Record battu, sécurité, accueil du public, dernière arrivée... le directeur de course du Vendée Globe dresse un premier bilan
Publié : 4 mars 2025 à 15h07 par Denis Le Bars et Joséphine Point
Alors que le Vendée Globe 2024-2025 vit probablement sa dernière semaine de compétition, Hubert Lemonnier, directeur de la course, s'est confié au micro d'Alouette.
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Avec l'arrivée de l'Angevin Fabrice Amedeo ce mardi 4 mars, et d'ici quelques jours du dernier skipper, le Belge Denis Van Weynbergh, qui ne figurera peut-être pas dans le classement final, la 10e édition du Vendée Globe vit ses derniers jours.
Cette édition aura été marquée par un départ en fanfare le 10 novembre dernier, la victoire de Charlie Dalin le 14 janvier, des records battus et le retour du public en grand nombre sur le chenal des Sables-d'Olonne, après une édition 2020-2021 confinée.
Au micro d'Alouette, le directeur de la course, Hubert Lemonnier, dresse un premier bilan.
Est-ce que, d’un point de vue sécuritaire, c’est un Vendée Globe qui s’est bien passé ?
Oui, on peut dire que c’est un Vendée Globe qui s’est très bien passé. On a eu notre lot d’avaries, comme toutes les courses autour du monde de ce niveau-là. Mais il n’y a pas eu, en tout cas, de naufrages ou de sauvetages.
Globalement, on a le sentiment que c’est le Vendée Globe qui a été le moins soumis aux difficultés. Vous confirmez ?
C’est effectivement ce qu’on pourrait voir si on avait une vision un petit peu légère des choses. En fait, ce n’est pas du tout le cas. Ce qui se passe, c’est le résultat d’une excellente préparation des skippers, des bateaux, de la compréhension météorologique, de la gestion des fronts par les skippers qui se sont beaucoup entraînés.
On s’est fait pas mal critiquer au départ quand il a fallu demander aux skippers de faire beaucoup de courses pour se qualifier et être présents parmi les 40 élus du Vendée Globe. Ce n’était pas vraiment évident. Et le résultat, c’est qu’on avait bien les 40 champions qui étaient là et ils l’ont prouvé sur leur gestion de la météo, sur la gestion des avaries et leurs capacités à surmonter les problèmes sur toute la course. Il ne faut surtout pas croire que c’est facile, c’est bien une course très difficile.
Un mot sur la rapidité dont les trois premiers notamment ont bouclé ce Vendée Globe. On peut dire que c’est exceptionnel ?
Oui, c’est exceptionnel. C’est une intensité qui a été mise, grâce notamment aux machines qui fonctionnent très bien. Ce cocktail-là, il est détonnant. On savait le potentiel, mais là on a bien prouvé que ce sont des machines et des skippers de très haut niveau.
On a battu des records sur ce Vendée Globe. Les skippers du milieu de tableau ont aussi fait des excellentes performances. Donc il y a une majorité de bateaux qui a progressé et dont les résultats sont bien meilleurs que ceux qu’il y avait eu en 2020 ou avant.
Le record précédent d’Armel Le Cléac’h n’est pas battu, il est pulvérisé. Et pas par un seul bateau…
Oui. Mais il ne faut pas enlever le record d’Armel de 2016, il est quand même énorme. Puisqu’il a bien tenu longtemps et il y a encore beaucoup de bateaux qui n’ont pas réussi à le battre. Mais il y a quand même plusieurs bateaux qui ont réussi à le faire (rires).
Pulvériser, c’est le bon mot car ils l’ont fait et ils ont mis dix jours de moins. C'est énorme. Les bateaux sont tous bien mieux préparés et la gestion des skippers de leurs bateaux encore meilleure.
Charlie Dalin, vainqueur du Vendée Globe, lors du passage de la ligne d'arrivée, le 14 janvier 2025. | Crédits : Vincent Curutchet | Alea
Pouvez-vous nous expliquer pourquoi le Belge Denis Van Weynbergh risque de ne pas être classé ?
Il y a une multitude de raisons. Tout d’abord, une gestion de sa course. Peut-être, éventuellement, des avaries. Mais, en fait, le temps de course qui a été décidé au maximum, c’est 116 jours. C’est le temps du dernier du Vendée Globe 2020, qui avait été très lent quand même. Et donc, il y a cette contrainte puisque c’est une course. Malheureusement, on ne peut pas non plus prendre six mois pour faire le Vendée Globe.
Dans sa gestion de course, Denis se retrouve avec des situations compliquées, à se retrouver à jouer avec la fermeture de la ligne d’arrivée. Si jamais il n’arrivait pas à rentrer avant le 7 mars à 8h, il serait hors course, donc non classé. Mais ça n’enlèvera certainement pas l’exploit, c’est admirable. C’est rempli de détermination ce qu’il a fait. Il aura un accueil digne de son courage et c’est sans doute ce qui lui importe le plus. Il sera toujours accueilli par le public et l’organisation jusqu’aux pontons du Vendée Globe, quelle que soit sa date d’arrivée.
Avez-vous été surpris par ce nouvel accueil du public à Port Olona, à l’occasion de cette nouvelle édition ?
Oui, j’ai bien été surpris. Parce qu’à chaque fois, on sait qu’il va y avoir du monde mais on ne s’imagine pas autant. Des fois, c’est la nuit. Des fois, c’est dans le froid. C’est bien la beauté de cette course qui est une aventure. C’est aussi pour ça que ça marche et que les skippers reviennent.
Les émotions le jour du départ et à l’arrivée, c’est incroyable. Même nous, ça nous donne des frissons à chaque fois qu’on voit les gens se déplacer et accueillir les skippers avec autant de ferveur et d’énergie. Je peux vous assurer que les skippers s’en souviennent.
Propos retranscris par Mikaël Le Gac