons prélevés.

Mais alors comment ces résidus sont-ils arrivés jusqu’aux côtes bretonnes ? Les chercheurs évoquent plusieurs pistes :

Les courants marins, qui transportent les polluants sur de longues distances, les dépôts atmosphériques, issus de l’agriculture continentale ou de la combustion industrielle, ou encore les rejets des activités humaines locales (ports, peinture de coques, produits ménagers).

 

Des substances chimiques inquiétantes

Les substances les plus fréquentes sont à la fois familières et préoccupantes : des herbicides, comme le métolachlore et l’atrazine (interdite depuis 20 ans en Europe, mais toujours détectée), mais aussi des médicaments, dont le paracétamol. 

Dans les mollusques, les chercheurs ont aussi observé des résidus de peintures "antifouling", des produits utilisés pour éviter que les coquillages n’adhèrent aux coques de bateaux.

 

Quels risques pour la vie marine ?

Pour l’instant, difficile de savoir si ces concentrations représentent un danger immédiat. "Il nous faut maintenant définir des seuils d’effets pour pouvoir interpréter ces données", précise Isabelle Amouroux.

Car au-delà de la présence isolée de chaque produit, les scientifiques s’inquiètent surtout des "effets cocktails", lorsque plusieurs substances interagissent entre elles, parfois de manière imprévisible.

 

Avec AFP