Transition alimentaire : la grande distribution "en progrès mais toujours en retard" selon une étude
Publié : 13 mai 2025 à 11h13 par Marie Piriou avec AFP
Les principales enseignes de la grande distribution "ne prennent pas encore ou très peu en considération les enjeux écologiques et de santé publique", et restent "en retard" malgré quelques "progrès", déplore une étude du Réseau Action Climat (RAC) publiée ce lundi 12 mai.
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L'ONG Réseau Action Climat (RAC) a compilé de nombreuses données issues de plus de 200 supermarchés pour classer les principaux distributeurs (Leclerc, Carrefour, Intermarché, Monoprix, Coopérative U, Auchan...) selon trois grands critères : la transparence, les engagements et la promotion d'une alimentation durable.
Résultat : "le monde de la grande distribution n'a pas tellement évolué", explique Benoît Granier, coordinateur général de l'étude du RAC, dont la première édition était parue en 2023.
La viande encore surreprésentée par rapport aux fruits et légumes
Le rapport déplore notamment que "la viande et les produits carnés ultra-transformés restent fortement surreprésentés au détriment des aliments végétaux de qualité" dans les rayons comme parmi les promotions.
"La proportion de plats préparés sans viande ni poisson se maintient à un niveau bien bas de 8%", soit le même niveau que dans l'étude de 2023, note par exemple le RAC, pour qui "la quasi-totalité des enseignes n'a pas encore traduit ses objectifs de transition alimentaire et écologique dans ses pratiques commerciales".
Des progrès chez Carrefour, Monoprix et Coopérative U
Toutefois, contrairement à 2023, trois enseignes dépassent la moyenne lorsque les trois grands critères sont agrégés : Carrefour (12,5/20), Monoprix (12/20) et Coopérative U (10/20), tandis que Leclerc et Aldi sont en queue de classement (respectivement 4,5/20 et 2/20).
Les progrès effectués par les trois enseignes qui arrivent en tête sont surtout le fruit d'un effort "sur la transparence", précise Benoît Granier.
"La grande distribution, de par son pouvoir sur l'amont des filières comme sur les consommateurs, a un rôle important à jouer" pour "l'accès" à une alimentation "saine" et "durable", insiste l'ONG dans son rapport.
Absence de "projet cohérent" des pouvoirs publics
Aujourd'hui "en retard" par rapport aux autres pays d'Europe, les distributeurs français manquent selon Benoît Granier de "projet cohérent" de la part des pouvoirs publics, nécessaires selon lui pour "rendre les changements possibles".
Le RAC, qui s'est entretenu avec de nombreux dirigeants de la plupart des grands distributeurs (sauf Leclerc et Aldi), en conclut que ces derniers "reconnaissent" le besoin de construire "collectivement" des "règles du jeu et des objectifs communs pour transformer le secteur agroalimentaire".